Devenu en 10 ans, le patron d’un groupe multiservice et multinational, il fait partie aujourd’hui de cette nouvelle génération d’entrepreneurs made in Togo qui fait la fierté de l’Or de l’humanité. À 43 ans, et à la tête d’un empire en pleine croissance avec plus de 3.000 collaborateurs, M. Constantin AMOUZOU, PDG de CECO GROUP SA est l’invité de L-FRII. Nous vous présentons la Personne, le Modèle, et son Parcours pour ce mois d’août 2014.
L-FRII : Bonsoir Président, vous qui êtes entrepreneur et chef d’entreprise, s’il fallait résumer votre personnalité en un mot, que diriez-vous ?
M. Constantin Amouzou : ’’ bonsoir. Je dirais simplement un Passionné.’’
L-FRII : Président, votre position actuelle est sans doute le fruit d’une instruction de qualité et d’une formation pointue. Voudriez-vous partager avec nous ce parcours formatif ?
M. Constantin Amouzou : ’’ Je suis ingénieur agronome de formation. J’ai fait une partie de ma formation en Europe d’où je suis revenu en 2004 au Togo avec mon diplôme. Bien avant cela, j’ai fait trois années de formation religieuse et théologique en Côte-d’Ivoire où j’ai été formé aux Sciences Religieuses et Sociales.
Pour mes études secondaires, je les ai effectués au Collège Chaminade de Kara où j’obtins mon Baccalauréat.’’
L-FRII : Président, après vos études vous vous destiniez à être un religieux. Qu’est-ce qui a été le tournant pour que vous optiez finalement pour le développement humain et communautaire ?
M. Constantin Amouzou : ‘’ Après ma formation religieuse, j’étais devenu un frère marianiste. Je l’ai été pendant presque dix-sept (17) ans. De par l’autre formation, celle d’ingénieur, j’étais plus orienté vers les activités de développement communautaire. Ce choix est survenu au vu du constat de la non-conciliation de ma vie professionnelle d’ingénieur et celle de religieux. J’ai compris qu’en m’investissant à 200% dans la vie professionnelle pour la communauté, étant obsédé par le résultat, je ne trahissais pas non plus mes convictions religieuses.’’
L-FRII : Vous êtes passés d’Organisation Non Gouvernementale à un groupe incontournable avec des filiales dans plusieurs domaines en Afrique. Serait-ce le fruit du hasard ou d’une stratégie entrepreneuriale ?
M. Constantin Amouzou :’’ Je pense que pour tout ce qui est du développement d’entreprise, c’est rarement une question de hasard et de chance. Il s’agit d’une question de succession de choix et de décisions.
Nous avons fait le choix de ne jamais décevoir les attentes de nos clients, c’est une obsession. Faire plus que ce à quoi il s’attendait. Obtenir le maximum de satisfaction auprès d’un client en termes de qualité, de délai, de solidité des ouvrages au détriment quelques fois de notre propre avantage pour le fidéliser et obtenir ses recommandations. C’est le Leitmotiv et la Clé !
Aujourd’hui que nous sommes devenus un grand groupe, une société multiservice et multinationale, nous restons fidèle à ces idéaux et à ces valeurs fondamentales.’’
L-FRII : Avez-vous des modèles dont vous vous inspirez?
M. Constantin Amouzou :’’ J’ai des modèles qui m’inspirent. D’abord, dans la cellule familiale, mes parents. Mon père était Mécanicien des Travaux Publics et ma mère avait le sobriquet de ‘Femme pressée’. Ne soyez donc pas surpris quand je m’entoure de belles et grandes machines avec l’envie d’aller vite et bien.
Sur le plan scolaire, c’est un enseignant au Collège Chaminade qui m’a inculqué certaines valeurs telles que la Droiture, le Dévouement, la Générosité et la Solidarité. Ces valeurs cardinales guident jusqu’aujourd’hui notre philosophie managériale. Il a été un de mes premiers mentors et formateurs en théologie.
Un leader que j’ai eu l’occasion de rencontrer, le nigérian Aliko Dangote (NDLR : 57ans, Homme le plus riche d’Afrique et 24ème fortune mondiale selon le classement 2014 du magazine américain Forbes) est un modèle d’audace, de persévérance et d’intelligence économique. Il est parti de rien pour devenir ce qu’il est aujourd’hui.
Mes autres modèles se trouvent dans les livres. Un Leader ou une personne qui veut le devenir, doit lire ! Je peux citer historiquement Henri Ford, en termes de démocratisation de produits, nos contemporains Steve Jobs en termes de recherche d’innovation et Bill Gates en termes de génie managérial et le sens de l’opportunité.’’
L-FRII : De par votre expérience d’entrepreneur, comment les jeunes doivent-ils s’y prendre pour créer des entreprises viables et pérennes?
M. Constantin Amouzou : ‘’ Une entreprise est une organisation qui réunit des ressources matérielles, financières, humaines… en vue de proposer un produit, le vendre et en faire des bénéfices.
Il faut partir de l’idée, de l’identification du produit et que ce dernier soit en accord avec les attentes et besoins réels de la population.
Viens l’aspect ‘Henri Ford’, c’est-à-dire, rendre son produit le plus noble, le plus accessible que possible, et ce, au plus grand nombre.
Ensuite, une disposition interne et mentale pour adopter une démarche rationnelle pour arriver à un résultat rationnel et mesurable.
Enfin, innover pour avoir une valeur ajoutée et faire la différence.
N’oubliez pas, faire plus que ce qu’on attend de vous et ne jamais décevoir son client ! Être prêt à perdre pour la satisfaction du client parce que si votre client est déçu, vous êtes perdus !’
Pour la pérennité de l’entreprise, il faut les valeurs morales de modestie, de volonté de satisfaire son client, l’humilité pour reconnaitre ses erreurs et les corriger pour avancer. Un entrepreneur est un mendiant permanent. Il vit de ses clients, il mendie leur reconnaissance, leur bon vouloir d’accorder les marchés donc s’il fait le fanfaron, son entreprise disparaît.’’
L-FRII : Et quelles sont les qualités requises pour manager l’entreprise créée ?
M. Constantin Amouzou : ‘’ À part ces valeurs morales précitées, il faut des qualités managériales proprement dites. Il y en a toute une kyrielle.
Il faut des qualités intellectuelles et physiques, au moins le minimum d’intuition et d’intelligence des affaires. Aimer ce qu’on fait, susciter l’envie de faire comme vous auprès de vos collaborateurs, cultiver la rationalité, utiliser au maximum les outils modernes de management, les sciences économiques et de gestions. Beaucoup lire, s’instruire et se laisser former.
Instituer pour soi et pour son équipe une politique de formation permanente, disposer de l’intelligence économique pour être au courant de ce qui se passe et avoir les dernières informations. Faire de la prospection et se projeter dans un avenir plus ou moins lointain pour être le numéro 1 dans vos activités.
Le coté physique aussi est important. Les activités sportives permettent non seulement de garder la bonne santé, mais aussi de renouveler son mental.’’
L-FRII : CECO GROUP SA cette année, sur le plan académique, a octroyé des bourses d’études à 48 étudiants des Universités de Lomé et de Karatriés par ordre de mérite. M. le Président, pourquoi ce choix ?
M. Constantin Amouzou : ‘’ À CECO GROUP SA, nous disons que la formation des étudiants est une affaire de tous, y compris les principaux ‘utilisateurs’ de ces jeunes, les entreprises. Il ne faut plus que les entreprises attendent sans rien investir et dire à la fin que les jeunes qui sortent ne sont pas à la hauteur de leurs attentes.
Il s’agit d’un acte de solidarité et de prise, de notre part, de responsabilité dans la formation de ces jeunes. Aussi, c’est une façon de faire du ‘recrutement choisi’. Ce sont les meilleurs étudiants, nous investissons, ils finissent vite, nous les prenons en stage et s’ils confirment en entreprise, ils sont recrutés. C’est un planning du recrutement pour l’avenir.’’
L-FRII : M. le Président, quel message auriez-vous pour la jeunesse togolaise ?
M. Constantin Amouzou : ‘’ Le Togo notre pays ne peut se construire sans le travail de ses filles et fils. Ce travail de construction ne peut se faire qu’en entreprise organisée où chacun fait sa part de boulot avec la volonté de bien faire.
Il faut que les jeunes aient des initiatives et imaginent des solutions innovantes qui puissent être bénéfiques à la population.
S’ils ont la chance d’être recrutés en entreprise, qu’ils ne renoncent pas à ce qui fait d’eux des entrepreneurs quel que soit le cadre. Un collaborateur, un employé doit considérer son poste, son département et sa tâche comme son entreprise.
Le plus important, c’est de garder cet état d’esprit et mental de gagnant, à savoir l’envie de bien faire, de satisfaire son client, son supérieur hiérarchique et faire plus que ce qu’on attend de soi. Je vous remercie ! ‘’
L-FRII : Merci Président pour votre disponibilité.