Impossible d’échapper au fameux # 10yearschallenge sur les réseaux sociaux. Le principe est simple: partager une photo de soi actuelle et une photo, toujours de soi, prise en 2009. Après les défis dangereux comme le Bird Box challenge qui consistait à se filmer en train d’effectuer une action les yeux bandés comme dans le film de Netflix, ou encore le Kiki challenge qui consistait, lui, à sortir de sa voiture (en mouvement) et à danser sur la chanson du rappeur Drake «In my feelings», le # 10yearschallenge semblait bien inoffensif.
Ce n’est pourtant pas l’avis de Kate O’Neil, journaliste pour le magazine Wired, qui a dénoncé dans un tweet les risques inhérents à ce défi. En effet, selon la journaliste spécialisée dans les nouvelles technologies, les intelligences artificielles pourraient collecter des données et ainsi améliorer les algorithmes de reconnaissance faciale, qui utilisent notamment des caractéristiques liées à l’âge.
En effet, développer un algorithme fiable est très complexe. Ce nouveau défi à la mode pourrait donc permettre à l’IA de faire du «deep learning», en lui fournissant deux photos différentes espacées de 10 ans avec des éléments de contexte, un lieu ou en encore la date exacte du cliché. La journaliste de Wired prend l’exemple d’une assurance qui serait susceptible d’utiliser le même algorithme que Facebook. Ainsi, elle pourrait se rendre compte que vous vieillissez plus vite que la normale et de fait intégrer cet élément pour adapter ses tarifs.
#10yearchallange #challengeaccepted♥️ pic.twitter.com/ABcuYNZe8e
— Jennifer Lopez (@JLo) 15 janvier 2019
Le #10yearschallenge pourrait-il être la future mine d’or de Facebook? Après de nombreux scandales comme Cambridge Analytica, qui grâce à un «quiz de personnalité» a permis de recueillir les données personnelles de 70 millions d’utilisateurs, le doute est permis.
Cependant, la multinationale de Mark Zuckerberg a balayé d’un revers de la main l’idée de profiter de cette occasion pour collecter des données. «C’est un mème généré par un utilisateur qui est devenu viral tout seul», a déclaré un porte-parole de Facebook. «Facebook n’est pas à l’origine de cette tendance, et le mème utilise des photos qui existent déjà sur Facebook. Facebook n’a rien à gagner de ce mème (si ce n’est de nous rappeler les tendances de mode douteuses de 2009). Pour rappel, les utilisateurs de Facebook peuvent choisir d’activer ou de désactiver la reconnaissance faciale à tout moment», a-t-il poursuivi.
Néanmoins, il est toujours bon de rappeler que Facebook utilise déjà ce type de base de données grâce aux métadonnées EXIF [ensemble de données relatives à une photographie, ndlr] des photos postées sur sa plateforme. Les jeux ou autres tests de personnalité proposés par Facebook servent à nous divertir, mais surtout à collecter des données. En effet, son modèle économique repose essentiellement sur le ciblage de ses utilisateurs à des fins publicitaires.
En définitive, dans l’univers du Big data, il n’y a rien de nouveau sous le soleil…