Le vendredi 11 septembre 2020, le policier Derek Chauvin a comparu pour la première fois en personne devant un juge. Derek Chauvin est le policier qui avait, quelques mois plus tôt durant une arrestation, mortellement asphyxié George Floyd sous son genou. En plus de lui, les autres policiers aussi ont comparu.
Il y avait toute une foule et beaucoup de bruit devant le tribunal de Minneapolis. Sous une bannière “Black Lives Matter”, plusieurs centaines de personnes ont ainsi réclamé, au mégaphone, justice pour George Floyd.
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Parmi eux, vêtu d’un costume sombre et le visage masqué, Derek Chauvin, 44 ans, est apparu devant un juge depuis qu’une vidéo, devenue mondialement virale, l’a montré maintenant son genou sur la gorge de la victime. Inculpé de meurtre, il demeure détenu dans une prison de l’Etat du Minnesota et s’était jusqu’ici présenté à la justice uniquement par lien vidéo. A ses côtés se trouvaient ses anciens collègues, Alexander Kueng, Thomas Lane et Tou Thao, présents au moment du drame et inculpés, eux, pour complicité de meurtre.
Lors de l’audience, leurs avocats ont plaidé de concert pour dépayser le procès et protéger l’anonymat des jurés, par crainte pour leur sécurité, mettant en avant les énormes pressions liées au drame qui a suscité des manifestations historiques aux Etats-Unis. A titre d’exemple, Eric Nelson a assuré avoir reçu plus de 1.000 mails ou appels malveillants depuis qu’il a accepté de représenter Derek Chauvin. D’autres se sont dits visés par des “menaces ou des messages obscènes” depuis qu’ils sont impliqués dans ce dossier. Dans ces documents, transmis à la justice avant l’audience, des lignes de fracture sont toutefois apparues entre les quatre hommes, tentés de se rejeter les responsabilités et demandant donc à être jugés séparément.
La défense de Derek Chauvin réclame, elle, carrément un abandon des poursuites pesant contre lui, arguant que George Floyd est “probablement mort d’une surdose au Fentanyl” (un analgésique opioïde 100 fois plus fort que la morphine, ndlr), et que les deux premiers agents arrivés sur place ne lui ont pas fait part “des signes de surdose qu’ils ont pu observer”. De son côté, l’accusation, menée par les services du procureur général du Minnesota, plaide pour un procès unique, afin de ne pas aggraver le traumatisme des proches et le coût pour le contribuable.
Le juge Peter Cahill a, lui, laissé entendre qu’il faudrait plusieurs autres audiences rien que pour choisir le format idéal afin de juger cette affaire hors norme. Car le magistrat garde conscience qu’outre la question de la culpabilité ou non des quatre agents, le procès, qui doit s’ouvrir le 8 mars 2021, devra aussi être celui des méthodes d’interpellation de la police américaine, sévèrement remises en cause dans de nombreux cas de bavures.