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L’Université de Lomé n’est pas une abbaye de Thélème !

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Une ancienne cabine transformée en tableau d'affichage
Une ancienne cabine transformée en tableau d’affichage

La fascination et l’éblouissement par le spectacle multicolore des affiches sur le campus universitaire de Lomé : sérieuses sources d’informations inépuisables ou simples galimatias nébuleux de papiers ?

Telle est en substance, l’impression qu’exerce sur la communauté universitaire, le spectacle des papiers anarchiquement collés aux murs, aux arbres, dans les amphithéâtres, et qui, ordinairement jonchent le sol, ou encore, papillonnent, par-ci, par-là. Un peu comme, fatigués de rester collés à ceux-ci, ils s’en vont, en sempiternelle quête de lecteurs assoiffés d’informations.

Par ailleurs, l’on s’étonne quelquefois de lire sur des papiers la mention “nouveau”, alors qu’en réalité, ceux-ci datent d’il y a deux ans, cinq ans, dix ans, voire vingt ans. Et paradoxalement, des informations des plus sérieuses disparaissent ou sont purement éclipsées en un laps de temps par des affiches qui se réclament nouvelles, mais dont la source est d’une inauthenticité et d’une trivialité criardes.

Certaines affiches, viennent carrément se poser délicatement et hermétiquement sur les anciennes dont les contenus sont relativement plus importants et urgents pour les étudiants.

Offres d’emploi, recherche d’emploi, avis de perte, avis de formation, informations cultuelles et culturelles, etc., autant d’informations qui laissent simplement dans la perplexité, dans la contrariété, et dans la confusion.

Cette situation soulève une question essentielle : comment rester informé dans cette ornière informationnelle ?

Même si notre perspective ici n’est pas prioritairement environnementale ni écocitoyenne, il importe toutefois de souligner de prime abord que cela plonge le campus dans un enlaidissement rebutant. Qui plus est, cela pose un problème grave en termes de protection de l’environnement. C’est à croire que la conscience collective souscrit à un certain mépris de l’écocitoyenneté.

Notre souci est le décryptage des informations, leur fiabilité, leur crédibilité et leur authenticité. Des plus importantes aux plus triviales, des plus banales aux plus sérieuses, tout porte quelquefois à croire que l’Université est un havre de toutes les informations, de quelque nature qu’elles puissent être.

Dans ce flou confus et nuageux d’informations, il n’est pas évident que le message important soit mis en exergue et compris par la communauté universitaire. Il va sans dire que ce sont les étudiants qui, en premier, en pâtissent insidieusement.

Ainsi, plusieurs ne sont pas informés, parce qu’à force de voir des affiches un peu partout, l’on s’en fait assez vite une idée. Or, dans ce brouillage, il y a tout de même des informations importantes à l’endroit des étudiants. Ils sont ainsi, ironie du sort, déroutés souventes fois quant à l’affiche de la programmation des unités d’enseignement, des partiels, des avis importants afférents à leur département, etc.

L’Université de Lomé n’est pas une abbaye de Thélème_twoQue faire ?

Notre avis est d’abord que l’Université de Lomé prenne soin de disposer pour chaque Département, des tableaux d’affichage en bonne et due forme. Il est aussi important que chaque département, institut, école, etc. ait des personnes essentiellement chargées de veiller à la périodicité des affiches : sont-elles vieilles, révolues ? Méritent- elles d’être décollées et jetées proprement à la poubelle ? Y a-t-il une information importante récente qui a disparu ? qui est déchirée ? etc.

Ce travail nous parait primordial. Il pourrait s’exécuter lors même qu’il y a un tableau d’affichage officiel, de préférence en grillage et cadenassé, pour empêcher des sources officieuses et inauthentiques de s’y immiscer.

En plus, et ce sera un peu crucial et délicat, nous pensons que l’Université de Lomé gagnerait beaucoup en exerçant un contrôle assez coercitif, judicieux et permanent sur tout ce qui s’affiche sur le campus universitaire. Ce que nous essayons de dire ici est que n’importe qui ne devrait pas afficher n’importe quoi, n’importe où et n’importe comment.

Le campus étant une splendide et luxueuse vitrine du savoir d’une nation, le nôtre ne peut se payer le luxe de se muer en une abbaye de Thélème, où chacun peut afficher ce qui bon lui semble.

En définitive, le problème de l’affichage anarchique sur le campus universitaire de Lomé est fort alarmant. Nous avons vu qu’au-delà du souci environnemental qu’il pose, il prédispose les étudiants à une confusion en ce qui concerne l’information.

Cette impasse est due entre autres à un défaut de contrôle permanent en ce qui concerne ces affiches.

Ce contrôle, l’Université se doit dès lors de l’assurer et de disposer pour chaque département des tableaux d’affichage officiels. Certains départements, instituts et écoles en disposent bien évidemment.

Nous estimons que les autres pourraient aussi le faire à l’instar d’eux. Nous finirions en rappelant que l’information est un pouvoir et il importe de mobiliser tous les moyens pour que celle-ci soit pure, vraie, fiable, crédible, et authentique pour les étudiants.

Par Pierre Kokouvi Soletodji