En Afrique, ils sont légion les chefs d’Etat qui ont été ou qui sont encore sous l’emprise de gourous de tout acabit. Si cette propension tient au fond à la conception traditionnelle du pouvoir en Afrique, il n’en demeure pas moins vrai qu’elle a la vie dure.
Autrefois, en effet, tout chef traditionnel ou roi avait son gourou. Un chef spirituel, marabout ou sorcier, est un homme dont l’influence ou le pouvoir dépasse même celui du vrai détenteur qui en est investi, il figure dans le premier carré des conseillers de la cour.
10 – Idriss Déby Itno (Tchad)
Avant d’arriver au pouvoir, le président Idriss Déby Itno était déjà un abonné aux marabouts. C’est bien l’un d’eux qui lui a prédit qu’il allait devenir président de la République du Tchad. Son compagnon de maquis, le général Gouara Lassou raconte : «Alors que nous étions dans le maquis au Soudan, en plein doute, Idriss Déby et moi sommes allés un jour consulter un marabout. C’est lui qui l’avait trouvé. Au cours de la séance, il a dit à Déby qu’il allait accéder au pouvoir bientôt».
9 – Blaise Compaoré (Burkina Faso)
A ses débuts, le président Blaise Compaoré était l’un de ceux qui ont compté de nombreux marabouts de diverses nationalités à son service. Mais son ami et conseiller personnel Mustapha Chafi semble avoir éclipsé tout le monde. Il faut dire que le richissime homme d’affaires Mauritano-Nigérien lui rend d’éminents services pour qu’un autre puisse lui porter ombrage.
8 – Boni Yayi (Bénin)
Les évangélistes américains sont de plus en plus influents au sommet des pouvoirs africains au plus haut sommet par le truchement de leurs pasteurs locaux. On les retrouve dans les premiers cercles des présidents Thomas Boni Yayi du Bénin notamment.
7 – François Bozizé (Centrafrique)
Dans l’entourage des chefs d’Etat qui sont de confession chrétienne, il est à remarquer de plus en plus de gourous d’un nouveau type aujourd’hui. Le président François Bozizé de Centrafrique est ainsi sous influence de ses coreligionnaires chrétiens célestes (Eglise du christianisme céleste). Chaque fois que le président centrafricain effectue un voyage officiel au Bénin, il ne manque pas de communier avec les hauts responsables béninois du christianisme céleste.
6 -Mouammar Kadhafi (Libye)
L’ex-guide libyen, Mouammar Kadhafi, se méfiait beaucoup des marabouts blancs. Avant le déclenchement de la révolution libyenne, il aurait été soi-disant doté de «pouvoirs mystiques» par des marabouts: ils étaient sensés le rendre invulnérable aux balles. La suite des événements, avec sa capture et son assassinat à Syrte, a prouvé néanmoins qu’il ne s’agissait que d’une arnaque pure et simple.
5 – Abdoulaye Wade (Sénégal)
A ses compagnons des années 1974 à 1980 de Guédiawaye et Pikine qui sont venus lui demander de faire attention à ce qui est arrivé au président tunisien Zine el Abidine Ben Ali, le président Abdoulaye Wade du Sénégal avait répondu :
«Ceux qui pensent que cela peut m’arriver rêvent. Ils sont des méchants et des jaloux. Mais qu’ils sachent que mes marabouts sont plus forts que les leurs».
4 – Omar Bongo Odimba (Gabon)
Au Gabon, il est de notoriété publique que le président Omar Bongo était un franc-maçon. Initié à Angoulême, il a été le Grand Maître de la loge du Gabon, aujourd’hui reprise par son fils, Ali Bongo Odimba.
3 – Seyni Kountché (Niger)
Au Niger, Amadou Oumarou dit Bonkano (le chanceux) qui était le marabout du président Seyni Kountché, avait des pouvoirs si étendus qu’il en imprégnait la vie sociopolitique du pays.
2 – Gnassingbé Eyadema (Togo)
Gnassingbé Eyadema était particulièrement connu pour s’attacher les services des sorciers blancs. Lui-même faisant d’ailleurs de la sorcellerie africaine sa propre affaire. Le constitutionnaliste français, Charles Debbasch, restera le plus célèbre des marabouts blancs d’Eyadema.
En tant que conseiller, il aura été à l’origine de tous les tripatouillages de la Constitution du Togo, des actes extrêmement habiles. Il est vrai que Debbasch est un constitutionnaliste de très haut niveau.
1 – Mathieu Kérékou (Bénin)
Au lendemain de l’agression armée dirigée contre le régime marxiste-léniniste du Bénin par le mercenaire français Bob Denard, en 1977, le président Mathieu Kérékou avait jugé bon de devoir s’attacher les services d’un gourou.
Ainsi atterrit au Bénin, le sulfureux marabout malien, Mohamed Cissé. Les Béninois se souviennent toujours, du reste, du tout-puissant marabout malien, conseiller occulte et vrai patron de la sécurité présidentielle.