Meilleur que Messi ?
Paris, juin 2016. A l’occasion d’un match réunissant d’anciennes gloires du football, Diego Maradona glisse à Pelé : « C’est une bonne personne, mais il n’a pas de personnalité. Il n’a pas la personnalité pour être un leader. » Le joueur visé par l’Argentin est son compatriote Lionel Messi. Entre les deux génies, ça a toujours été « je t’aime moi non plus. » Si le sextuple Ballon d’Or barcelonais reste discret et mesuré sur son aîné, Maradona, lui, jongle entre les éloges et les tacles. Une question d’ego sans doute. Et la lassitude des inévitables comparaisons : le talent, le poste, l’Argentine, le Barça, premier club européen de Maradona…
Mais à l’heure où Diego Maradona souffle ses 60 bougies, ce vendredi 30 octobre 2020, force est de constater que les deux carrières, aussi légendaires soient-elles, sont diamétralement opposées. Pour preuve, à l’âge de Lionel Messi, c’est-à-dire 33 ans, le génial champion du monde 1986 n’était plus que l’ombre de lui-même. Si Messi a traversé sa première zone de turbulences cette année, Maradona, lui, en avait déjà vécu 1.000 en 1993…
Sept ans ont passé depuis le triomphe du numéro 10 à la Coupe du monde mexicaine. Cette année-là, Maradona évolue au FC Séville. Après son passage mythique à Naples, un lent déclin, une longue suspension causée par un contrôle positif à la cocaïne et un transfert avorté à l’OM, le mythique joueur argentin espère se relancer avec le club entraîné par Carlos Bilardo, le sélectionneur de l’Argentine sacrée championne du monde en 1986.
Monchi sous le charme
Monchi, ex-gardien de but sévillan avant d’en devenir le directeur sportif, n’a pas oublié son arrivée : « Un soir, après avoir mangé, Carlos (Bilardo) nous a tous emmenés dans une chambre et nous a expliqué qu’à partir de ce jour, l’équipe allait être divisée en deux groupes : Maradona d’un côté, nous autres de l’autre, déclare-t-il à Jotdown. Il aurait des habitudes et nous en aurions d’autres. »
Si l’intégration de Maradona se passe bien, Monchi n’y est pas étranger. La « diva » ne pouvant pas faire un pas dehors sans être assaillie par les fans et les journalistes, Maradona décide de sortir se promener le matin, à 8h. Et c’est Monchi qui lui sert de guide : « Nous sommes devenus amis. » Un jour, sans occasion particulière, Maradona lui offre une montre Cartier. L’Argentin n’avait pas oublié cette promenade à Barcelone au cours de laquelle, intrigué par l’objet de luxe, il avait reçu comme réponse de la part de Monchi : « Non Diego, c’est une fausse, je l’ai achetée à Ibiza pour 5.000 pesetas. »
Un bilan décevant et un clash avant de partir
Et sur le terrain alors ? Aux côtés d’un autre Diego, Simeone, la légende est clairement en surpoids. Le manque de compétition après presque deux ans sans jouer pour cause de suspension se fait aussi sentir. Alors que Lionel Messi régale toujours à 33 ans, lui ne le fait que trop rarement, même si ce sera le cas lors du choc face au Real Madrid. La faute à des genoux douloureux et des excès en tous genres. Son bilan est décevant : 5 buts en 25 matchs. Le FC Séville conclut la saison à la 7e place de Liga.
L’idylle avec Bilardo se termine mal. Le 13 juin, lors d’un match contre Burgos, l’entraîneur sort l’Argentin qui, furieux, jette son brassard en l’insultant copieusement. Il quitte le stade avant même la fin du coup de sifflet final et annonce à sa femme qu’il quitte Séville. Il ne sera pas l’idole de Séville, comme il l’avait été à Naples. S’il s’est excusé depuis auprès de Bilardo, arguant le stress pour son dernier match, il tient parole et retourne dans son pays. Direction les Newell’s Old Boys. Un retour raté, Diego Maradona étant plus que jamais rongé par son addiction aux drogues et plus en état de jouer au haut niveau à cause de ses kilos en trop. A 33 ans, il est un joueur fini. Has been. Ses heures de gloire et ses titres font partie du passé. Des années 80. Lionel Messi, lui, peut toujours rêver d’un septième Ballon d’Or…
Avec RMC Sport