Le Mali a observé récemment la reprise des activités à la mine d’or de Loulo-Gounkoto. Pour rappel, le complexe aurifère, parmi les plus productifs du continent, avait cessé toute activité en janvier dernier sur ordre des autorités maliennes.
La reprise s’effectue désormais sous administration étatique, après des mois de confrontation entre Bamako et le géant canadien Barrick Gold.
Soumana Makadji, ancien ministre de la Santé, dirige provisoirement le site pour une durée de six mois. Ce choix personnel du tribunal de commerce vise à maintenir les opérations tout en garantissant au trésor public les revenus attendus. Les paiements aux fournisseurs, gelés depuis le début de l’année, ont repris.

Un affrontement sur fond de souveraineté
Le conflit déborde largement le terrain technique. Barrick conteste devant des instances internationales la saisie du complexe et les accusations portées contre ses dirigeants. Quatre employés restent détenus depuis novembre, accusés de blanchiment et de financement du terrorisme.
La société canadienne rejette ces allégations qu’elle juge sans fondement et rappelle que ses filiales bénéficient de garanties contractuelles contre toute modification du régime fiscal.
L’affaire a pris une tournure spectaculaire lorsque des représentants gouvernementaux sont arrivés par hélicoptère pour repartir avec une tonne de métal précieux. Ce geste, perçu comme une démonstration de force par les nouvelles autorités, a néanmoins refroidi les investisseurs étrangers présents dans le secteur minier malien.
Une stratégie économique audacieuse
Le ministre des Mines, Amadou Keita, affirme que la production servira directement l’économie nationale. Cette posture s’inscrit dans une volonté affichée de reprendre le contrôle des ressources naturelles, encouragée par la flambée des cours de l’or, en hausse de près de 60% depuis janvier.
Les autorités de transition ont d’ailleurs révisé le code minier en 2023 pour accroître la participation de l’État dans les projets extractifs.
Enfin, cette orientation comporte des risques financiers. En écartant un acteur de premier plan, le Mali parie sur une gestion autonome dont les résultats restent incertains.
D’autres compagnies présentes dans la région, comme Allied Gold ou B2Gold, ont préféré négocier des accords avec Bamako pour préserver leurs activités. Barrick a suspendu ses opérations à Loulo-Gounkoto en janvier après que le gouvernement dirigé par les militaires ait bloqué les expéditions du complexe puis saisi trois tonnes d’or.