Madagascar / Andry Rajoelina : depuis sa cachette à l’étranger, le président fait une importante demande

Andry Rajoelina

Crédits photo : RFI / © Capture d'écran Facebook/Présidence de la République de Madagascar

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Andry Rajoelina a pris la parole lundi soir depuis un lieu inconnu. Le président malgache refuse de démissionner. « Il n’y a qu’une seule issue pour résoudre ces problèmes, c’est de respecter la Constitution en vigueur dans le pays », a-t-il déclaré lors d’un direct diffusé sur les réseaux sociaux.

Toutefois, l’allocution n’a pas été retransmise par la télévision publique TVM. Un groupe de soldats armés s’est en effet présenté au siège de la chaîne. Le président, âgé de 51 ans, affirme se trouver dans un « lieu sûr » après une « tentative de meurtre ». Il ne précise pas sa localisation exacte.

RFI a révélé que le chef de l’État avait embarqué dimanche à bord d’un avion militaire français, direction La Réunion, puis une autre destination avec sa famille. Néanmoins, Emmanuel Macron, depuis l’Égypte, a refusé de confirmer cette information. Le président français a toutefois exprimé sa « grande préoccupation » pour Madagascar.

La capitale Antananarivo a connu de nouvelles scènes de joie lundi. Des milliers de manifestants ont rejoint les militaires pour réclamer le départ du président. Le mouvement de contestation, démarré le 25 septembre, dénonçait au départ les coupures incessantes d’eau et d’électricité.

Le Capsat, unité militaire d’élite, a appelé ce week-end les forces de sécurité à refuser de tirer sur les manifestants. Cette même unité avait joué un rôle central dans le coup d’État de 2009 qui avait porté Rajoelina au pouvoir, déjà à la suite d’une mobilisation populaire.

« Au tout début, ce qu’on demandait, c’était l’électricité, la liberté de s’exprimer, mais on attend actuellement sa démission », assène Steven Mandimbiarivong Rasolonjanahary, étudiant en droit de 19 ans. Des milliers de jeunes ont ainsi convergé vers la place du 13-Mai, lieu symbolique baptisé en hommage aux victimes d’un soulèvement populaire en 1972.

Par ailleurs, le président du Sénat, Richard Ravalomanana, a démissionné ce week-end. Surnommé « Général Bomba » pour son usage généreux des grenades lacrymogènes lors de la crise de 2009, il était accusé d’être un acteur central de la répression. L’homme d’affaires Maminiaina Ravatomanga, proche du chef de l’État, a fui dimanche matin vers l’île Maurice voisine.

Le gouvernement mauricien a confirmé cette information. Bref, le cercle rapproché du président se délite.

Les Nations unies font état d’au moins 22 morts au début des manifestations. Plus d’une centaine de personnes ont été blessées. Les protestations se poursuivent malgré la répression.

Le Conseil de sécurité de l’Union africaine a publié un communiqué lundi. Il « rejette catégoriquement toute tentative de changement anticonstitutionnel du gouvernement dans le pays ». L’organisation exhorte les unités des forces armées malgaches à « s’abstenir de toute ingérence dans les affaires politiques ».

Andry Rajoelina a été élu en 2018, puis réélu en 2023 pour un mandat de cinq ans. Le scrutin avait été boycotté par l’opposition. Madagascar compte 32 millions d’habitants. Au moins 80 % vivent avec moins de 15 000 ariary par jour, soit 2,80 euros, le seuil de pauvreté défini par la Banque mondiale.

Le président a accordé lundi des remises de peine par décret présidentiel. Parmi les bénéficiaires figure Paul Maillot Rafanoharana, Franco-Malgache emprisonné depuis 2021 pour tentative de coup d’État. Ce dossier constituait un point de crispation entre Paris et Antananarivo.

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