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Lilian Thuram : cette scène traumatisante de son enfance qu’il n’a jamais oubliée

Credit Photo : DR

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À neuf ans, Lilian Thuram est obligé de quitter la commune d’Anse-Bertrand en Guadeloupe afin de débuter une nouvelle vie à Bois-Colombes, dans les Hauts-de-Seine. Dès son arrivée, le sportif a subi des blagues racistes. À l’époque, il se demandait alors pourquoi la couleur blanche était associée au bien et la couleur noire au mal.

Engagé, le champion du monde 1998 a choisi de partager sa réflexion dans le livre “La pensée blanche”, dans lequel il remonte le cours de l’histoire afin de comprendre la fabrication des préjugés basés sur la couleur de peau, mais appelle également ses lecteurs à retirer le “masque de la blanchité.” Dans un entretien accordé à L’Obs, Lilian Thuram a accepté de revenir sur sa première rentrée scolaire en France : «J’ai 9 ans, j’arrive de Guadeloupe, j’entre en classe de CM2, des enfants m’insultent : ‘Sale Noir !‘ C’était comme si on me mordait à l’intérieur.»

Il a alors souhaité comprendre le comportement des autres enfants à son égard : «À mon retour à la maison, ma mère me dit : ‘C’est comme ça, les gens sont racistes, ça ne va pas changer.‘ Une très mauvaise réponse pour un enfant. Alors j’ai cherché. À l’adolescence, j’ai eu la chance de rencontrer des livres et des personnes qui m’ont aidé à comprendre que le racisme était lié à une histoire. J’ai renversé mon regard : je me suis mis à m’intéresser aux enfants qui m’avaient insulté. Comment, à 9 ans, avaient-ils déjà pu développer la conviction qu’être blanc serait mieux ?»

Si Lilian Thuram reste marqué par le comportement des autres enfants à son égard, il affirme ne pas leur en vouloir : «Peut-on en vouloir à ces enfants ? Non. Peut-on accuser l’éducation des parents ? C’est trop réducteur. Ce qui se passe dans ce CM2 raconte une histoire, celle de la fabrication de catégories en fonction de la couleur de peau, l’histoire du racialisme, de l’invention des ‘races’. C’est une histoire qui a duré des siècles, nous sommes encore enfermés dans les préjugés qu’elle a forgés. C’est ce que j’aurais aimé que ma mère m’explique et que les parents de ces enfants qui m’insultaient leur expliquent. Très souvent, nous pensons que le racisme est naturel ; ce n’est pas le cas. On ne naît pas blanc ou noir, on le devient.»

 

Avec closermag