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Le 1er mai : pourquoi c’était une journée de licenciements ?

Crédit Photo : Rfi.fr

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Le 1er mai est traditionnellement l’occasion de rassemblements et de défilés populaires. Avant d’en arriver-là, le monde syndical a surmonté beaucoup d’embuches.  Petit retour historique sur les origines de cette célébration.

Vers la fin du 19e siècle, le monde de travail était sous le monopole patronal avec des conditions de travail particulièrement sévères et défavorables aux ouvriers à travers le monde. Aux États-Unis, en pleine révolution industrielle et une explosion de visées capitalistes, les travailleurs n’avaient pas de marge de manœuvre en termes d’heures de travail, de congés ou même de sécurité de travail.

Cependant, les mouvements syndicaux étaient tout aussi puissants et déterminés, malgré les répressions. Aux États-Unis, au cours d’un congrès de 1884, les syndicats américains se donnent deux ans pour imposer aux patrons une limitation de la journée de travail à huit heures.

1er mai, journée de licenciements


Les syndicalistes avaient planifié une grève générale pour le 1er 1886. À l’époque, le 1er mai était moving day aux USA. En effet, c’était un jour choisi par les entreprises de l’époque pour commencer leur année comptable. Par ailleurs, beaucoup de contrats de travail prenaient fin le premier mai et l’ouvrier était appelé à déménager (d’où le terme de moving day) pour retrouver du travail.

L’histoire rapporte que la grève générale lancée le 1er mai 1886 fut largement suivie, par environ 340 000 ouvriers aux USA. Ce qui encourage certains mouvements à prolonger cette action syndicale dans certaines entreprises jusqu’au 3 mai 1886, date à laquelle au cours d’une manifestation, trois (3) grévistes de l’usine McCormick meurent. L’événement maintient la tension et occasionne une nouvelle manifestation de protestation le 04 mai. Il faut dire que les mouvements étaient menés par une organisation syndicale qualifiée d’anarchiste.

Le 04 mai 1886 à Chicago, les manifestations étaient dispersées à Haymarket Square. Devant 200 manifestants face à des policiers, une bombe explose. Elle fait un mort dans les rangs de la police. Sept autres policiers sont tués dans la bagarre qui s’ensuit. À la suite de cet attentat, cinq syndicalistes anarchistes sont condamnés à mort (Albert Parsons, Adolph Fischer, George Engel, August Spies et Louis Lingg) ; quatre seront pendus le vendredi 11 novembre 1887 (connu depuis comme Black Friday ou « vendredi noir ») malgré l’inexistence de preuves, le dernier (Louis Lingg) s’étant suicidé dans sa cellule.

Ils seront tous innocentés et réhabilités en 1893 par le gouverneur de l’Illinois, qui confirma que c’était le chef de la police de Chicago qui avait tout organisé, et commandité l’attentat pour justifier la répression qui allait suivre.

Récupération en France
En 1889, en France, le monde du travail était encore régi par 10 heures de travail par jour. Mais une organisation appelée IIe Internationale, décide le 20 juillet 1889 de faire de chaque 1er mai une journée de manifestation avec pour objectif la réduction de la journée de travail à huit heures (Soit 48 heures hebdomadaires, le dimanche seul étant chômé. Le jour symbolique (1er mai) est choisi en référence aux événements du Haymarket Square de Chicago trois ans plus tôt.

Le 23 avril 1919, le sénat français ratifie la journée de huit heures et fait du 1er mai 1919 une journée chômée. La Russie abonde dans le même sens en 1920.

1er mai, pas férié aux USA
Mais aux USA où le mouvement est véritablement né, le 1er mai n’est pas célébré à l’image qu’il inspire. C’est plutôt le premier lundi du mois de septembre, qui est désigné et validé par le président en 1894, qui sera ce qu’on appelle jusqu’à nos jours, le Labour Day, avec les mêmes privilèges et célébrations que le premier mai.

Ainsi, le 1er mai n’est particulièrement pas férié aux États-Unis et au Canada, ainsi que dans plusieurs autres pays d’Afrique et du monde, puisqu’un autre jour est choisi pour célébrer les travailleurs.