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Législatives en France : Zoom sur l’Ivoirienne Rachel Kéké, 1ère femme de chambre élue à l’assemblée nationale

Crédit photo : Fraternité Matin

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Rachel Kéké, “c’est ce que j’appelle une leader de masse”, dit d’elle le député LFI Éric Coquerel. A 47 ans et forte d’un parcours rempli d’épreuves, la Franco-Ivoirienne vient d’entrer un peu plus dans l’histoire.

Ce dimanche 19 juin, elle a été élue député à l’assemblée nationale en s’imposant sous l’étiquette de la Nupes dans la 7e circonscription du Val-de-Marne face à l’ancienne ministre des Sports Roxana Maracineanu.

Zoom sur Rachel Kéké

Naturalisée française en 2015, Rachel Kéké née en 1974 dans la commune d’Abobo, au nord d’Abidjan, d’une mère vendeuse de vêtements et d’un père conducteur d’autobus s’est retrouvée en charge de ses frères et sœurs à 12 ans, suite au décès de sa mère. Elle arrive en France en 2000 et commence à travailler comme coiffeuse avant d’entrer dans l’hôtellerie.

“Elle a quelque chose qui magnétise, elle est forte, elle a les mots justes, elle n’a pas besoin de lire” lors de ses prises de parole, déroule Éric Coquerel au sujet de celle qui portait bravement les revendications de ses collègues lors des 22 mois de grève des femmes de chambre de l’hôtel Ibis Batignolles à Paris.

Entre 2019 et 2021, cette militante CGT s’est mobilisée pour améliorer les salaires et les conditions de travail des femmes de ménage face au « mépris » de la direction.

Femme de chambre, “ce métier détruit le corps”

« C’est une vraie combattante, quand on l’a rencontrée dans le cadre de cette grève elle s’est très vite affirmée comme représentante de ses collègues », explique Claude Lévy, représentant de la CGT-HPE (Hôtels de prestige et économiques), ne tarissant pas d’éloges sur cette « autodidacte de la lutte ».

Rachel Kéké a continué de travailler pendant le début de sa campagne à l’hôtel avant de prendre un congé pour se consacrer pleinement aux législatives. Femme de chambre, un métier pas facile.

« C’est un métier qui détruit le corps. Il y a des syndromes du canal carpien, des tendinites, des maux de dos… », détaille-t-elle à l’AFP, se souvenant encore de cette sensation, « comme si on [lui] avait donné des coups partout », après son premier jour en tant que femme de ménage, en 2003. « Mais je me suis dit qu’il fallait que je prenne mon courage à deux mains, pour mes enfants », se rappelle-t-elle.

“Je dis ce que je ressens”

La nouvelle député a pris de vitesse ses détracteurs sur d’éventuelles attaques sur son manque de formation. « Si tu me parles avec le français de Sciences Po, je vais te répondre en banlieusard ! », a-t-elle mis en garde. « On connaît le niveau d’une femme de chambre, on sait que je n’ai pas de Bac + 5 », expliquait-elle. « Je dis ce que je ressens. Si on me pose une question sur quelque chose que je ne comprends pas, je ne répondrai pas. Il faut que les médias s’habituent à ça ».

« Elle a tout à apprendre d’un point de vue de la politique politicienne », détaille Hadi Issahnane, conseiller municipal LFI de Chevilly-Larue, mais « elle peut enseigner plein de choses de la vie réelle à plein de politiques ». Co-chef de file de cette circonscription, c’est lui qui a proposé à Rachel Kéké d’être candidate aux législatives. « On est pas loin d’une icône, au sens littéral, de notre combat politique. Elle incarne ça de manière naturelle ».

Avec Sud Ouest