Une première étape vers un procès pour les uns, “une persécution politique” pour les autres : la perquisition spectaculaire de la somptueuse propriété de Mar al Lago de Donald Trump par le FBI jette une nouvelle lumière sur les profondes fractures de l’Amérique, à l’heure où l’ancien président flirte ostensiblement avec une nouvelle candidature.
Jamais un ancien locataire de la Maison Blanche n’avait été inquiété par la justice de cette façon. La perquisition de la police fédérale a-t-elle à voir avec les nombreux cartons que Donald Trump a emportés avec lui en quittant la Maison Blanche en janvier 2021? Est-elle liée à l’enquête sur sa responsabilité dans l’assaut du Capitole? Concerne-t-elle plutôt les soupçons de fraude financière dont la Trump Organization fait l’objet à New York? Ou bien s’agit-il de l’enquête demandée par les Archives nationales concernant les archives de la Maison blanche
Deux enquêtes différentes visent Donald Trump pour le même fait, l’assaut au Capitole le 6 janvier 2021. L’ancien président doit répondre de ses actions devant le congrès et devant les juges.
L’enquête parlementaire
La commission d’enquête parlementaire sur l’assaut du Capitole a récemment montré l’étendue des pressions que Donald Trump a exercées sur des responsables électoraux après la présidentielle de 2020 remportée par Joe Biden.
Les membres de cette commission ont estimé que l’ancien président avait, a minima, “failli à son devoir de commandant en chef”. Chaque responsable des événements du 6 janvier 2021 devra “répondre de (ses) actes devant la justice”, avait ajouté son président démocrate, l’élu Bennie Thompson.
Mais si les travaux de la commission ont été largement médiatisés, ils ne mènent pas directement à des poursuites judiciaires: c’est au ministère de la Justice de décider d’éventuelles suites pénales.
L’enquête pénale
Les procureurs fédéraux qui enquêtent sur l’assaut du Capitole ont déjà fait condamner une centaine de participants à des peines de prison. Envisagent-ils de remonter jusqu’à des responsables de la Maison Blanche, voire jusqu’au président? C’est le dilemme auquel fait face Merrick Garland, le ministre de la Justice nommé par Joe Biden, qui a autorité sur le parquet.
Connu pour être méthodique et prudent, le ministre n’exclut rien. “Chaque personne qui est pénalement responsable des efforts pour annuler l’élection devra répondre de ses actes”, a-t-il déclaré.
Pour l’heure, Donald Trump ne semble pas directement visé dans cette enquête. Selon plusieurs juristes, il pourrait éventuellement être poursuivi au pénal pour “entrave à une procédure officielle” ou sur un chef très large de “fraude au gouvernement” qui implique d’avoir perturbé le fonctionnement des institutions.
Une “intolérable instrumentalisation à but politique”
Mais, face à sa probable nouvelle candidature à la présidence en 2024, toute action le visant sera perçue comme politique. C’est ainsi qu’elle est interprétées par la frange conservatrice des Républicains.
Dénonçant une “intolérable instrumentalisation à but politique” du ministère de la Justice, le chef des conservateurs à la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, a promis une enquête sur son fonctionnement quand les Républicains reviendraient au pouvoir. Son camp pourrait reprendre le contrôle du Congrès lors des élections législatives de novembre, qui s’annoncent périlleuses pour le camp de Joe Biden.
Avec Tv5monde