Spécialiste du paludisme, diplômé en immunologie et docteur en santé communautaire, le Dr Tedros, a été ministre de la Santé et chef de la diplomatie de son pays, l’Ethiopie. Premier Africain à diriger l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, 57 ans, a été réélu pour un second mandat de 5 ans. Sa victoire était quasiment évidente. En effet, le docteur Tedros était le seul candidat en lice.
Son visage a été rendu familier dans le monde entier pour son combat mené contre la pandémie de Covid-19 qui reste l’une de ses principales préoccupations. L’homme de paix a été marqué par une enfance plongée dans la guerre mais aussi les récents conflits en Ukraine, au Yémen, en Syrie et en Ethiopie au cours de son premier mandat.
“Plus encore que les pandémies, la guerre ébranle et détruit les fondations sur lesquelles reposaient des sociétés auparavant stables” et les conflits laissent “des cicatrices psychologiques qui peuvent mettre des années ou des décennies à se refermer”, a récemment affirmé le Dr Tedros, pour qui “la paix est indispensable à la santé”.
Ces cicatrices sont autant de souffrances qu’il a lui-même endurées.
“Je suis un enfant de la guerre”, avait lancé dimanche le chef de l’OMS, très ému, à l’ouverture de l’Assemblée mondiale de la santé.
“Le bruit des coups de feu et des obus qui sifflent dans l’air, l’odeur de la fumée après l’impact, les balles traçantes dans le ciel nocturne, la peur, la douleur, la perte… ces choses sont restées en moi tout au long de ma vie, parce que j’étais au milieu de la guerre quand j’étais très jeune”, a-t-il dit. Lorsque ma mère entendait des coups de feu la nuit, “elle nous faisait dormir sous le lit (…) dans l’espoir que nous soyons protégés si un obus tombait sur notre maison”.
Des années plus tard, la guerre réapparaissant en Ethiopie en 1998, “cette peur” est revenue lorsque ce fut au tour des enfants du docteur de “se cacher dans un bunker”. Et alors que la région éthiopienne du Tigré, sa région natale, est en proie à un conflit depuis fin 2020, il avoue ressentir “à nouveau la même douleur”.
Son enfance a également été marquée par le décès d’un frère, faute de médicaments.
Chaleureux, le Dr Tedros est très apprécié, en particulier des Africains, pour avoir permis que le regard de la communauté internationale, notamment pendant la pandémie, se tourne davantage vers le continent.
Mais la principale critique lui est venue de son propre pays, Addis-Abeba l’accusant d’avoir “abusé de ses fonctions” après ses commentaires sur la situation humanitaire dans le Tigré.
Après un premier mandat marqué par le Covid, qui a mis à nu les faiblesses de l’OMS et du système sanitaire mondial, le Dr Tedros va devoir remporter le pari du renforcement de l’organisation onusienne pour notamment mieux prévenir et gérer les futures épidémies.
Avec 7sur7