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Où va l’Enseignement supérieur privé togolais ?

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M. Marcel Macy Akakpo, P-DG de l’ESGIS et Président du Cepest
M. Marcel Macy Akakpo, P-DG de l’ESGIS et Président du Cepest

Profitant de la libération du secteur de l’Enseignement supérieur togolais par l’État depuis plus de vingt-cinq ans, les privés se sont multipliés, pour le meilleur et pour le pire. Et donc pas toujours facile, pour les étudiants et leurs parents, de se retrouver face aux sirènes du marketing à chaque rentrée.

Une erreur de choix, et la sanction peut se révéler cruelle, car, plus tard munis des fameux ‘parchemins’, ils se retrouvent bloqués et contrariés à la phase de l’insertion professionnelle.

C’est l’une des situations qui ont conduit le Ministre Broohm en charge du secteur à assurer une large diffusion médiatique de la dernière liste des établissements privés agréés auprès de son Département en fin de l’année dernière. Une cinquantaine au total sur toute l’étendue du territoire national. Preuve que, créer un centre dans les normes ne s’improvise pas.

Au rang des initiatives pour amener le secteur à l’excellence, et à former des cadres et techniciens qui répondent aux besoins de l’économie, on note le Conseil présidentiel pour l’Enseignement supérieur, la Convention pour l’Excellence et la Valorisation de l’Enseignement supérieur au Togo (Cevest), le Conseil des Établissements privés d’Enseignement supérieur (Cepes), et divers formations et cadres pour définir un certain nombre de ‘best practices’.

Mais qu’en est-il réellement de la situation ? Les signaux sont-ils encourageants ? Les réformes en cours pour être au niveau des champions africains du secteur de l’Enseignement supérieur font-elles leurs preuves ?

M. Marcel Macy Akakpo, Président Directeur Général de l’École Supérieure de Gestion d’informatique et des Sciences (ESGIS) et Président du Cepest, une organisation regroupant les écoles privées du secteur, qui compte tenir au mois de février leurs états généraux, nous éclaire sur le sujet.

L’état des lieux

‘Les établissements privés d’Enseignement supérieur au Togo constituent depuis plus de deux décennies déjà, une possibilité d’étanchement d’une formation adéquate (…) Ils sont donc des partenaires de l’État dans l’acte formation, traditionnellement dévolu à ce dernier, mais qui seul, ne peut assumer face à cette massification sans cesse croissante d’étudiants’, fait remarquer le Président Marcel Akakpo.

En prenant notre exemple, depuis plus de 20 ans, l’École Supérieure de Gestion, d’Informatique et des Sciences, ESGIS, a formé plus de 12.500 diplômés qui sont présents aussi bien dans l’économie nationale que sous-régionale. Au vu de la reconnaissance de la qualité du système éducatif togolais, meilleure dans la sous-région.

Une part donc importante est occupée par le privé pour former des cadres pour l’économie, et ce n’est pas seulement une particularité togolaise, poursuit-il.

Nonobstant cela, ‘il est laissé à lui-même (…) Pas de subvention de l’État’ pour faire face aux différentes charges inhérentes à la formation de qualité, déplore-t-il.

Mais les choses pourraient s’améliorer, note-t-il avec espoir. ‘Aujourd’hui avec l’émergence du Cepest, nous sommes un interlocuteur important vis-à-vis de l’État, donc heureux de travailler avec le Ministère pour trouver des solutions adéquates aux problèmes.’

‘Les états généraux qui auront lieu bientôt à Lomé auront le mérite de faire un diagnostic sans complaisance pour trouver des solutions appropriées (…) C’est une initiative saluée par notre ministère.’

Triptyque ‘Métier-formation-emploi’

L’assertion ‘dis-moi quel est ton diplôme, je te dirai quelle carrière tu feras’ qui était de mise il y a quelques années n’est plus d’actualité. Autant les chercheurs d’emplois sont nombreux autant les recruteurs sont plus rigoureux pour déceler les perles rares.

Une situation concurrentielle, source de désillusion quand, suite au parcours formatif, souvent onéreux dans le privé, certains jeunes se retrouvent sur le carreau. La raison souvent évoquée est l’inadéquation formation-emploi.

‘C’est une question très épineuse, l’insertion professionnelle, peste le Président, mais faut-il noter qu’elle ne concerne pas uniquement les universités privées à mon humble avis.’

Les universités publiques ont aussi leur responsabilité, car, souvent, elles forment des étudiants avec des enseignements doctrinaux, alors que les privés sont plus dans l’enseignement axé sur la vie professionnelle. Une chance pour les étudiants issus du privé, poursuit-il.

C’est une situation critique et pathétique que nous déplorons tous. Mais souligne-t-il, je pense que l’inadéquation formation-emploi n’est pas le seul élément en cause.

Primo, les jeunes font souvent des choix de formations qui ne cadrent pas avec les réalités du terrain. Il y a des filières très porteuses, et d’autres le sont moins. Il ne s’agit pas d’embrasser une filière juste par suivisme de la mode. Certes, il y a les aspirations, le goût, mais les aptitudes de l’étudiant et les débouchés professionnels sont importants à prendre en compte. Et cela passe par une bonne orientation, et une valorisation de soi-même selon ses objectifs.

Secundo, le soutien des entreprises privées. Nous lançons un appel au patronat et aux entreprises de nous aider, car, la formation n’incombe pas seulement aux écoles, mais aussi aux entreprises du pays.

Il est souvent déplorable de lire des réponses négatives selon lesquelles le manque de budget les empêche d’offrir des stages même non-rémunérés aux étudiants. Le secteur privé doit nous aider à entrainer nos formés sur le plan pratique-stage, pour une immersion professionnelle lors de ces stages. Un point incontournable dans le professionnalisme.

Une franche collaboration du patronat ou des entreprises, pourrait régler pas mal de choses, et ainsi le problème de l’insertion professionnelle, ajoute-t-il.

Du coup de projecteur du Ministre Broohm aux états généraux

Même si certains trouvent la communication faite autour de la liste des écoles réellement agréées par le Ministère en fonction de leurs filières, comme pour ‘gâter leurs business’ qui ont pignon sur rue avec un côté clinquant à coups de publicités, les bons élèves restent sereins.

‘Nous saluons avec joie cette publication sur les établissements privés, et la deuxième publication même a été faite sur notre demande (…) il est important que le public soit informé, parce qu’il y avait un flou dans le passé. On ne savait pas qui faisait quoi’, reconnait M. Akakpo.

Et c’est à juste titre que les prochains états généraux ont pour thème, ‘ Les défis de l’excellence par les établissements d’Enseignement supérieur au Togo’. On ne peut pas évoluer dans l’excellence si on ne fait pas l’état des lieux.

Il s’agira principalement au cours de ces assises, d’autopsier ‘les conditions dans lesquelles les écoles privées évoluent, l’état de leurs matériels didactiques, et de voir si les formations cadrent avec les réalités du pays.’

Comme activités, nous aurons à développer des sujets tels que ‘l’élaboration des critères d’obtention des agréments, autorisations et installation des écoles privées d’enseignement supérieur au Togo ; comment garantir la qualité de l’enseignement supérieur au Togo afin de le conformer aux normes internationales ?; les critères de reconnaissance des diplômes sur les plans national et international ; l’accompagnement des établissements supérieurs au Togo pour l’accréditation par le CAMES.’

Les NTIC : le pari à gagner pour la qualité de l’enseignement supérieur 

La dernière actualité datant du 6 janvier relative à l’avant-projet de loi adopté en Conseil des Ministres devant promouvoir les nouvelles technologies de l’information et de la communication dans l’enseignement supérieur togolais, ‘est une nouvelle qui nous met de la joie au cœur. Les technologies ne devraient pas être considérées comme un luxe, mais une nécessité’, note M. Akakpo.

‘Aujourd’hui, l’étudiant dans le système Licence-Master-Doctorat (LMD) n’a plus les mêmes approches que l’étudiant d’avant (…) Pour une heure de cours dispensé dans ce système, il doit travailler une heure et demie en travaux pratiques en faisant des recherches sur Internet ou dans les bibliothèques’, poursuit-il.

‘Ils constituent donc des fondamentaux, car on ne peut pas parler de formation de qualité si on met les TIC de côté. Cette décision du gouvernement va dans le bon sens et ne peut que nous galvaniser (…) mais l’État doit nous aider pour qu’Internet soit proposé à un coût référentiel. En comparant le prix par rapport à la sous-région, nous avons les coûts les plus élevés en la matière. Il s’agit d’une condition sine qua non, si nous voulons vraiment aller de l’avant.’ a-t-il souhaité.

En attendant que tout cela se mette en place …

Enseigner n’est pas un métier simple, il faut avoir une certaine vocation, souligne M. Akakpo. ‘Notre plus grande joie serait de voir nos formés évoluer dans le monde professionnel et nommés directeurs par-ci et par-là dans les entreprises, ou même à la tête de leurs propres entreprises.’

‘Notre souhait est que l’Enseignement supérieur soit encore plus promu (…) la première richesse d’un pays, ce ne sont pas les minerais, mais d’abord, son capital humain. Avec les hommes et les femmes qu’il faut, le pays peut évoluer d’une manière exponentielle (…) J’attends beaucoup de l’éducation, car, c’est par elle que l’Afrique sortira de son marasme économique.’

‘Les études, ce ne sont pas seulement la recherche d’un diplôme. De nos jours pour l’avoir, les gens sont capables de toutes choses. Le diplôme, c’est bien, c’est un papier qui atteste de la qualification professionnelle. Mais au-delà des diplômes, ce sont leurs valeurs intrinsèques, les compétences que les étudiants ont emmagasinées qui feront la différence.’

‘J’invite donc nos étudiants à travailler avec plus de détermination et plus d’ardeur, beaucoup d’engagement et de persévérance, car, rien n’est cadeau dans la vie. Il y a toujours un prix à payer pour avoir un résultat donné. Qu’ils travaillent dans cette logique pour leur propre formation et le bien futur de notre pays.’