Inauguré en avril 2020, le port de pêche a officiellement ouvert ses portes le 21 novembre pour le déchargement des poissons et autres fruits de mer, leur vente, et leur conditionnement pour un stockage éventuel.
D’une capacité de 300 pirogues, et dans la prévision qu’il consolide 8000 emplois, tout en créant 5000 autres, cet outil était destiné à être le pôle central de toutes les transactions concernant la commercialisation des produits de la pêche, à l’instar du tilapia, et du poisson dénommé « Adiadoè » pour la zone de Lomé. Ce qui est loin d’être le cas.
Le marché aux petits poissons ou “Doèvi Kpanou” qui s’est créé autour de l’activité d’achat et de revente des poissons fumés en provenance du Ghana, a été depuis déplacé à Tokoin-Kodomé. Même si l’adresse a changé, et les hangars mieux aménagés, les anciennes habitudes ont vie dure. Certaines revendeuses de cette denrée, sinon la plupart, continuent malgré tout à s’approvisionner chez leurs voisins du Ghana.
Da Ama, assise au milieu de son gigantesque étalage de paniers de poissons, nous explique : « Il s’agit d’un souci de proximité géographique. Leur venue au marché ici nous allège le transport, d’autant plus qu’ils viennent les lundis, et les vendredis. Ce sont les jours de marché ici, et ils sont toujours au rendez-vous. »
Pour une autre, se rendre au nouveau port de pêche constituerait un terrible manque à gagner, du point de vue qualité. « Je trouve les poissons venus du Ghana, mieux conservés et mis en valeur par rapport à ceux du nouveau port de pêche. Ça me permet d’avoir une plus-value quand les prix ne sont pas trop exorbitants. »
Enfin, Akossiwa, la trentaine, insiste : « je n’ai pas souvent l’argent pour me déplacer, pour aller m’approvisionner au nouveau port de pêche ; alors je préfère les attendre sagement ici pour avoir mes produits. D’ailleurs, je ne suis pas la seule. Ceux et celles qui peuvent faire le chemin viennent de loin pour pouvoir s’approvisionner ici. »
Ceci dit, le poisson « Adiadoè » du Ghana reste une valeur sure pour les commerçantes du marché de Tokoin-Kodomé. Autant de raisons qui permettent à la population de déguster à toutes les sauces, ce poisson venu d’ailleurs.