Mort de l’écrivain égyptien Sonallah Ibrahim, plume rebelle de la littérature arabe

Mort de l'écrivain égyptien Sonallah Ibrahim, plume rebelle de la littérature arabe

Crédit Photo : villagillet

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L’écrivain égyptien et figure de la littérature arabe Sonallah Ibrahim est décédé ce mercredi 13 août 2025, à l’âge de 88 ans, des suites d’une maladie, a annoncé le ministère égyptien de la Culture.

« Nous avons perdu une figure littéraire exceptionnelle », a réagi le ministre Ahmed Fouad Hanno, rendant hommage à cet auteur qui « laisse derrière lui un patrimoine littéraire et humain intemporel ».

Né au Caire en 1937, Sonallah Ibrahim s’est imposé comme l’un des écrivains les plus critiques du monde arabe postcolonial.

Sa plume s’est dressée contre la répression, les soubresauts politiques, le néolibéralisme et l’hégémonie occidentale, notamment dans son pays natal.

Son style épuré, presque documentaire, a franchi les frontières: nombre de ses romans ont été traduits en anglais et en français.

Son œuvre la plus célèbre, « Zaat » (1992), brosse le portrait de l’Egypte contemporaine — de la chute de la monarchie en 1952 aux années néolibérales sous le président Hosni Moubarak — à travers le regard ordinaire d’une femme de la classe moyenne.

Adapté à l’écran en 2013, le livre a trouvé un écho particulier auprès de la jeunesse égyptienne marquée par le Printemps arabe en 2011, qui a évincé M. Moubarak.

Frondeur de longue date, Sonallah Ibrahim a connu l’emprisonnement en raison de ses convictions de gauche sous le régime de Gamal Abdel Nasser — cinq années de détention qui nourriront son premier roman, « Cette odeur-là » (1966), longtemps interdit.

En 2003, il refuse un prestigieux prix littéraire offert par le gouvernement Moubarak, dénonçant un pouvoir qui, selon lui, « opprime son peuple, entretient la corruption et tolère la présence d’un ambassadeur israélien alors qu’Israël tue et viole », en référence aux abus présumés commis dans les Territoires palestiniens pendant la deuxième intifada (« soulèvement » en arabe).

Parmi ses écrits les plus marquants figurent également « Le Comité » (1981), satire kafkaïenne de la bureaucratie et de la surveillance, et « Le Petit Voyeur » (2007), récit semi-autobiographique de son enfance durant la Seconde Guerre mondiale.

© Agence France-Presse

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