À chaque allocution, Donald Trump loue désormais les mérites de la chloroquine (un don du ciel, a-t-il clamé, lors de son point presse quotidien). Son avis ne fait pas l’unanimité, puisque certains experts médicaux un peu plus sceptiques se permettent d’avoir des réserves par rapport à ce médicament. Alors la question se pose la question de savoir l’intérêt réel du président américain.
Porteur d’espoir, cet antipaludéen pourrait selon Donald Trump “vraiment changer la donne” dans la lutte contre le coronavirus s’il est utilisé pour traiter les personnes atteintes du Covid-19. Des propos partagés par une partie de la communauté scientifique, mais qui ne tiennent pas compte de l’Organisation mondiale de la santé, qui appelle à la prudence en raison du faible nombre de patients ayant eu recours à ce traitement, et qui s’expriment au détriment de la cohérence dans son propre gouvernement.
Le conseiller de Donald Trump pour le commerce, Peter Navarro, a d’ailleurs reconnu ce lundi des dissensions au sein de la cellule de crise de la Maison blanche contre la pandémie de COVID-19 au sujet de l’efficacité de l’hydroxychloroquine comme traitement. Aussi, alors que des conseillers sûrs comme le Dr Anthony S.Fauci, directeur de l’Institut national des allergies et maladies infectieuses et principal conseiller sanitaire de l’administration Trump, se révèle pour le moins sceptique sur cette molécule, le discours très affirmatif et très offensif du président des Etats-Unis éveille des soupçons bien légitimes voire des visées souterraines.
Tel un coup de pied dans la fourmilière, un article paru ce mardi dans le New York Times apporte quelques éclaircissements sur ces envolées pleines de lyrisme et… soutient que le président américain est en réalité lié aux laboratoires pharmaceutiques produisant des médicaments à base d’hydroxychloroquine : “si l’hydroxychloroquine devient un traitement accepté, plusieurs sociétés pharmaceutiques devraient en profiter, notamment des actionnaires et des cadres supérieurs ayant des liens avec le président” écrit le journal. D’autant plus que “Donald Trump lui-même a un petit intérêt financier personnel dans Sanofi, le fabricant de médicaments français qui fabrique le Plaquenil.“
De plus, toujours selon l’article du New York Times, des associés de Donald Trump figurent en pôle position parmi les principaux actionnaires de Sanofi à l’instar de Ken Fisher, gros donateur des Républicains et de Trump, à la tête de la Fisher Asset Management, un fonds de placement. Autre exemple cité : dans l’actionnariat de Sanofi et de Mylan figure le fonds Invesco, anciennement géré par Wilbur Ross, l’actuel secrétaire au Commerce de Trump, qui a affirmé ce lundi ne pas avoir eu connaissance des investissements de son fonds. Par ailleurs, depuis l’année dernière, Donald Trump a signalé que ses trois fiducies familiales avaient chacune des investissements chez Dodge & Cox, une société américaine de fonds communs de placement dont la plus grande participation était dans Sanofi.
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Ainsi, plusieurs fabricants de médicaments génériques se préparent à produire des pilules d’hydroxychloroquine, y compris Amneal Pharmaceuticals, dont le co-fondateur Chirag Patel est membre du Trump National Golf Course Bedminster dans le New Jersey et, précise l’article, “aurait joué avec Donald Trump au moins deux fois depuis qu’il est devenu président”.