“Nous sommes sur la Lune !”: une entreprise privée américaine a réussi à poser ce dimanche 2 mars, pour le compte de la Nasa, un robot sur le satellite naturel de la Terre, avant un autre alunissage prévu jeudi, signe de l’importance croissante du secteur privé dans l’exploration spatiale.
Le Blue Ghost Mission 1 de Firefly Aerospace s’est posé sans encombres à 03H34, heure de l’Est des États-Unis (08H34 GMT), près de Mons Latreille, une formation volcanique de Mare Crisium, sur la face nord-est de la Lune. Les images ont été retransmises en direct.
Après 45 jours de voyage, qui a permis à l’engin de prendre au passage nombre de photos spectaculaires, un ingénieur du centre de contrôle de la mission à Austin, au Texas, s’est exclamé “nous sommes sur la Lune !”, sous les applaudissements de toute l’équipe.
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C’est la deuxième fois qu’un engin privé réussit un alunissage, après la sonde Odysseus, en février 2024. Cette dernière avait toutefois été handicapée pendant son séjour lunaire par le fait qu’elle s’était posée sous un mauvais angle, cassant au moins l’un de ses six pieds et se retrouvant ainsi inclinée sur le sol lunaire.
Cette fois en revanche, Blue Ghost, robot compact doré de 2 mètres de haut et de 3,5 mètres de large (la taille d’un hippopotame), a aluni dimanche de manière “stable et verticale”, s’est félicité le patron de Firefly Aerospace, Jason Kim.
Un processus précis
“Nous avons effectué deux manoeuvres d’évitement des dangers lors de l’alunissage, ce qui montre que notre logiciel a fonctionné exactement comme il le fallait”, a déclaré aux journalistes la responsable du programme Blue Ghost, Ray Allensworth, soulignant aussi la précision du processus, le robot s’étant posé à moins de 100 mètres de sa cible.
Le vétéran de la conquête spatiale Buzz Aldrin, l’astronaute d’Apollo 11 âgé de 95 ans, s’est joint à la célébration depuis son domicile, en affichant ses félicitations sur X, accompagnées d’une vidéo de lui en pyjama, rayonnant et levant le pouce lors de la retransmission en ligne.
Blue Ghost, qui transporte divers instruments scientifiques de la Nasa, parmi lesquels un outil pour forer le sol lunaire et analyser ses températures, a ensuite rapidement envoyé de premières images du terrain rocailleux et semé d’embûches où il a dû définir de manière autonome son point d’alunissage, lors d’une lente approche finale à environ 3 km/h.
Manoeuvre périlleuse
Les manœuvres d’alunissage présentent des défis uniques en raison de l’absence d’atmosphère, qui rend les parachutes inopérants, et contraint les engins spatiaux à s’appuyer sur des poussées contrôlées avec précision pour ralentir leur descente. Jusqu’alors, cette manœuvre périlleuse n’avait été réussie que par une poignée de pays, à commencer par l’Union soviétique en 1966.
Avec Blue Ghost, les scientifiques espèrent étudier la poussière lunaire ou encore la “caractérisation de la structure et des propriétés thermiques de l’intérieur de la Lune”, avait expliqué une responsable de la Nasa en amont de son lancement.
Le robot, qui doit fonctionner pendant 14 jours terrestres, devrait notamment immortaliser au cours de son séjour un crépuscule ainsi qu’une éclipse totale lunaire, un événement survenant quand l’astre passe dans l’ombre de la Terre.
Blue Ghost avait quitté la Terre le 15 janvier à bord d’une fusée Falcon 9 de Space X, propriété du milliardaire Elon Musk. La fusée transportait également un engin Resilience de la société japonaise ispace, dont l’arrivée sur la lune est prévue au printemps.
La mission de Firefly Aerospace s’inscrit dans un partenariat entre la Nasa et le secteur privé visant à réduire les coûts et à soutenir Artemis, le programme destiné à ramener des astronautes sur la Lune.
Un autre exploit en vue
Jeudi, un autre robot spatial, Athéna – conçu pour la NASA par la société privée Intuitive Machines qui avait déjà lancé Odysseus – doit tenter d’alunir à son tour. Cet engin de plus de 4 mètres de haut a emprunté une trajectoire bien plus directe que Blue Ghost et doit se poser sur le pôle Sud de la Lune, objet de nombreuses convoitises car il s’y trouve de l’eau sous forme de glace.
Ces missions doivent permettre de tester des technologies visant à améliorer la navigation, dans l’objectif d’aider à préparer de futures missions humaines sur la Lune, dans le cadre du programme Artemis.
Les incertitudes autour de ce projet ne cessent cependant de croître: après de multiples reports, la Nasa table aujourd’hui sur un retour des astronautes à l’horizon “mi-2027”, mais le président Donald Trump s’est montré sceptique sur l’utilité de repasser par la Lune avant d’aller sur Mars.
© AVEC AFP