L’ONU sort du silence devant les manifestations qui se sont déroulées à Madagascar. Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Volker Türk, a en effet appelé ce vendredi 10 octobre 2025 les autorités malgaches à « cesser le recours à une force inutile », au lendemain de manifestations à Antananarivo ayant fait de nombreux blessés parmi les contestataires.
Des milliers de manifestants se sont encore rassemblés jeudi dans la capitale malgache, à l’appel du collectif instigateur, il y a deux semaines, d’un mouvement de protestation contre les coupures d’eau et d’électricité, qui a mué en une contestation du pouvoir incarné par le président Andry Rajoelina, 51 ans.
« Nous recevons des informations inquiétantes faisant état de la poursuite des violences contre les manifestants de la part de la gendarmerie », indique un communiqué du Haut-Commissariat diffusé vendredi sur les réseaux sociaux.

Dans celui-ci, Volker Türk « renouvelle son appel aux forces de sécurité à cesser le recours à une force inutile et à respecter les droits à la libre association et au rassemblement pacifique ».
La veille, à Antananarivo, un homme poursuivi puis roué de coups par les forces de sécurité a été laissé inanimé au sol, avant d’être évacué par la Croix-Rouge, avait observé un journaliste de l’AFP dans le quartier d’Anosibe, comme le montraient aussi des vidéos virales sur les réseaux sociaux.
Par ailleurs, au moins quatre personnes ont été blessées par des balles en caoutchouc, dont une blessure ayant nécessité des points de suture, et deux par des éclats vraisemblablement issus de grenades assourdissantes, d’après les observations de journalistes de l’AFP et les bilans des rares organisations médicales faisant état de leurs interventions, SOS Médecin et Medikelly.
Faute d’appel à manifester vendredi, la capitale malgache était de retour au calme mais demeurait bouclée par les forces de l’ordre, a constaté une équipe de l’AFP. La vie suivait son cours, perturbée seulement par les barrages routiers et les bouchons qu’ils pouvaient causer.
L’état-major mixte malgache chargé du maintien de l’ordre a confirmé vendredi des « mesures strictes » qu’il a justifiées par des « velléités » chez les manifestants de « terroriser la population » ainsi que de « provoquer des pillages ».
Au moins 22 personnes ont été tuées au début des manifestations commencées le 25 septembre et plus d’une centaine blessées, d’après un bilan de ce même Haut-Commissariat quatre jours plus tard.
« Parmi les victimes figurent des manifestants et des passants tués par des membres des forces de sécurité, mais aussi d’autres tués lors des violences et des pillages généralisés qui ont suivi, perpétrés par des individus et des gangs sans lien avec les manifestants », précisait ce même bureau onusien.
Le chef de l’État, Andry Rajoelina, a démenti des « chiffres erronés » mercredi, estimant les « pertes de vies » à douze, tous « des pilleurs, des casseurs », selon lui.
Après un ton conciliant et le renvoi du gouvernement, le président a pris un tournant sécuritaire en nommant un militaire comme Premier ministre, ainsi que seulement trois nouveaux ministres jusqu’ici : ceux des Armées, de la Sécurité publique et de la Gendarmerie. Le pays « n’a plus besoin de perturbation », a-t-il souligné.