L’Union Africaine semble vraiment prête à apporter son soutien à la RDC.
Le président de la Commission de l’Union africaine, Mahmoud Ali Youssouf, a en effet effectué ce jeudi 18 décembre 2025 sa première visite officielle à Kinshasa depuis sa prise de fonctions en février.
Il a rencontré Félix Tshisekedi à la Cité de l’Union africaine. Les échanges ont porté sur la guerre à l’Est et le rôle que l’organisation continentale pourrait jouer dans les processus de paix en cours.

« L’Afrique n’a pas abandonné la RDC », a déclaré le diplomate djiboutien lors de cette audience. Il a exprimé le souhait de voir le pays retrouver rapidement la paix et la stabilité.
Enfin, les discussions ont également abordé les accords récents de Washington et de Doha, censés mettre fin aux hostilités qui déchirent les provinces orientales depuis plus de deux ans.
Une situation qui continue de se dégrader
La signature de l’accord de Washington le 4 décembre par Tshisekedi et Paul Kagame n’a produit aucun effet sur le terrain.
Les combats se sont même intensifiés dans le Sud-Kivu dès le lendemain de la cérémonie à la Maison Blanche. L’AFC/M23, soutenu par les forces rwandaises selon Kinshasa, a lancé une offensive d’envergure dans le territoire d’Uvira.
Les autorités provinciales du Sud-Kivu ont publié un bilan officiel. Quatre cent treize civils ont perdu la vie entre le début de l’offensive et le 7 décembre, date de la visite du gouverneur Jean-Jacques Purusi dans les centres de santé.
Des balles, des grenades et des bombes ont tué des femmes, des enfants et des jeunes dans les localités situées entre Kamanyola et Uvira. Le gouvernement provincial a qualifié cette situation de « crise humanitaire sans précédent ».
Kigali conteste tout retrait effectif
Le Rwanda avait annoncé le départ de ses troupes après les pressions américaines. Les autorités du Sud-Kivu contestent formellement cette version. « Les forces présentes dans la ville sont composées de forces spéciales rwandaises et de certains de leurs mercenaires étrangers », précise le communiqué du porte-parole provincial. Ces déclarations pointent une violation flagrante du cessez-le-feu et des engagements pris à Washington.
Uvira est tombée aux mains de l’AFC/M23 le mercredi 11 décembre. Cette ville de sept cent soixante mille habitants constitue la deuxième plus grande agglomération du Sud-Kivu après Bukavu. Sa position stratégique sur le lac Tanganyika et à la frontière burundaise en fait un verrou essentiel. La perte d’Uvira renforce considérablement l’emprise territoriale des rebelles dans l’Est congolais.
Selon l’ONU, plus de deux cent mille personnes ont fui la ville dans des conditions extrêmement précaires. L’absence de mécanisme d’assistance humanitaire suffisant aggrave la situation de ces déplacés. Plusieurs milliers de familles ont traversé la frontière vers le Burundi en empruntant des routes dangereuses le long de la Rusizi et du lac Tanganyika.
L’Union Africaine face à ses responsabilités en RDC
La visite de Mahmoud Ali Youssouf intervient dans un contexte où l’Union africaine fait face à des critiques sur sa capacité à résoudre les conflits du continent. Le Djiboutien, élu en février après sept tours de scrutin, succède au Tchadien Moussa Faki Mahamat dont les positions avaient irrité Kinshasa. Bref, son prédécesseur avait qualifié le M23 d’« opposition politico-militaire », provoquant l’ire du gouvernement congolais.
L’ambassade américaine à Kinshasa a exhorté le M23 et les Forces de défense rwandaises à cesser immédiatement toute opération offensive. Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, s’est déclaré « profondément alarmé par l’escalade de la violence » dans le Sud-Kivu. Il a condamné fermement la nouvelle offensive du groupe armé et appelé à une cessation inconditionnelle des hostilités.
Les processus diplomatiques de Washington et de Doha peinent à produire des résultats concrets. L’écart entre les engagements signés et la réalité du terrain demeure abyssal. Plus d’une centaine de groupes armés continuent de se disputer le contrôle de territoires riches en minerais dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri.