En saison hivernale, voire jusqu’au début du printemps, une question se pose souvent alors que le virus du COVID-19 circule toujours activement : peut-on être victime d’une co-infection avec la grippe, virus dont l’épidémie survient chaque année généralement entre les mois de novembre et avril en France ? Une question d’autant plus importante que les deux infections évoluent vers des formes graves chez certaines populations.
La réponse est oui, comme l’estimait déjà l’OMS en septembre 2021 : « il est possible d’attraper les deux maladies en même temps ». Sachant par ailleurs qu’il n’existe pas de données scientifiques à ce jour qui indiqueraient que le vaccin contre la grippe pourrait protéger contre une infection à Covid-19 et inversement. Fort de ce constat, des chercheurs de l’Imperial College London ont souhaité savoir à quel danger s’exposaient les patients qui souffrent de cette co-infection, dans le cas d’une hospitalisation.
Leur étude publiée dans The Lancet et basée sur les données de 305 000 patients hospitalisés pour un COVID-19 confirme bien que des patients infectés par le SARS-CoV-2 (virus qui cause le COVID-19) et la grippe en même temps étaient plus de quatre fois plus susceptibles de nécessiter une assistance respiratoire et 2,4 fois plus susceptibles de mourir par rapport à ceux qui étaient uniquement hospitalisés en raison d’une infection COVID-19.

Les chercheurs estiment que leurs résultats « montrent la nécessité d’un plus grand dépistage de la grippe chez les patients COVID-19 à l’hôpital et soulignent l’importance d’une vaccination complète contre le COVID-19 et la grippe. » L’équipe a examiné des données de patients adultes hospitalisés en raison d’une infection COVID-19 entre le 6 février 2020 et le 8 décembre 2021, dont 6 965 patients ont aussi bénéficié d’un test de co-infections virales respiratoires.
« Nous nous attendons à ce que le COVID-19 circule avec la grippe »
Il s’avère que parmi ces patients, 227 d’entre eux avaient également le virus de la grippe, et ont connu des résultats beaucoup plus graves. « Au cours des deux dernières années, nous avons fréquemment vu des patients atteints de COVID-19 tomber gravement malades, entraînant parfois une admission aux soins intensifs et l’emploi d’un ventilateur artificiel pour les aider à respirer.
On savait déjà qu’une infection grippale pouvait donner lieu à une situation similaire, mais on en savait moins sur les résultats d’une double infection par le SARS-CoV-2 et d’autres virus respiratoires. », explique Le Dr Maaike Swets.
L’équipe scientifique a ainsi constaté que la combinaison du COVID-19 et des virus de la grippe (il existe 3 types de virus influenza infectant l’homme : A, B et C) est particulièrement dangereuse, et appelle donc les pays à ne pas trop réduire le recours aux mesures de distanciation sociale.
De fait, selon les chercheurs, « nous nous attendons à ce que le COVID-19 circule avec la grippe, augmentant le risque de co-infections. C’est pourquoi nous devrions changer notre stratégie de test pour les patients COVID-19 à l’hôpital et tester la grippe beaucoup plus largement. » Une recommandation d’autant plus importante que, outre la levée de la plupart des restrictions sanitaires, vient s’ajouter une possible « dette immunitaire » au sein de la population, liée à la réduction des infections lors de la pandémie, alors que les virus de l’hiver sont chaque année à l’origine d’épidémies de grippe, de gastro-entérite et de bronchiolite. Tout comme le SARS-CoV-2, ces derniers se transmettent notamment via les gouttelettes chargées de virus émises lors de toux, d’éternuements ou par les postillons et la salive de personnes infectées.
« Être infecté par plus d’un virus n’est pas très courant, mais il est important de savoir que des co-infections se produisent. Les vaccins qui protègent contre le COVID-19 et la grippe sont différents, et les gens ont besoin des deux. La façon dont ces deux infections sont traitées est également différente, il est donc important de tester d’autres virus. », concluent les chercheurs.
Une recommandation d’ailleurs émise en France par la Haute Autorité de Santé (HAS). À noter qu’avoir eu le Covid-19 n’est pas une contre-indication à la vaccination antigrippale si au moment de la vaccination la personne ne présente pas de symptômes ni de fièvre. Concernant les deux virus, le ministère de la Santé affirme à ce sujet dans sa foire aux questions qu’il « s’agit de deux familles de virus différents qui touchent des populations à risques similaires ».
En France, la Haute Autorité de Santé avait aussi recommandé, pour éviter tout retard à la vaccination antigrippale, de proposer l’administration simultanée des vaccins contre le Covid-19 et contre la grippe saisonnière dès lors qu’une personne est éligible aux deux vaccinations.
Quant à savoir de quelle maladie il s’agit, les symptômes étant très similaires (fièvre, toux, difficultés respiratoires, douleurs musculaires étant les plus communes), l’OMS recommande de « s’isoler des autres pour limiter le risque de propagation de l’infection, en particulier aux personnes vulnérables, et subir un test de dépistage pour la COVID-19 le plus tôt possible. » Pour les malades légers, l’Inserm leur propose de participer à la surveillance de la grippe et du COVID-19 grâce au projet de recherche GrippeNet.fr/COVIDnet.fr financé par l’agence Santé Publique France.