Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Nigeria : la police et la justice secouées par le meurtre glaçant d’un jeune diplômé togolais

Facebook
Twitter
WhatsApp

L’affaire remonte en novembre 2020. Frank, togolais de 38 ans né au Nigeria, peine à se trouver un travail malgré ses études. Son emploi de professeur de français est tombé à l’eau à cause des restrictions liées à la Covid-19. Mais il a trouvé une alternative en tant qu’agent de sécurité dans une cité de la région d’Ayobo à Lagos.

Le dimanche 28 novembre, alors qu’il assistait à une messe, il reçoit un appel qui l’invite à venir récupérer sa paie du mois. Il n’hésite pas à s’y rendre. C’est en route qu’il sera intercepté par un groupe d’individus qui le torturent et le rouent de coups mortels. Il est accusé de vol d’une batterie de voiture. Ses bourreaux, ayant fini leur basse besogne, vont déposer le corps du jeune père de 4 enfants dans un commissariat de police, présentant la dépouille comme un voleur, rapporte iciLome.

Les tortionnaires sont identifiés comme membres de l’OPC- Oodua People’s Congress- (une faction créée en 1994 afin de protéger et de promouvoir les intérêts du peuple yorouba). Au cours du lynchage, ils ont exigé une caution de 150 000 nairas, environ 203 000 F CFA pour libérer la victime. 9 personnes y compris des dirigeants communautaires sont arrêtés par la police et transférés au département des enquêtes criminelles et du renseignement de l’État de Yaba.

Selon nos confrères, dans un rebondissement sur l’affaire, il y a quelques jours, deux nouvelles personnes Ogunbayo Waliu, 46 ans, et Mukaila Salami, 42 ans, auraient été interpellées par le département des enquêtes criminelles contre la relaxe de 07 parmi les premiers détenus. Le tribunal de première instance aurait ordonné leur renvoi en attendant la publication d’un avis juridique de la part de la direction des poursuites pénales.

Mutilation à la morgue : un rite ou un règlement de comptes ?

Peter, le frère de la victime qui n’a pas dormi sur cette affaire, avait révélé que son jeune frère avait été tué parce que les jeunes de l’OPC l’accusaient d’avoir occupé leurs emplois. Peter avait également révélé que le bras de son frère avait été coupé à la morgue.

Une campagne de visibilité médiatique sur l’affaire a sorti les autorités locales de leur silence.

« Absolument très pathétique. Je viens de finir de lire toute l’histoire. Nous demanderons immédiatement au CP Lagos d’examiner la question et de découvrir quelle est la position actuelle, puis de faire le nécessaire », avait souligné le chef de l’unité de réponse aux plaintes contre la police, ACP Markus Basiran, dans un tweet cité par nos confrères.

Le responsable des relations publiques de la police d’État, CSP Muyiwa Adejobi, dans un communiqué publié jeudi, a relevé que le département d’investigations criminelles SCIID avait été mandaté pour aller au fond du problème. Il a mis en doute la responsabilité de la police dans la relaxe des suspects une fois que l’affaire avait déjà été portée devant la justice.

Il a également mis l’emphase sur la rigueur des investigations quant aux allégations de mutilation à la morgue. La chaîne hiérarchique a alors alerté tous les niveaux pour que l’attention soit portée sur cette affaire.

Nos confrères ajoutent que le père de la victime, 65 ans, était tombé mort, juste après avoir visionné la vidéo de la torture de son fils.

Dans un autre tweet, 99 % Oppressed Wikileaks qui se veut un journaliste d’investigation, allègue qu’il s’agissait d’une « conspiration pour faire passer Frank pour un voleur, afin de le tuer. Ils étaient en connivence avec un chargeur de batterie de voiture, qui est vu sur cette photo avec Frank, et dont le père est l’un d’entre eux…»

Dans l’extrait vidéo publié par le compte, on pouvait voir que le coaccusé de Frank lui, avait l’air bien portant.

Ce n’est pas la première fois qu’un Togolais se retrouve victime d’un tel crime au Nigeria. Toujours en 2020, un autre togolais a été tué par des membres de sa belle famille pour, selon les informations, des besoins de rites coutumiers.