Lettre ouverte à Simone Ehivet : Paul Wil-Ademon Kwadjané Agoubli répond à Steve Beko

Credit Photo : DR

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Paul Wil-Ademon Kwadjané Agoubli a répondu à Steve Beko suite à sa lettre ouverte adressée à Simone Ehivet Gbagbo.

« 𝗟𝗲𝘁𝘁𝗿𝗲 𝗼𝘂𝘃𝗲𝗿𝘁𝗲 𝗮̀ 𝗦𝘁𝗲𝘃𝗲 𝗕𝗲𝗸𝗼
J’ai lu, avec grande inquiétude, ta réponse à Madame Simone Ehivet Gbagbo, candidate à l’élection présidentielle du 25 octobre 2025 qui vient de livrer son verdict lénifiant. Dans sa réaction, notre ancienne, nous sommes Africains avant tout, a dénoncé les pratiques déloyales et antidémocratiques du pouvoir RHDP avant d’adresser avec lucidité et à propos l’activité nocive d’une partie de l’opposition engagée contre un quatrième mandat censé être empêché, mais qu’elle validera par une participation surréaliste à l’élection législative.

Pour toi, Madame Simone Ehivet Gbagbo, à qui tu déniais le nom Gbagbo sur un plateau de télévision, ce qu’on voit encore au début de ton texte, ne devrait pas adresser de critique à ceux des Ivoiriens, qui, victimes en tous les cas, ont subi gratuitement les assauts d’un régime tyrannique. Tu pointes alors une inversion des valeurs – la victime étant culpabilisée – que tu épelles sous les accents d’une inversion accusatoire, les candidats opposés à Monsieur Ouattara, collabos quand vous êtes des résistants, ne devant s’en prendre qu’à eux-mêmes. On vous y verra bientôt. Soit !

Ton propos occulte la stratégie non pas uniquement de la contestation démocratique, mais de la confrontation avec un pouvoir qu’on ne découvre pas et contre lequel vous avez engagé un combat que vous n’aviez pas les moyens de gagner. Le prix des morts, des incarcérations et des destructions qu’ont dû payer nombre de nos concitoyens est considérable. Le cas de la désobéissance civile de 2020 était pourtant là pour nous instruire sur la pertinence d’une réforme de l’agenda, mais ceux qui n’étaient pas là ont jugé que l’échec passé était celui de l’incompétence. Les stratèges sont arrivés et les voici donc engagés dans la neutralisation de l’électeur par les prophéties apocalyptiques, les postures moralisatrices, mais surtout la fabrication d’une atmosphère anxiogène carburant du fameux braquage électoral pourtant conspué.

Cette analyse de Simone Ehivet Gbagbo est aussi la mienne. C’est une analyse lucide, mais surtout, c’est une analyse possible. Or voici le tabou suprême désormais : penser après ou contre le front commun. Je m’inspire là du titre de l’ouvrage inspirant de Jean-François Petit : 𝑃𝑒𝑛𝑠𝑒𝑟 𝑎𝑝𝑟𝑒̀𝑠 𝑙𝑒𝑠 𝑝𝑜𝑠𝑡𝑚𝑜𝑑𝑒𝑟𝑛𝑒𝑠. Désormais, il est simplement impossible ne serait-ce que de penser quand le camp du bien, celui des agents de lumière s’est présenté, ceux-là même qui peuvent dire et se dédire, provoquer l’apocalypse sans craindre aucun jugement, aucune remise en cause. Se taire serait céder à un totalitarisme qui s’ignore. Le courage de Mme Simone Ehivet Gbagbo est à ce propos admirable.

En 2015, Mamadou Koulibaly s’est présenté à la présidentielle avant de faire campagne contre un scrutin antidémocratique, pensait-il. Avec courage, le candidat de Lider avait fait une anti-campagne ouverte, honnête qui n’avait pas ciblé les candidats en lice, dont Pascal Affi N’Guessan. Il n’avait pas poussé à des actes de violence dans les campagnes pour effrayer les électeurs et parasiter les discours programmatiques. Il faut nommer le réel. Comment peut-on qualifier ce qui a été fait : un boycott ? actif ou passif ? Il faut un nom avec courage ce qui impliquerait d’assumer l’actif comme le passif.

Je cite souvent, en m’amendant auprès des panafricains, l’exemple de Jean-Jacques Rousseau à qui les Révolutionnaires français ont dédié une motion après leur victoire. Je te partage la motion : « Vous verriez Jean-Jacques Rousseau…, le précurseur de cette grande Révolution ; vous vous souviendrez qu’il vous apprenait à former des hommes pour la liberté lorsque vous étiez à la veille de faire des Français un peuple libre… Le Contrat social a été pour vous la charte dans laquelle vous avez retrouvé les droits usurpés sur la nation et surtout le droit imprescriptible à la souveraineté. » (Ange Marie d’Eymar, Motion relative à J.-J. Rousseau, 29 décembre 1970)

Or que dit Rousseau justement dans le Contrat social, « la charte des droits usurpés sur la Nation » ? Eh bien, il dit ceci : « Si je ne considérais que la force et l’effet qui en dérive, je dirais : « tant qu’un peuple est contraint d’obéir et qu’il obéit, il fait bien ; sitôt qu’il peut secouer le joug et qu’il le secoue, il fait encore mieux : car, recouvrant sa liberté par le même droit qui la lui a ravie, où il est fondé à la reprendre, où on ne l’était point à la lui ôter ».

A présent qu’un exemple de réussite révolutionnaire, modèle pour de nombreux peuples dont la Turquie et la Chine, est présenté, j’aimerais demander à quel niveau d’analyse de la situation l’on se situait dans le cas ivoirien quand après le 8 septembre et après avoir juré que nos candidats seraient en lice, on a décidé de jeter la colère dans la rue en face d’un régime qu’on présente soi-même comme répressif et tyrannique ? Si les autres sont coupables de soumission et de lâcheté, il n’est pas sûr qu’on ne le soit pas d’amateurisme et de prestidigitation. La vérité du calcul politicien est évidente. Elle a ses victimes émissaires faites par les bourreaux connus pour le recel habituel », a déclaré Paul Wil-Ademon Kwadjané Agoubli.

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