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Les proverbes et sagesses africains s’offrent leur premier salon à Lomé

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Un panel au cours du salon des proverbes et sagesses africains

Outils d’enseignement authentiquement africains, les proverbes tantôt oubliés, tantôt minimisés s’offrent un regain de jouvence au Togo à travers un salon qui leur est entièrement dédié. Il s’agit du Salon international des proverbes et sagesses africains dont la première édition s’est déroulée ce samedi 19 mai à l’Agora Senghor de Lomé.

Portant sur le thème ‘Des proverbes africains au développement personnel et leadership’, la rencontre a été le lieu de faire ressortir tout ce que l’Afrique possède en termes de cultures et de valeurs codifiées dans les proverbes pour l’emmener vers le développement.

Pour le promoteur de l’évènement, le coach et formateur Marcelin Gandonou, ce salon part d’un constat. ‘En tant que coach formateur, lorsque nous enseignons le leadership, la plupart des concepts utilisés proviennent d’auteurs occidentaux alors que lorsqu’on regarde les proverbes, on se rend compte que les messages sont les mêmes, sauf que les codifications diffèrent’.

‘Il s’agit par ce salon d’aider la population togolaise, et par extension la population africaine, à se développer en partant de sa culture, d’éduquer et d’enseigner le leadership à la population africaine en prenant comme support les proverbes et sagesses africains’, a-t-il précisé.

Les proverbes africains, objets de civilisations perdues ou outils de développement

Empires Songhaï ou du Mali, Royaume de Behanzin ou encore Royaume Zoulou de Chaka en Afrique du Sud, entre autres, ont été pris pour références de développement économique que l’Afrique avait connu avant l’ère de la colonisation. Des empires qui avaient pour soubassement la culture, et qui se basaient sur ‘(…) des interdits et les sagesses qui en découlent pour ne pas heurter les divinités et obtenir leur assentiment afin d’aboutir aux résultats recherchés’, a souligné Mme Kpegba Kafui, 2e vice-présidente de l’Université de Lomé au cours des échanges.

Ces civilisations africaines, très développées se servaient des proverbes dans les différents domaines de la vie (économie, famille, éducation, justice, et la politique qu’elle soit intérieure ou étrangère, entre autres), même s’ils utilisent plus des images liées à la nature, les animaux ou encore la famille. Si ces proverbes ont pu être le soubassement de ces civilisations fortes, ces derniers sont aujourd’hui délaissés depuis l’avènement de ‘l’école du blanc’ au profit de maximes importées qui selon certains esprits avisés est une forme de ‘néocolonialisme’.

Il urge à cet effet, de réintroduire ce savoir dans l’éducation et la formation des Africains, et même dans le développement personnel des populations africaines et faire une « décolonisation des mentalités » ; gage de développement endogène porté par une culture forte et propre à l’’Afrique.

Le savoir issu des proverbes africains, une arme redoutable ignorée ?

« Les proverbes africains, c’est de la sagesse codée », a laissé entendre le coach Samuel Mathey venu de la Côte d’Ivoire. Une compréhension qui peut être faite à plusieurs degrés. Et c’est l’ambition de contribuer au réveil des jeunes africains notamment à s’approprier ces proverbes qui sont, selon Me Joseph Kokou Koffigoh, « un patrimoine immatériel qu’’il faut cultiver. »

Dans un contexte où l’Afrique est en plein développement, une adaptation des codes à la vie moderne s’impose selon Me Koffigoh. « Il est évident que pour que les proverbes puissent nous servir, nous puissions les adapter à la vie moderne, à l’éducation, à la recherche d’emploi, aux investissements, à la recherche de l’excellence, à la recherche de la paix dans le monde, à la résolution des conflits, mais aussi à l’amour, etc. », a laissé entendre l’ancien Premier ministre togolais.

En termes de formation, les différents panélistes ont souligné l’importance de l’introduction de nos langues maternelles dans le système éducatif. « Notre éducation est à refaire voire parfaire, car nous avons beaucoup à améliorer », ont-ils martelé en substance à tour de rôle. La portée des proverbes ne peut être changée d’autant plus que les contextes liés à la nature humaine restent inchangés malgré l’évolution des civilisations.

Le salon fini, écrits et enseignements restent

Se limiter à la seule journée de samedi 19 mai pendant laquelle le salon s’est déroulé est pour Marcelin Gandonou insuffisant. ‘Il ne suffit pas de se rassembler pendant une journée et dire que nous avons de la richesse. Mais il faudrait que des écrits puissent demeurer pour que les personnes continuent par lire, s’éduquer et se transformer et qu’on puisse les propager partout.’’

Pour ce faire, à l’image du vizir égyptien, Ptah-Hotep qui décida, à l’âge de cent dix ans, de rassembler les proverbes et sagesses de l’Egypte et d’en rédiger des maximes pour transmettre le savoir et l’expérience, le coach Marcelin a saisi l’occasion de ce salon pour présenter les livres et bande-dessinées élaborés sur les proverbes africains.

« Nous voulons sortir les proverbes de l’ombre, de les mettre en évidence pour que les gens ne les lisent pas seulement au premier degré, mais aller aux autres degrés pour voir les messages qui y sont cachés (…) ». Afin d’immortaliser les recherches combinées des universitaires et du coach formateur, des livres, bandes-dessinées et coffrets DVD ont été élaborés et présentés au public ce samedi à l’Agora Senghor de Lomé.

Comptant parcourir tous les pays d’Afrique pour y mettre en valeur les proverbes, le rendez-vous est pris l’année prochaine dans un autre pays.

« Si manger est un phénomène naturel, la façon de manger est un phénomène culturel. »