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Portrait de Claude Piessou, boursier du PEJ, Université du Cap (Afrique du Sud)

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Claude Piessou
Claude Piessou

Ils sont nombreux à attendre qu’un jour, une porte providentielle, au loin s’ouvre sur des opportunités, gages d’un meilleur devenir. Les uns pétris de talents divers, les autres à l’esprit vif et au Quotient Intellectuel exceptionnel. Mais tous ne connaitront pas la même fortune. De l’école de la petite mission de Lom-nava (Atakpamé, Togo) à l’Université du Cap (Afrique du Sud), portrait d’un jeune Togolais passionné de sciences et technologies, boursier du Programme Excellence Jeune (PEJ).

L’Afrique sera à l’horizon 2050, le continent le plus peuplé du monde. C’est un secret de polichinelle. Mais ce qui l’est moins, ce sont les dispositions que prennent nos nations pour faire face le moment venu aux nombreux défis et enjeux qui seront inhérents à ce statut de ‘‘continent le plus peuplé’’. Ailleurs, nous ne voulons pour preuve que la Chine et les nombreux nouveaux pays émergents du continent asiatique, la population est source de richesse et non de pauvreté. Point n’est besoin d’être alors un érudit pour se poser les questions qui s’imposent : Pourrions-nous assumer ce leadership, sans des cadres de qualité, passionnés par l’Afrique et disposant d’une bonne connaissance des enjeux du continent ? Sans des jeunes sortis de la bonne école, capables d’amorcer le développement pour ce futur plutôt proche?

Mettre à disposition de cette Afrique un nouveau modèle d’entrepreneurs, visionnaires et leaders bien formés et qui sont au courant des réalités. Tels sont les objectifs de certains cadres Africains, réunis au sein de l’Association Réseau pour l’Excellence ayant lancé en 2011, le Programme Excellence Jeune (PEJ). Sa particularité, sélectionner des jeunes Africains aux cursus scolaires prometteurs, pas pour des universités européennes ni américaines ou même asiatiques, mais pour des universités africaines de bonne facture.

Quatre ans après le lancement de cet ambitieux programme, Pepit’Expat a retrouvé les traces de Claude Piessou, jeune Togolais, boursier de la première promotion du PEJ (2011), inscrit à l’Université du Cap (Afrique du Sud), une université qui caracole année après année dans le Top 5 des meilleures universités d’Afrique.

Parcours

Né en 1994 à Lomé (capitale du Togo), Claude Piessou s’est trouvé très tôt une passion pour les Sciences (dès l’école primaire de la petite mission de Lom-nava, Atakpamé) en regardant des magazines scientifiques à la télévision. Mû par le désir de comprendre le fonctionnement de ces équipements électriques et mécaniques découverts à la télé, Claude est devenu l’habitué des rayons ‘’Sciences et technologies’’ des bibliothèques de la ville d’Atakpamé. Une passion singulière pour ce jeune issu d’une fratrie de cinq (5) enfants, de Père, Conseiller Pédagogique des écoles primaires de l’Enseignement catholique à Atakpamé et de Mère, Revendeuse de légumes au marché d’Agbonou (quartier d’Atakpamé). Une passion qui l’amena grâce à ses bonnes moyennes obtenues au collège à choisir la filière scientifique au Collège Saint Albert d’Atakpamé (lycée). Trois années plus tard, il réussit son baccalauréat avec Mention Bien (en 2011).

La sélection au Programme Excellence Jeune (PEJ)

Naturellement, son dossier une fois soumis (relevés scolaires de la classe de 3ème en Terminale) n’a pas laissé indifférent le jury du PEJ à la recherche de têtes bien faites. Il obtint donc une interview qui lui permit de présenter ses motivations personnelles. « Bien qu’ayant obtenu de bonnes moyennes scolaires, pour moi, mes atouts au cours de la sélection étaient ma vision aussi bien pour mon pays le Togo que pour l’Afrique. La conviction pour mes projets d’avenir avait joué. » Une vision qui s’inscrit dans ses passions de jeune garçon : La science et la technologie. « Après le bac, j’étais plus attiré par la mécanique, car pour moi, elle permet de comprendre ce qui nous entoure, construire des machines pour faciliter les activités physiques aux êtres humains. Ces connaissances peuvent s’appliquer dans tous les domaines (médecine, économie et autres). Ces motivations ont orienté mon choix de l’ingénierie mécanique. »

Les lauréats sélectionnés du programme, optant pour l’ingénierie furent orientés vers l’Université du Cap, classée première université en Afrique par l’University web ranking, en 2013 et 2015.

La vie estudiantine dans le système anglophone, le grand écart et ses particularités.

Le passage du système éducatif francophone du niveau secondaire à celui anglophone au niveau supérieur n’a pas été une sinécure pour Claude. Le jeune Claude pour s’inscrire à l’Université du Cap, a eu à passer le baccalauréat sud-africain en (2012) et réussit avec brio avant de commencer la vie estudiantine. « La vie estudiantine n’a pas été facile pour moi au cours des premiers mois dans le système anglophone. Principalement à cause de la langue, mais aussi de la différence de culture et du rythme de travail ». Mais, il fallait s’y adapter au plus vite afin de prendre le train en marche pour ne pas décevoir. « Je me suis fait de bons amis, pour faciliter ces transitions systémiques, sociales et culturelles. La compagnie des autres lauréats du PEJ avec qui je vivais et les conseils des mentors m’ont aidé durant cette phase. »

En outre, le système de travail anglophone marque un sérieux décalage avec ce qu’a toujours connu Claude. Mais sa détermination est des plus fermes. « Du côté de l’emploi du temps universitaire, les cours commencent à 8h du matin et finissent à 17h, avec une heure de repos (13h à 14h) et 15 minutes de décalage entre les cours. Pour moi, c’était plus intense puisque le sommeil de midi n’y est plus…. (Rires). »

Mais, pour faciliter l’assimilation, l’ « une des particularités de ce système est l’accès facile aux professeurs bien qu’ils soient de renommée internationale, ils étaient enclins à partager avec gentillesse, leurs connaissances et savoir-faire ».

Tout ceci concourt à faire de la formation, l’une des plus soutenues sur le continent, la renommée de l’Université du Cap, s’en défend.

Claude Piessou
Claude Piessou

Les plus-values d’une formation d’excellence

L’autre particularité de cette université sud-africaine est l’aspect pratique de ses formations, ce qui permet aux étudiants d’avoir des approches pragmatiques. « La formation d’ingénierie à l’Université du Cap, grâce au PEJ, me permet en général, de prendre une approche systématique chaque fois que je cherche des solutions à un problème, que ce soit éducationnel ou dans la vie active. Une différence par rapport au système francophone dans lequel j’ai fait le secondaire. »

« Les stages en alternance avec les cours permettent de mieux intégrer ce qui se dit aux cours. Il s’agit plus d’imaginer les choses à sa façon. Il y a le matériel, il faut construire. Ces approches m’ont permis d’acquérir des connaissances sur la conception des éléments utilisés dans les domaines comme l’automobile, la réfrigération et la production énergétique, mes passions d’enfance.»

Naturellement pendant ses congés de Juin 2015, le Programme Excellence Jeune a trouvé un stage d’excellence au jeune Claude Piessou. « Un stage de un (1) mois à S.A.T (Strait Access Technologies), une entreprise de recherche sur le développement des valves synthétiques. Stage au cours duquel, j’étais chargé de trouver une solution simple pour coller aux valves aortiques le tissu d’étanchéité. Des valves aortiques utilisées en Cardiologie. Une des nombreuses opportunités qu’offre le PEJ en termes de formation, ce que nous n’avons pas au pays. »

L’après Licence en ingénierie mécanique

Le ‘Bachelor degree’ ou la Licence se fait sur quatre (4) ans à l’Université du Cap. Il est le premier diplôme universitaire délivré. Claude ne pense pas s’arrêter en si bon chemin. « L’année prochaine, je finis mes quatre (4) ans pour la Licence. Je pense faire ensuite un Master en Science de l’ingénierie pour améliorer mes connaissances sur la conception. Aussi, obtenir l’expérience professionnelle dans ce système anglophone serait un atout important pour mes prochaines ambitions ».

« J’ai compris à ce stade que redonner à sa communauté ce qu’on a appris ailleurs a été un acte capital ayant contribué au développement des pays anglophones. Pour cela, retourner au pays plus tard pour travailler ou créer une entreprise qui serait dans la recherche et le développement pour la contribution à l’innovation dans le domaine scientifique est une nécessité et un devoir. »

La vision pour le Togo

En termes de projets concrets, Claude Piessou ne manque pas d’idées. « Contribuer à rendre l’économie togolaise aussi florissante que celle de l’Afrique du Sud est un objectif autour duquel tous mes projets pour le Togo sont centralisés ». Et pour y arriver, il compte sur ces acquis à l’extérieur. « Je pense m’investir plus tard dans le domaine de l’agriculture avec mes connaissances en mécanique, car c’est un domaine qui contribue non seulement à l’autosuffisance alimentaire, mais aussi à la création d’emplois. Le développement auquel nous aspirons ne sera possible qu’avec la sensibilisation de la population sur l’importance de la consommation des produits locaux et l’encouragement de l’entreprenariat au sein de la jeunesse. »

La période des troubles xénophobes

Comme pour tous les étrangers vivant sur le sol sud-africain pendant la récente période de troubles xénophobes, Claude n’a pas échappé à la psychose générale qui s’était installée, « cette période a été un moment affreux. Bien que nous fussions physiquement épargnés étant au Cap, j’étais psychologiquement touché. Je suis heureux de voir que tout est revenu calme. Nous sommes tous Africains. Nous devons être ensemble pour construire un continent fort. »

Son message pour les différents acteurs

Pour Claude, c’est un parcours de rêve que de partir du Lycée d’Atakpamé pour l’Université du Cap, l’une des premières universités en Afrique. Rien de tout ceci n’aurait pu se faire sans cette bourse du Programme Excellence Jeune. « Je tiens à remercier le Bureau Exécutif du Programme Excellence Jeunes pour tous les efforts consentis dans la promotion de l’excellence au Togo et en Afrique. » Pour ses frères et sœurs étudiants togolais dans le monde, il les convie « (…) à converger leurs projets vers le Togo pour qu’au futur, nous disposions aussi des universités de première classe au pays. »

« Enfin, j’appelle la jeunesse togolaise à mettre en pratique la théorie de l’entreprenariat et les entreprises opérant au Togo à initier des actes concrets pour nos communautés, car cela contribue au développement commun. »