Marié à une femme pendant 35 ans, il refait sa vie avec un homme : « C’est le rêve »

Crédit Photo : Europe1

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Après 35 ans de mariage, Jean, 67 ans a divorcé de sa femme ( il y a dix ans, au lendemain de sa retraite) pour refaire sa vie avec … un homme. Pourquoi a-t-il décidé de quitter son épouse ?

« Il y a d’abord eu la rencontre, on sent un amour qui naît, puis il y avait l’ennui de l’autre côté. Les deux rassemblés nécessitent une coupure. Quand on est à la retraite, on se dit qu’on vieillit. Il faut sauter le pas pour ne pas perdre de temps. Quand j’ai dit à mon ex-épouse que ça ne collait plus, elle a compris que j’avais rencontré quelqu’un. Ce que je ressentais pour mon ex-épouse, c’était de l’amour, pour moi. Maintenant, je sais vraiment ce que c’est. C’est quelque chose de plus fort et intense. »

Jean avait rencontré André « dans le train. On a discuté. En arrivant, il m’a demandé de le ramener. On a bu un coup. Puis, on s’est revus. C’est hors norme, mais dans le fond, je me disais que c’était sans doute ce que je cherchais depuis longtemps. Soit on reste sage et on reste marié, soit on va dans la tromperie. J’ai opté pour la deuxième solution. Au bout d’un certain temps, ce n’était plus vivable. On savait, l’un comme l’autre, qu’il fallait se montrer au grand jour pour que l’amour soit encore plus grand. »

Ce ne fut pas facile de prendre cette décision car, « il fallait annoncer que je m’en allais avec un homme, alors que tout le monde n’a pas l’esprit ouvert. On m’a dit : ‘Il est plus jeune que toi, quand il aura bouffé tout ton fric, il en trouvera un autre’. Est-ce qu’on peut vivre une vie de couple avec quelqu’un du même sexe quand on a été 35 ans avec une femme ? Je savais sans doute que j’étais gay depuis tout petit. Pour faire comme les autres, on se marie, on entre dans la norme, puis on n’en bouge plus. À un moment, ça explose », confie-t-il.

« Avant, je n’avais pas l’amour qui allait me donner le courage nécessaire pour franchir le pas. Il se trouve que ça s’est passé au moment de la retraite. Mon ex-femme m’a dit : ‘Je ne t’empêche pas de continuer à le voir, je ne suis pas jalouse d’un homme, mais on reste ensemble’. C’est une réponse qui ne me satisfaisait pas du tout. Je ne voulais pas aller le voir de temps en temps. Ce que je voulais, c’était construire quelque chose et vivre tout à deux. Quand mon épouse et moi nous sommes séparés, elle m’a prêté une toile de tente. On s’est installés au camping. C’était un peu folklorique, mais c’était extraordinaire. On y est restés plus d’un mois. Pour moi, partir à La Réunion, c’était un rêve irréalisable. Je me dis que ce n’est pas possible que ce rêve inaccessible se réalise. On a toujours des regrets. D’abord, on s’en va à 10.000 km. On va être coupés de nos proches, ma fille et mes petits-enfants. Il y a le regret de l’éloignement, mais aussi le regret de ne pas l’avoir fait plus tôt. »

« Je suis heureuse de voir mon père heureux. Il a rajeuni de dix ans »

Le jour où son père lui a annoncé qu’il quittait sa mère et qu’il avait rencontré un homme, Florence, la fille de Jean, s’en souvient. « J’étais venue déjeuner chez mes parents. En faisant la vaisselle, mon père, avec qui je n’avais pas de relations proches, m’a dit : ‘Il faut que je te parle’. Je m’attendais à ce qu’il m’annonce une maladie. J’ai la phrase qui résonne toujours dans ma tête : ‘Tu as dû te rendre compte que ça n’allait pas entre ta mère et moi. On va se séparer’. J’ai accusé le coup et lui ai demandé s’il y avait une autre femme. Il m’a dit : ‘Ce n’est pas une femme’. Ça a été l’annonce à laquelle je ne m’attendais pas du tout », a-t-elle dévoilé.

« Ça fait drôle. Ce n’était pas l’homosexualité qui me dérangeait. Mon meilleur ami d’enfance est homosexuel. Là, c’était le papa et le grand-père. Ça a été la douche froide. Il m’a dit qu’il avait ça en lui depuis qu’il était petit. Puis, il s’est marié avec ma mère et ils ont eu des enfants. Je pense qu’arrivé à la retraite, plus rien ne le retenait. Nous, les enfants, étions installés dans nos vies respectives. Il m’a même dit : ‘Si je ne l’avais pas annoncé, je pense que je me serais suicidé’. Je préfère avoir mon père en vie avec un homme, que ne plus l’avoir. » Son frère par contre n’a pas accepté ce changement.

« C’est le rêve! »

Six mois après leur installation à La Réunion, Jean se confie : « C’est le rêve. Par moments, je me dis que ça ne peut pas être vrai. Mais il y a eu un événement catastrophique. J’avais depuis plusieurs années des difficultés de communication avec mon fils. On avait prévu, par l’intermédiaire de ma fille, de nous revoir avant de partir. Malheureusement, il est décédé avant même que l’on ait pu se voir. Même si on ne se parlait pas, c’est un événement extrêmement pénible. Je pense à ceux qui restent. Je pense à ses deux filles et à ma belle-fille. Je les ai invitées à venir. J’attends avec impatience la venue de tout ce petit monde. »

Avec Europe 1

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