En un dimanche pluvieux de 2021 sur la capitale française, c’est avec les siens que Lionel Messi découvre son septième ballon d’or France Football. Témoin d’un règne qui ne veut pas finir et d’une année bouleversante traversée par toutes les émotions qui l’aura vu relever le plus grand défi de sa carrière. Une semaine décisive, propre à changer la phase du football mondial, mais qui a peut-être fait oublier ses succès du début d’année, ou ses exploits dans une Copa America disputée en pleine nuit à l’heure d’Afrique. C’est toute son année avec en point d’orgue, son transfert à Paris.
Qu’y a-t-il de plus dur pour un homme que de rompre avec ses racines ? Lionel Messi est argentin mais Barcelonais jusqu’au bout des pieds qui l’ont fait roi. Si ce n’est pas la première fois qu’il brandit la menace d’un départ, jamais il n’en a émis le souhait si profond que ce 25 août 2020, 10 jours après une humiliation, 8-2 contre le Bayern de Munich en Ligue des Champions, une semaine après l’arrivée d’un nouvel entraineur qu’il ne souhaitait pas. « Leo » Messi envoie un courrier officiel à la présidence du Barça, une missive qui acte d’un divorce plus que des envies d’ailleurs.
Si Messi accepte de retourner dans le rang, nul ne sait dans quel état d’esprit. Capitaine d’un Barça distancé en Championnat, il a l’occasion fin Janvier d’accrocher un premier trophée avec la Supercoupe d’Espagne. Les Blaugranas mènent 2-1 contre l’Athletic Bilbao, avant l’entame des dernières minutes du temps réglementaire. Messi et le Barça voient s’échapper une Coupe qui leur tendait les bras, dans une finale qui s’achève pour l’argentin de la plus triste des manières. Jamais en 753 matchs avec le FC Barcelone, il n’avait encore été exclu. Coupable de perdre ses nerfs en Supercoupe d’Espagne, il est aussi responsable des déboires financiers du club quand le quotidien El Mundo révèle à sa une, le contrat pharaonique dont il bénéficie. 555.237.619 euros.
L’ombre d’un départ continue de planer, lorsque le Barça au Printemps, s’apprête à abattre sa carte maîtresse : élire à la tête du club le successeur de Josep Maria Bartomeu, dans un climat pollué par des révélations et des fuites d’informations, ajoutées au contexte financier très compliqué. La prolongation de son numéro 10, se retrouve logiquement au cœur du projet des 3 candidats. Pour beaucoup, Messi, le faiseur de rois, soutiendrait le revenant, Joan Laporta, qui fut son président jusqu’en 2010. Hasard faisant souvent bien les choses, il ne faut qu’un mois pour retrouver Lionel Messi souriant et triomphant, vainqueur dans les bras de Laporta, de sa 7ème Coupe du roi, son premier trophée depuis 2 ans, son 35ème avec le Barça.
Trois mois après la frustrante soirée sévillane, Messi s’est fait marcher dessus avant de craquer en fin de rencontre. Barcelone prend une éclatante revanche face à l’Athletic Bilbao dans une finale que l’Argentin, plus déterminé que jamais, marque bientôt de son empreinte. Dans la foulée d’une fin de saison tonitruante en championnat dont il termine une nouvelle fois meilleur buteur, Messi réalise une doublée en 5 minutes. Au terme d’une saison chaotique, tout semble s’être apaisé, Lionel Messi le premier.
C’est en joueur libre que Leo Messi rejoint finalement l’Amérique du Sud. Cette Argentine qui le chéri tant, mais qui le comprend si mal. Il a tout gagné avec le Barça, mais peine toujours à offrir un titre à son pays. A la fois une aura et une simplicité qui en font, à écouter les plus jeunes, le leader naturel de la sélection, plus encore que par le passé. Et une finale en Copa comme un classique, et des retrouvailles en forme de duel qui laissera le perdant à sa malédiction, ni Messi ni Neymar n’ayant accroché la Copa America à son palmarès. Le 10 Juillet 2021, dans ce stade mythique du Maracana, vidé pour partie de son public et pour l’essentiel de sa magie, l’Albiceleste n’évolue pas forcément en terre hostile.
Pour l’Argentine de Lionel Messi, le scénario est forcément idéal. Mais les plus belles affiches accouchent rarement d’une finale spectaculaire. Ce Brésil-Argentine disputé à coups de provocations mesquines et de vilains gestes, se décide finalement sur trois fois rien. Peu importe, au terme d’une saison à rallonge entamée douze mois plus tôt, Lionel Messi à bout de force et d’imagination ne soit pas dans un grand soir. Cette finale reste la sienne et entièrement son triomphe. Dans ces minutes qui précèdent la délivrance, il le sait et le pressent, rien ne sera bientôt plus comme avant.
Rendu à sa solitude sur cette pelouse qui vient de le couronner, Messi voudrait savourer son bonheur avec son père, mais il doit encore le partager avec tout le monde, par le prisme d’une caméra indiscrète qui ne le quitte plus. Il pourrait arrêter sur ce titre que sa carrière n’en souffrirait pas. Imagine-t-il un seul instant, la déflagration qui s’annonce ?
06 Août. Le retentissement planétaire. La planète foot était estomaquée d’apprendre que Messi quitte le Barça, dans des conditions où le club était dans l’incapacité de le payer. Pour le club, le responsable est tout trouvé : la ligue espagnole de football qui a refusé d’homologuer le nouveau contrat proposé à l’Argentin. En quelques heures, le vent vient de tourner. Celui qui faisait les beaux jours du Barça au printemps, s’apprête à rejoindre définitivement le musée. Plus qu’une page, un pan entier de l’histoire d’un club qui n’avait pas si souvent gagné avant lui ; avant ses 10 titres de Champion d’Espagne, avant ses 4 Ligues des Champions, avant ses 6 ballons d’or, et tout cela, pour des raisons économiques. Les nouvelles règles éditées et imposées par la Fédération espagnole de football passent par un fair-play financier et une limitation de la masse salariale, ne laissant aucune marge au club. Conséquentes immédiates suite au départ du génie argentin : le manque d’investissement, la baisse du merchandising et de la vente des maillots, les problèmes avec les partenaires et sponsors, le déclin des droits TV.
09 Août. Le transfert est annoncé comme celui de la décennie. De l’aéroport du Bourget au Palace Royal Monceau, tout Paris retient son souffle. L’affaire est entre les mains d’une poignée de juristes et d’avocats. Après quatre jours de négociations, Messi quitte Barcelone avec sa femme et ses trois enfants. Le point de départ de deux jours de festivité, de pure folie parisienne. Le fruit d’un travail entamé il y a 10 ans par les dirigeants qataris. Pour les supporters parisiens, avec Léo c’est sûr, gagner la Ligue des Champions n’est désormais plus qu’une question de temps, pour un club dont la création remonte en Août 1970.
29 Août. 4ème journée de Ligue 1. 66ème minute. Messi fait ses premiers pas sous les couleurs de son nouveau maillot. Un autre championnat, un nouveau monde et de perspectives toutes neuves pour celui que toute la planète foot avait renoncé à voir un jour sous d’autres couleurs que celles du Barça. Lionel Messi vole ce soir là la vedette au double buteur de la soirée, et polarise le temps d’une sortie, l’attention de tous ses adversaires rémois.
Chez Messi, la starification est synonyme de discrétion. C’est seulement après deux mois dans la capitale que le joueur accorde sa toute première interview au magazine France Football. Mais après 3 mois, le nouveau numéro 30 du PSG cherche encore son premier but et sa place sur le terrain. Le temps des doutes et des premières questions, pour ce Paris Saint-Germain prétendument sans rival.
29 Novembre. L’année pouvait-elle s’achever sur des soupçons de crépuscule. Surtout quand vient l’heure de se retrouver une dernière fois sur 2021, au cours d’une soirée qu’il a presque toujours honoré de sa présence. Lionel Messi est encore au rendez-vous du Ballon d’Or, traînant derrière lui le cortège de ses succès passés. Si l’Argentin arrive en voisin parisien, c’est bien le capitaine d’Argentine, championne du monde d’Amérique du Sud qui est convié à la cérémonie. Élu par un vote de 170 journalistes provenant de 170 pays différents, Messi est vainqueur de la 65ème édition du Ballon d’or France Football.
