Très présent sur la scène politique malienne ces dernières années, l’Imam Mahmoud Dicko est devenu ‘faiseur de roi’. A l’origine de l’insurrection ayant conduit au coup d’Etat contre Ibrahim Boubacar Kéita, ses positions sur les dernières évolutions de la situation au Mali sont très scrutées.
Dans une récente interview, l’Imam est longuement revenu sur les commentaires et décisions du président français Emmanuel Macron qui voit d’un mauvais œil le dialogue avec les djihadistes que tente le nouveau pouvoir de Bamako.
En effet, pour l’influent prédicateur, la France n’a pas à refuser ou à accepter cette discussion. « Ce n’est pas à la France que l’on demande de discuter avec qui que ce soit, c’est au Mali, qui est un pays souverain ! »
Pourquoi ne devrait-on pas parler avec des gens qui sont nos compatriotes, s’interroge-t-il ; avant de poursuive : Certes, ils ont eu, à un moment, un comportement non-républicain. Mais ce sont nos enfants, nos élèves, nos fils. Pourquoi refuser de parler avec eux plutôt que d’essayer de trouver une approche qui puisse les ramener ?
Il faut savoir faire preuve de tolérance et d’humilité. Quand un pays souverain est assisté militairement par un pays ami, cela ne justifie pas que ce dernier doive lui imposer ses diktats. Le ton de la France, souvent, ne plaît pas aux Maliens. Dire à un peuple ami : « Si vous ne faites pas ce qu’on dit, on s’en ira », cela pousse au radicalisme. Ce ton est un ton radical. On ne soigne pas le radicalisme par le radicalisme !
Néanmoins, Mahmoud Dicko nuance. Le prédicateur voit d’un bon œil l’annonce du départ progressif de Barkhane par Emmanuel Macron, car selon lui, ce ne serait pas à la France « d’imposer ses solutions » au Mali.
La France ne m’aime pas
Je sais que la France ne m’aime pas, car je ne suis ni un prêtre, ni un cardinal, ni un archevêque. Je suis un imam. Et c’est un mot qui fait peur à la France. Mais ce ne sont pas des imams qui ont pillé ce pays, opposé les communautés les unes aux autres et installé la mauvaise gouvernance… Ce sont les politiques maliens qui ont détourné des milliards et mis ce pays à genou, pas l’imam Dicko. Je n’ai pas été Premier ministre, ou ministre. Je ne suis comptable de rien.