Connu pour être un grand pourfendeur du Franc CFA, l’ancien ministre togolais Kako Nubukpo est depuis ce mois d’avril Commissaire du Togo au siège de l’UEMOA. Dans une interview accordée à nos confrères de Jeune Afrique, l’économiste est revenu sur le projet de passage du Franc CFA à l’Eco qui semble être dans l’impasse.
Pour l’ancien Doyen de la Faculté des sciences économiques et de gestion (Faseg) de l’Université de Lomé, dans ce blocage, il y a deux dimensions à prendre en compte. D’abord, la dimension symbolique et politique qui renvoie au nom de la monnaie et ensuite, la dimension économique qui concerne la neutralité ou la non-neutralité de la monnaie dans une économie.
« Si l’on prend en compte les coûts prohibitifs d’un processus de transition monétaire, pouvait-on choisir un autre nom de monnaie que l’eco ?
Pour ce qui concerne le nom, celui-ci n’est jamais neutre. Il renvoie à votre identité. Ainsi, le F CFA renvoyait aux colonies françaises d’Afrique et le principe qui consiste à le débaptiser pour choisir un autre nom est une très bonne chose.
Encore faut-il savoir par quoi on le remplace. Quand les chefs d’États ont annoncé ce nom d’eco, j’ai tout de suite attiré l’attention sur le fait que l’agenda de l’eco est celui de la Cedeao. En outre, il y a des critères pour rentrer dans l’eco, et en parler comme d’un substitut au CFA c’est créer une forme d’automaticité du remplacement qui pourrait ne pas être facilement accepté par les autres États de la Cedeao.
D’un autre côté, si l’on se veut pragmatique et que l’on prend en compte les coûts prohibitifs induits par tout processus de transition monétaire, pouvait-on choisir un autre nom de monnaie, alors que le projet était d’intégrer plus tard la future zone eco ?
Pour ce qui est de la dimension proprement économique, j’ai déjà eu le loisir de la traiter dans le cadre de diverses tribunes publiées dans Jeune Afrique depuis de nombreuses années », explique-t-il.