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Portrait : Carlos Ghosn ou l’histoire d’un patron modèle déchu

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Carlos Ghosn, né le 9 mars 1954 à Porto Velho (Brésil), est un chef d’entreprise libano-brésilo-français.

À la fin des années 1990, il met en place chez Renault une politique radicale de réduction de coûts et de restructuration qui permet de rendre au groupe sa rentabilité et qui lui confère une réputation de « tueur de coûts ».

Au début des années 2000, il met en œuvre une politique drastique de réduction des effectifs et de restructuration qui permet le redressement total de Nissan, alors au bord de la faillite. Il est alors cité parmi les hommes d’affaires étrangers les plus puissants au monde.

Président-directeur général (PDG) de Renault de 2005 à 2019, il est également président du conseil d’administration du groupe japonais Nissan dont il a été PDG de 2017 à 2018, ainsi que président du conseil d’administration du groupe Mitsubishi Motors de 2016 à 2018 et président du conseil d’administration du producteur automobile russe AvtoVAZ. Il est également PDG de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, qui atteint en 2017 la première place mondiale devant les constructeurs Volkswagen AG, Toyota et General Motors.

Pendant ses 40 ans de carrière dans l’industrie automobile, Carlos Ghosn a survécu à maintes polémiques sur sa gestion du pouvoir, ses choix stratégiques et sur le niveau de sa rémunération, mais c’est dans son fief japonais de Nissan qu’il s’est retrouvé ébranlé.

Le constructeur nippon avait proposé l’éviction rapide de Carlos Ghosn de ses fonctions de président, celui-ci étant accusé d’avoir dissimulé des revenus, une démarche impensable il y avait encore peu vis-à-vis de l’homme fort de Renault, de Nissan et de Renault-Nissan.

Considéré au Japon comme celui qui a sauvé Nissan de la faillite, devenu même un véritable héros de manga, Carlos Ghosn avait plutôt connu jusqu’ici des bourrasques dans l’autre pays de l’alliance, la France.

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En 2007, il était ressorti sans dommage apparent du drame des suicides du Technocentre de Renault, puis en 2011 de l’affaire des faux espions accusés à tort par le groupe au losange. Il avait surmonté en 2015 le bras de fer avec Emmanuel Macron, alors ministre de l’Economie, sur les droits de vote double de l’Etat au capital de Renault ou encore survécu l’année suivante au camouflet infligé par l’assemblée générale du constructeur français sur son salaire.

A chaque fois, ce polyglotte aussi à l’aise au Brésil, son pays de naissance, en France, où il a fait Polytechnique et Les Mines, ou encore au Japon, avait su se montrer irremplaçable pour assurer la cohésion de l’alliance Renault-Nissan qu’il a forgée en 2002 et dirigée depuis.

Carlos Ghosn a commencé sa carrière chez Michelin, avant de rejoindre Renault en 1996, où il s’est forgé une réputation de “cost killer”, puis Nissan, dont il deviendra directeur général en 1999 lors de l’entrée du groupe au losange au capital du constructeur japonais. Il prend en 2005 une fonction similaire chez Renault, dont il devient quatre ans plus tard PDG.

Il occupait jusque-là ce poste, auquel il a été reconduit cette année pour un nouveau mandat de quatre ans qu’il a promis de mettre profit pour avancer sur le dossier sensible du renforcement de l’alliance entre Renault et Nissan, afin de garantir la pérennité de cet édifice inédit au-delà de la génération des dirigeants actuels, à commencer par lui-même.

Ce vétéran de l’industrie automobile a su rebondir en 2010 face aux critiques sur la stratégie de la gamme Renault en recrutant Laurens van den Acker pour moderniser le style des voitures. Il a également su anticiper la vague actuelle des véhicules électriques en lançant des modèles Nissan et Renault sans moteur essence dès 2012 et 2013.

En revanche, si la question de son généreux salaire a toujours suscité la controverse en France parmi les élus et les syndicats, sa rémunération de 7,4 millions d’euros chez Renault au titre de 2017 a été votée de justesse, c’est au Japon que le torchon avait brûlé sur son rapport à l’argent.

Nissan avait donc annoncé faire en sorte de mettre fin rapidement aux fonctions de Carlos Ghosn, son président, après avoir découvert qu’il a utilisé de l’argent du groupe automobile japonais à des fins personnelles et commis d’autres infractions graves.

Carlos Ghosn s’est vu octroyer 9,2 millions d’euros pour sa dernière année comme directeur général de Nissan, fonction qu’il a cédée l’an dernier pour ne conserver que la présidence de l’allié japonais de Renault.

Avec Les Echos