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Les Instituts Confucius : instruments de raffermissement des liens entre les peuples

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Docteur Tchassim Marcelle Koutchoukalo
Docteur Tchassim Marcelle Koutchoukalo

L’Afrique compte à ce jour 46 Instituts Confucius. Le Togo a ouvert officiellement le sien le 30 octobre 2009. Fruit de la coopération entre l’Université de Lomé (UL) et l’Université de Sisu (Université des Etudes Internationales de Sichuan) d’une part, et avec le HANBAN (Bureau National de Chine pour la promotion du chinois dans le monde), d’autre part.

En l’espace de six années, l’Institut Confucius de Lomé a formé plus de 1500 apprenants issus de différentes couches socioprofessionnelles.

A sa tête, Docteur Tchassim Marcelle Koutchoukalo, Maître de Conférences en Littératures africaines à l’UL. Elle est l’invitée du deuxième numéro de notre dossier consacré à la Chine.

L’objectif des ‘soft power’ chinois

Comme pour les autres établissements implantés depuis 2004 par l’Empire du milieu dans plusieurs villes du monde, celui de Lomé ne déroge pas à l’objectif premier qu’est la promotion de la culture et de la langue chinoises.

« Mais derrière cet objectif se cachent l’ouverture de la Chine au reste du monde, le désir de pouvoir échanger avec les autres, de se faire découvrir par les autres (…) et la quête d’une hégémonie linguistique comme l’avaient fait les colonisateurs, vu le nombre d’Instituts qui accroît chaque année », souligne la Directrice.

Un désir d’ouverture amorcé, il y a une quarantaine d’années déjà par la désormais première puissance mondiale selon le groupe de la Banque mondiale.

La formation à l’Institut Confucius

La formation à l’Institut, même si l’on ne parle pas pour l’instant de parcours, est dispensée en fonction de la disponibilité de l’étudiant selon le calendrier de l’établissement.

« Il peut suivre la formation jusqu’à six semestres et disposer d’attestations semestrielles. La formation se structure en cours du jour et du soir », explique Dr Tchassim ; avant d’ajouter plus loin, « nous envisageons, à partir de la rentrée universitaire 2016-2017, permettre aux étudiants de l’université d’intégrer l’apprentissage du chinois dans leur parcours en tant qu’unité d’enseignement (UE) libre. »

Preuve qu’il ne s’agit plus d’attendre que les étudiants viennent se faire former, mais leur proposer déjà des b-a-ba de cette civilisation en complément à leur formation académique initiale.

Les avantages de la formation à l’Institut Confucius

Les atouts d’une formation en langue et culture chinoises vont des opportunités professionnelles à celles formatives, comme l’explique Dr Tchassim.

« Dans le monde économique, cette formation offre aux étudiants les opportunités de pouvoir travailler dans les entreprises et sociétés chinoises au Togo et en Afrique (…) Même l’ambassade de Chine au Togo, a embauché un ancien apprenant de l’Institut. »

« Ce qui fait le plus plaisir, c’est de savoir que l’Institut a contribué à l’amélioration des conditions de vie de certains de ses apprenants et de leur famille avec le salaire qu’ils gagnent à travers les différents métiers qu’ils exercent grâce à la langue chinoise. »

La seconde possibilité est « le voyage d’immersion en terre chinoise offert aux meilleurs apprenants à l’issue du concours sur la connaissance de la langue chinoise dénommé HSK qui se déroule chaque année.»

Enfin, « après négociation avec l’ambassade de Chine, celle-ci nous a donné son accord pour que les apprenants de l’Institut puissent, tout comme les étudiants des départements de l’Université de Lomé, postuler aux bourses d’études étatiques que le gouvernement chinois alloue chaque année dans le cadre de la coopération sino-togolaise, aux étudiants des établissements publics d’enseignement supérieur. Il est dit que pour l’année 2016-2017, les dossiers des apprenants de l’Institut seront prioritaires et nous espérons que ce principe sera respecté lors de l’étude des dossiers. »

Les raisons de l’attention particulière du Gouvernement chinois à l’IC de Lomé

La communauté universitaire avait été impressionnée en fin de l’année dernière à la découverte de l’imposant bâtiment devant abriter les nouveaux locaux de l’Institut Confucius de Lomé. Financé à hauteur de 1,3 milliard de francs CFA par le Gouvernement chinois, il a été inauguré le 30 septembre dernier par l’Ambassadeur de Chine au Togo, S.E.M. Liu Yuxi.

Un bâtiment qui redonnait un coup de jeune au plus vieux temple du savoir togolais.

« Cette attention particulière va de l’image de la Chine. Mais nous disons également que pour aboutir à cette attention, il a fallu que nous manifestions notre bonne volonté à accompagner et soutenir l’initiative du Gouvernement chinois », explique la Directrice.

« Le nouveau local érigé a été le fruit de moult négociations. Pendant six ans, l’Institut a été logé dans un bâtiment exigu et tout était à l’étroit (…) Nous avons entamé les négociations avec notre Université partenaire en Chine (Université de Sisu) chargée de transmettre nos doléances au gouvernement chinois. Les négociations ont abouti et nous nous en réjouissions », ajoute-t-elle.

La présence de la Chine en Afrique : à qui profite-t-elle ?

La présence des Instituts Confucius en Afrique et au Togo en particulier, participe au raffermissement des relations entre les deux peuples.

Bien que d’aucuns voient cette expansion d’un mauvais œil en termes d’impérialisme, elle pourrait participer au développement du continent comme le dit si bien l’ancien Président Obasandjo à son homologue chinois Hu Jintao : «  (…) Nous souhaiterions que la Chine dirige le monde. Et quand ce sera le cas, nous voulons être juste derrière vous. Quand vous allez sur la Lune, nous ne voulons pas être laissés derrière, nous voulons être avec vous. »