Si on ne demande jamais aux hommes s’ils sont mariés ou non, deux formules sont possibles pour la femme, « Madame » ou « Mademoiselle » selon son statut marital. Une bataille pour lutter contre cette formule sexiste avait été menée à l’époque par les associations féministes « Osez le féminisme » et « Les Chiennes de garde ». Dès le 21 février 2012, plus d’abréviations « Mlle » sur les formulaires administratifs.
« Ça a été relativement suivi, pas immédiatement, mais dans les mois, dans l’année. La SNCF s’y était mis pour la réservation de billets. Et petit à petit, c’est plus devenu un sujet », raconte Julie Muret est ancienne porte-parole de « Osez le féminisme » au micro d’Europe 1.
Une manière d’inférioriser les femmes
Un petit détail pour certains, ce changement est pourtant très symbolique et révélateur des inégalités de sexe. « Ouverture de compte en banque : impossible de se dire « Madame » si on est célibataire », ironisait Christine sur le site Vie de meuf, qui recense toutes sortes de clichés sexistes vécus au quotidien. En imposant cette nomination, on impose une identité en fonction, soit de l’âge soit du statut matrimonial.
« Mademoiselle a une connotation condescendante. Implicitement, on vous dit que vous n’êtes pas finie tant que vous n’êtes pas mariée. Cela oblige la femme à exposer une situation personnelle et familiale », raconte Julie Muret, d’Osez le féminisme ! à 20 minutes à l’époque.
Une habitude de langage toujours ancré
Même si cette nomination est moins importante que d’autres combats dans la lutte pour l’égalité des sexes, « le langage reflète la réalité du monde », explique Brigitte Grésy, militante pour la féminisation des noms de métiers. Le « Mademoiselle » n’a d’ailleurs aucune valeur légale, c’est plus une habitude d’usage.
Sauf qu’aujourd’hui, 10 ans après, il est toujours utilisé, dans les documents de la banque ou du notaire dans le meilleur des cas. Dans la bouche des dragueurs dans la rue ou les transports en commun dans le pire des cas…
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Et dans les autres pays ?
Bonne nouvelle, le terme « Mademoiselle » régresse un peu partout dans le monde. Parmi les premiers pays européens, on retrouve l’Allemagne qui l’a interdit en 1972, la Suisse dès 1973 et le Québec en 1976. Même si en Allemagne, le « Fräulein » regagne du terrain dans la bouche des habitants attachés aux traditions.
Aux États-Unis, le « miss » perd de sa popularité depuis les années 1970 sauf chez les mineures ou les célibataires. Il est remplacé par « Ms » (prononcez « miz »). En Espagne, en Italie ou au Portugal pas question d’utiliser le terme, seule « Madame » fait office de titre féminin.
Dans certains pays, comme la Suède ou la Norvège, la question ne se pose même pas puisque les titres de civilité n’existent pas.