Depuis le 03 janvier, date à laquelle le Président de la République a officiellement annoncé l’octroi d’un quota de 20% des marchés publics aux entreprises de jeunes et de femmes, c’est toute une batterie de mesures qui a été prise. Ceci afin de corriger la marginalisation dont les entreprises de jeunes ont jusqu’à lors fait l’objet dans l’accès aux marchés publics. Car, selon la ministre togolaise du développement à la base, Mme Victoire Tomegah Dogbé, “les jeunes ont longtemps été marginalisés par nos procédures”.
Au cours d’une conférence de presse au siège de l’Office togolais des recettes (OTR), ce jeudi à Lomé, la cellule de travail mise sur pied pour implémenter la mesure, a fait le point de toutes les actions entreprises depuis lors.
Et les avancées constatées sont significatives : sensibilisations, formations, renforcement des capacités, simplification des procédures entre autres, de nature à “multiplier les opportunités et facilités pour que la jeunesse s’épanouisse et participe effectivement au développement ” et permettre aux entreprises de jeunes et des femmes, de retrouver leur place en tant que maillon important dans l’économie du pays.
La “Task team” ; une force tactique
L’équipe est majoritairement composée de femmes et est à pied d’œuvre pour mobiliser les institutions de la république au profit des jeunes et femmes entrepreneurs. Mise en place deux jours après l’annonce de la mesure, cette “Task team” s’est fixée comme mission principale ” d’identifier les goulots d’étranglement auxquels la cible (jeunes et femmes entrepreneurs) peut être confrontée (…)”, a expliqué la Conseillère spéciale du Président de la République, Mme Reckya Madougou au cours des échanges, membre de la “team”.
Et ce n’est pas tout. Au prime abord, depuis le 16 janvier 2018, une circulaire a fixé aux autorités contractantes, l’impératif de réserver effectivement 20% de part des marchés publics aux entreprises de jeunes (dont l’âge est compris entre 18 et 40 ans) et des femmes (sans limitation d’âge). Et à ce jour, c’est à un montant de plus de 26 milliards de Francs CFA exclusivement dédiés que s’élèvent ces marchés. Un montant qui devra évoluer et atteindre la barre des 40 milliards.
De plus, trois classes de marchés, notamment les travaux d’infrastructures non complexes, les fournitures d’équipements et de services et les marchés de prestations intellectuelles (enquêtes, sondages, conception de logiciels) leur sont réservés, de même que la décentralisation de la gestion des marchés par le zonage des entrepreneurs afin que les consultations leur soient attribuées respectivement en fonction de leur situation géographique. Tout ceci, au lieu de faire entorse aux règles de droit relatives à la soumission des marchés publics, devra mettre toutes les chances du côté de ces entrepreneurs.
Afin de permettre aux jeunes entrepreneurs du pays de s’enregistrer en fonction de leurs domaines d’activités, la Direction nationale du contrôle des marchés publics (DNCMP) a mis sur pied un site internet qui enregistre déjà 1341 entrepreneurs dont 324 femmes. Ces derniers sont formés au fur et à mesure qu’ils s’enregistrent.
Que ce soit le Faiej, le Pradeb, l’Armp, l’incubateur d’entreprises Innov’up ou encore l’Anpgf, les actions de sensibilisation se poursuivent afin de livrer aux jeunes et aux femmes entrepreneurs tous les rouages et les mécanismes qui leur permettront de tirer le meilleur parti de cette mesure “audacieuse” tout en se libérant des préjugés.
Guichet unique entrepreneurial jeune/femmes, le tout-en-un
L’époque où les jeunes entrepreneurs étaient obligés de s’épuiser avec de longues démarches, se promenant dossiers en mains, d’un service à l’autre est désormais révolue. La trouvaille pour pallier ces tracas est le “Guichet unique entrepreneurial des jeunes et des femmes”. Faire les formalités relatives aux dossiers de soumission d’appels d’offres n’est plus qu’une question de 72 heures au maximum. Un délai qui selon la ministre du développement à la base sera au fur et à mesure des avancées revu à la baisse.
Mis en place depuis le 5 mars, elle servira de moyen pour orienter, donner l’information juste aux entrepreneurs et faciliter la délivrance des pièces nécessaires. Et ce, parce que le guichet rassemble dans les locaux de l’Office togolais des recettes (OTR) de Lomé, les services de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), de l’inspection du travail (ITLS), de l’ARMP ainsi que des services de l’OTR entre autres.
Cette formule devra permettre à chaque jeune entrepreneur effectuant les démarches, de réduire les coûts en termes de déplacement et de faire des gains significatifs de temps. Une jeune entrepreneur dans le secteur de la communication événementielle, retrouvée ce jeudi au guichet nous confie, toute souriante “(…) j’ai fait le dépôt le mardi. On m’avait dit que je devais revenir demain vendredi, mais je suis venu aujourd’hui parce qu’on m’a rappelé pour me dire que mon dossier est prêt.”
D’autres challenges en vue…
L’une des difficultés que rencontre les jeunes entreprises dans leur procédures de soumission aux marchés publics est l’accès au crédit auprès des banques de la place ou l’incapacité à fournir des garanties aux autorités contractantes. Sur cet aspect, Mme Madougou rassure, “Certains candidats ont des difficultés à fournir des garanties requises dans la soumission. Nous avons engagé des discussions avec certaines banques pour qu’elles leur accordent des facilités de crédit”.
Quant aux guichets, la ministre du développement à la base assure de l’ouverture prochaine de guichets du type de Lomé dans les autres villes du pays afin de rapprocher davantage les services des entrepreneurs. Une interconnexion entre les différents mécanismes et services est en cours d’opérationalisation afin de réduire les délais d’émission des documents nécessaires aux entrepreneurs pour leurs soumissions aux appels d’offres.
Comme le martèle la ministre du développement à la base, la balle reste dans le camp de la jeunesse. C’est à elle de tout mettre en œuvre pour leur pleine acquisition de ce quota de 20%. Un quota qui a toutes les chances d’évoluer si elle est bien assimilée par ses bénéficiaires.