La Banque Africaine de Développement (BAD) vient d’approuver un financement conséquent destiné au Bénin : le montant s’élève à 117 millions d’euros, soit environ 76 milliards de francs CFA.
Ces fonds serviront à mettre en œuvre le Programme d’Appui au Développement Economique des Collectivités Territoriales, connu sous l’acronyme PADECT.
Une enveloppe qui doit transformer les 77 communes du pays en pôles attractifs pour l’investissement privé et l’emploi, sur une période s’étalant de 2026 à 2031.
Ce financement se divise en deux prêts distincts. En effet, la BAD elle-même injecte 110 millions d’euros dans le programme. Le Fonds Africain de Développement, guichet concessionnel du Groupe, complète l’enveloppe avec 7 millions d’euros supplémentaires. Cette structure permet au Bénin d’accéder à des conditions de financement adaptées à sa situation économique, avec des taux préférentiels sur une partie du prêt.
Robert Masumbuko, responsable du bureau pays de la BAD au Bénin, a salué cette opération lors de l’annonce officielle. « Ce projet est le tout premier financement sous-national de la BAD au Bénin. Nous félicitons les autorités nationales pour cette belle innovation », a-t-il déclaré.
De fait, le PADECT rompt avec les financements traditionnels qui transitent uniquement par l’administration centrale. Désormais, les communes bénéficieront directement de ressources pour financer leurs plans annuels d’investissement.
Le programme renforce par ailleurs les capacités des collectivités territoriales à gérer leurs projets de développement. Bref, il s’agit d’une décentralisation financière qui responsabilise les autorités locales. En parallèle, le PADECT facilitera l’accès au crédit pour les petites et moyennes entreprises béninoises. L’Agence de Développement des PME et le Fonds d’investissement et de garantie des PME serviront d’intermédiaires pour canaliser ces ressources vers le tissu économique local.
Ammar Kessab, chef de programme principal à la BAD, a souligné la philosophie qui sous-tend ce financement. « Ce programme marque une montée en gamme stratégique du soutien de la BAD au Bénin en passant d’une logique de financement d’activité, à une logique de financement axé sur la performance », a-t-il expliqué. Cette approche conditionne le décaissement des fonds aux résultats concrets obtenus sur le terrain. Les communes devront ainsi atteindre des objectifs mesurables pour continuer à percevoir les tranches prévues.
Ainsi, le PADECT s’inscrit dans une dynamique plus large de réformes économiques menées par Cotonou. Le pays a enregistré une croissance de 7,5 % en 2024, se classant parmi les trois économies les plus dynamiques d’Afrique selon le rapport pays 2025 de la BAD. Cette performance s’explique notamment par les investissements dans les infrastructures, les services portuaires et la transformation industrielle. Enfin, le déficit budgétaire a été ramené à 3 % du PIB en 2024, respectant ainsi les critères de convergence de l’Union économique et monétaire ouest-africaine.
Le financement de la BAD vient compléter les efforts du gouvernement béninois pour diversifier ses sources de financement. En janvier 2025, le pays avait levé un milliard de dollars sur les marchés internationaux à travers une émission obligataire et un crédit bancaire avec Deutsche Bank.
Ces opérations témoignent de la confiance des investisseurs internationaux envers la gestion économique du Bénin. Toutefois, la multiplication des emprunts impose une vigilance accrue sur la soutenabilité de la dette publique, même si le pays conserve un risque de surendettement qualifié de modéré par les institutions financières internationales.
