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Mali : les autorités sans réponses face à une série de décapitations dans le pays

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Des actes macabres dans un climat politique instable.

Le corps sans vie de Bouma C., un homme d’une cinquantaine d’années père de 4 enfants, a été découvert au petit matin dans sa chambre à coucher. Décapité. C’est la neuvième fois en deux ans qu’une scène similaire est découverte à Fana, une ville de 36 000 habitants au sud du Mali, préservée des troubles qui sévissent dans le centre et au nord du pays. Le mode opératoire est toujours le même : « On tranche la tête, on prend le sang et on laisse sur place le corps et la tête », résume le procureur Boubacar Diarra, pour l’AFP. Le huitième meurtre remonte au 10 juin dernier : le corps exsangue de Bakary Sangaré, un ancien soldat, a été retrouvé par son frère devant la porte de sa maison. Sa tête posée à côté.

Si la méthode ne change pas, il est en revanche très difficile de trouver un point commun entre les victimes : une ménagère, un gardien d’antenne téléphonique, une fillette de deux ans, un enfant albinos de cinq ans. Un seul élément récurrent, selon l’AFP : toutes les personnes tuées vivaient dans les zones isolées géographiquement et six sur huit habitaient le quartier de Badialan, à la limite de la brousse. Et le procureur n’a guère de doute : « Nous pensons qu’il y a un lien entre ces neuf crimes. » Malheureusement, les éléments matériels sont peu nombreux : un véhicule noir aperçu près d’une scène de crime, un téléphone borné près d’une autre. Presque rien.

Mais quel est le mobile de cette série d’assassinats ? Les pistes de règlements de comptes et de motifs crapuleux ont été écartées. Reste l’hypothèse de meurtres rituels, renforcée par l’assassinat en mai 2018 de Djéneba, une fillette albinos. Une tradition occulte attribue des vertus magiques aux parties du corps des personnes atteintes de cette particularité génétique et depuis plusieurs années les meurtres d’albinos se multiplient en Afrique australe dans le cadre d’un trafic où l’argent et le sang coulent à flots : selon les Nations unies, un bras peut atteindre le prix de 2000 dollars (1,1 million FCFA) et un corps entier, 75.000 dollars (42 millions FCFA environ).

A l’époque, le meurtre de la petite Djéneba n’avait pas été relié à cette série macabre qui n’en était qu’à ses débuts. Par la suite, les décapitations se sont succédé, suscitant des vagues de colère dans la population et des manifestations pour dénoncer l’impuissance des autorités à mettre fin à la psychose.

Ce n’est qu’en 2019 qu’a été inauguré le premier commissariat de Fana, autorisant une présence policière plus constante dans les rues de la ville, aux côtés des gardes nationaux qui assuraient jusqu’à présent la sécurité. Et les enquêteurs n’ont pas chômé avec onze arrestations depuis deux ans. Hélas, sans résultat : les meurtres se sont poursuivis et la terreur demeure.

Avec Paris Match