Le Maroc et la Russie montrent à deux une ambition grandissante

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Crédits photo : l'obesrvateur du Maroc

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À Moscou, lors de la huitième session de la Commission mixte intergouvernementale, le Maroc et la Russie ont multiplié les signaux d’un partenariat en mutation.

Nasser Bourita, ministre marocain des Affaires étrangères, et le vice-premier ministre russe Dmitry Patrushev ont ouvert des perspectives inédites sur le continent africain. Bref, Rabat ne cache plus ses intentions.

Les relations sino-américaines, les tensions au Moyen-Orient, les crises africaines : Moscou et Rabat convergent désormais sur ces enjeux mondiaux. L’accord commercial illustre cette réalité.

Le Maroc figure parmi les clients de choix de la Russie. Les exportations russes vers le royaume ont connu une accélération remarquable. L’année 2024 plaçait Rabat au deuxième rang des importateurs de céréales et légumineuses russes, avec un volume dépassant les 766 000 tonnes, progression spectaculaire comparée aux 209 000 tonnes de l’année antérieure. Le commerce redessinait déjà les liens entre les deux gouvernements.

Cette dynamique commerciale n’épuise pas les ambitions. Bourita et Lavrov ont signé un Mémorandum d’entente prévoyant la création d’un Comité de travail russo-marocain, mécanisme chargé d’évaluer les progrès et de proposer des pistes nouvelles dans l’énergie, l’agriculture, la culture et la sécurité. L’architecture diplomatique se consolide. Un dialogue politique régulier se structure. Rabat et Moscou s’installent dans la durée.

Sur le littoral atlantique, l’action devient plus tangible. Le vendredi 17 octobre, Nasser Bourita et Ilya Shestakov, chef de l’agence fédérale des pêches russe, ont signé un accord remplaçant celui arrivé à terme le 31 décembre 2024. Ce texte s’étend sur quatre années.

Il délimite les zones de pêche, fixe les quotas annuels et préserve les périodes de repos biologique. Les navires russes opèrent désormais selon des conditions actualisées dans les eaux atlantiques du royaume, responsabilité partagée autour de la protection marine. L’accord intègre un volet formation maritime, avec bourses d’études pour cadres marocains en établissements russes spécialisés.

L’économie régionale regagne du terrain. Les ports du sud bénéficient de ces accords directs : emploi des marins marocains sur navires russes, développement des activités annexes, consolidation des dynamiques locales. Rabat mesure chaque retombée. Cette coopération halieutique croise les préoccupations environnementales du royaume. Lutte contre la pêche illégale, surveillance écosystémique, coordination scientifique entre instituts marocains et russes : la gestion des ressources devient collaborative.

Au-delà des secteurs productifs, la géopolitique s’invite. La Russie salue la position équilibrée du Maroc sur les sanctions occidentales et l’absence de participation marocaine aux votes de l’ONU condamnant l’« opération spéciale » en Ukraine. Rabat préserve sa marge de manœuvre, maintient les portes ouvertes à tous. C’est une stratégie éprouvée, efficace, qui sert ses intérêts africains et internationaux.

Les deux États se reconnaissent des trajectoires parallèles. Mohammed VI et Vladimir Poutine entretiennent des liens fondés sur l’estime, rappelait-on à Moscou. Ce Partenariat Stratégique Approfondi, signé en 2016, franchit désormais sa deuxième décennie. Moscou y voit un atout majeur sur le continent noir. Rabat s’affirme comme un interlocuteur incontournable pour la Russie en Afrique de l’Ouest.

La Commission mixte coprésidée par Bourita et Patrushev traduit une volonté commune. Exploiter les potentialités, élever la coopération vers des horizons plus amples, disait le ministre marocain devant l’assemblée moscovite.

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