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Majik Water, cette invention qui change l’air en eau potable grâce à l’énergie solaire

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Une jeune entrepreneuse kenyane, Beth Koigi, a imaginé un système capable de transformer l’humidité de l’air en eau potable grâce à des générateurs alimentés par des panneaux solaires. Une invention qui a déjà commencé à faire ses preuves.

L’accès à l’eau potable reste l’un des plus grands défis de la planète. Selon les Nations Unies, plus de 1,2 milliard de personnes n’ont toujours pas accès à de l’eau sûre à travers le monde. Un manque qui cause chaque année la mort de centaines de milliers d’enfants contaminés par de l’eau souillée. Et la situation pourrait s’aggraver dans un avenir proche malgré les efforts.

D’ici 2025, ce sont près de 1,8 milliard de personnes qui pourraient souffrir de ce manque. C’est pour lutter contre ce problème qu’une jeune Kenyane a imaginé un système innovant : un dispositif capable de transformer l’humidité de l’air en eau potable, le tout en utilisant uniquement de l’énergie solaire. Son nom : Majik Water.

Charte de l'eau, bassin de la volta, Benin, Burkina Faso Côte d'ivoire, Mali, le Ghana et le Togo,Pour Beth Koigi, tout a commencé à son université dans l’Est du Kenya. Alors qu’elle se trouvait dans son dortoir, elle a constaté avec effroi que le robinet ne fournissait que de l’eau souillée et contaminée par des bactéries. En quelques mois, elle a réussi à concevoir son premier filtre puis rapidement d’autres qu’elle s’est mise à vendre autour d’elle.

En 2016, la sécheresse a toutefois frappé le pays et exposé la jeune étudiante à des restrictions d’eau. “Rester des mois sans eau du robinet est devenu une situation très pénible”, raconte Beth Koigi à The Guardian. “Là où je vivais, nous n’avions pas du tout d’eau au robinet, même pour faire des choses simples comme aller aux toilettes – alors j’allais au centre commercial”.

C’est ainsi que la jeune étudiante a commencé à réfléchir au manque d’eau et au moyen d’y remédier. Le projet Majik Water – dont le nom provient du swahili “maji” qui signifie “eau” et “kuna” pour “récolte” – est né peu après de l’association avec deux autres jeunes femmes, Anastasia Kaschenko, scientifique américaine et Clare Sewell, économiste britannique.

L’invention repose sur un constat simple : “il y a six fois plus d’eau dans l’air que dans toutes les rivières de la planète. A chaque degré supplémentaire de température, l’eau commence à s’évaporer au sol mais augmente d’environ 4% dans l’atmosphère”, détaille Beth Koigi. Or, “c’est de l’eau qui n’est pas exploitée”.

Majik Water utilise des matériaux hydrophiles et déshydratants tels que du gel de silice pour capturer l’eau qui se trouve dans l’air. Le gel est ensuite chauffé à l’aide d’énergie solaire récoltée par des panneaux photovoltaïques afin de libérer de la vapeur d’eau. Cette dernière est alors condensée et filtrée en utilisant du charbon actif.

Un premier prototype a été testé dans un centre de la NASA en Californie où le taux d’humidité atteint les 58%, soit un taux similaire à celui rencontré au Kenya. Selon ses conceptrices, l’invention est actuellement capable de générer 10 litres d’eau filtrée par jour, pour un coût très réduit et sans avoir besoin d’être relié au réseau électrique. Des résultats prometteurs que les trois co-fondatrices entendent bien surpasser.

Elles espèrent maintenant pouvoir développer la technologie pour lui faire atteindre un rendement de 100 litres par jour, pour un coût de moins de 10 centimes par 10 litres. Des performances qui n’ont pas manqué d’attirer l’attention. Le projet vient en effet d’être récompensé par le prix EDF Pulse Africa et figure parmi les finalistes du prix Afrique de la Royal Academy of Engineering.

Néanmoins, Beth Koigi et son équipe ne sont pas les seules à plancher sur ce type de technologie permettant de créer de l’eau potable à partir de l’air. D’autres projets similaires ont également vu le jour tel que WeDew. “Le problème est que de plus en plus de personnes souffrent de la sécheresse ou sont exposées à de l’eau contaminée par des éléments dangereux mais coûteux à éliminer”, souligne Beth Koigi dans un article paru sur le site du Programme Environnement des Nations Unies.

“C’est dans ces situations de sécheresse ou de contamination que de l’eau issue d’air est réellement utile et prend du sens d’un point de vue économique”, poursuit-elle. “Et alors que le coût de production d’eau à partir d’air chute – c’est ce que nous recherchons à faire avec notre propre prototype – cela va augmenter les situations” où cette technologie devient particulièrement intéressante.

Avec Geo