C’est officiel à Bamako, capitale du Mali ; les « soirées Dior » sont interdites. Le gouvernorat de Bamako vient en effet de donner le coup d’arrêt à ce phénomène viral qui divise la société malienne.
C’est par la décision n°2025-1579/GDB-CAB du 8 septembre 2025, qu’Abdoulaye Coulibaly, gouverneur du District de Bamako, a mis un terme aux manifestations publiques baptisées « soirée Dior » ainsi que « les pratiques assimilées contraires aux bonnes mœurs ».
Le document officiel, signé au nom de la République du Mali, invoque des « raisons d’ordre public » pour justifier cette interdiction radicale.
Ainsi, le texte précise que cette décision s’applique à « l’étendue du territoire du District de Bamako ».
Les autorités ne plaisantent pas avec l’application de cette mesure. D’ailleurs, le gouverneur mobilise un arsenal administratif impressionnant pour faire respecter l’interdiction.
Selon la décision gouvernementale, plusieurs corps sont désormais chargés de l’exécution de cette mesure.
Les sous-préfets des arrondissements du District, les maires et présidents de délégation spéciale des communes, l’agent chargé d’expédier les affaires courantes de la commune VI et le directeur régional de la Police nationale du District de Bamako doivent veiller au grain. Cette mobilisation générale est la preuve de la gravité accordée par les autorités à ce phénomène social émergent.
Mais que désigne exactement cette appellation « soirée Dior » qui fait tant polémique ? Le terme trouve ses origines dans l’univers de la mode vestimentaire traditionnelle malienne.
Le terme « Dior » renvoie simplement à des boubous de grande qualité, confectionnés dans des tissus raffinés et colorés, selon Bamada.net. Ces événements prennent la forme de rassemblements exclusivement féminins, généralement organisés dans des espaces privés de la capitale.
Cependant, la réalité de ces soirées dépasse largement le simple cadre vestimentaire. Les « soirées Dior » sont devenues un phénomène viral, largement relayé sur les réseaux sociaux, où des images et vidéos montrent des rassemblements exclusivement féminins, caractérisés par des comportements jugés libertins et obscènes par les autorités, rapporte Bamada.net. Ce qui met en lumière la dimension controversée de ces événements qui ont enflammé les débats sur les plateformes numériques.
La propagation de ces soirées via TikTok et autres réseaux sociaux a créé une onde de choc dans la société malienne.
Les vidéos circulant en ligne montrent des jeunes femmes adoptant des attitudes et des danses considérées comme provocantes par une partie de la population.
Les autorités religieuses ne sont pas restées silencieuses face à cette évolution. Le fils du guide religieux Ançar Dine, Ibrahim Haïdara, a publié une vidéo relayée en ligne, appelant les autorités à réagir face à ce qu’il qualifie de phénomène pernicieux, compromettant l’éducation de la jeunesse, selon le Journal du Mali.
Le phénomène ne se limite pas aux frontières maliennes. En Guinée, la commune urbaine de Siguiri a pris un arrêté interdisant la « danse Dior » dans tout lieu public, au motif de son caractère « sensuel », jugé contraire à la pudeur, rapporte encore le Journal du Mali.
Pour les jeunes participantes, ces soirées représentent probablement un espace d’expression et de liberté. Elles y trouvent un moyen de se réapproprier leur corps et leur féminité dans des sociétés où les normes traditionnelles demeurent prégnantes. Néanmoins, cette quête d’émancipation se heurte aux valeurs conservatrices profondément ancrées dans la culture malienne.
Il convient de retenir que des sanctions sont prévues contre les récalcitrantes. Elles restent néanmoins floues dans le document consulté.
Le texte évoque simplement que « tout contrevenant à la présente mesure sera sanctionné, conformément aux lois et règlements en vigueur ». Cette formulation laisse une marge d’interprétation aux forces de l’ordre chargées de l’application de la mesure.
Reste désormais à observer comment cette interdiction sera appliquée sur le terrain et si elle parviendra à éteindre le phénomène.
