La Cour africaine de justice vient de débouter pour la 2e fois en 10 jours la Côte d’Ivoire pour les affaires liées à la présidentielle du 31 octobre prochain. Après Guillaume Soro, c’est sur le dossier Laurent Gbagbo que s’est prononcée l’instance ce jour en ordonnant de permettre à l’ex-président de participer à la présidentielle.
Dans son jugement, la CADHP ordonne à l’Etat ivoirien de « prendre toutes mesures nécessaires en vue de lever immédiatement tous les obstacles empêchant le requérant [M. Gbagbo] de s’enregistrer sur la liste électorale » afin de participer au scrutin.
L’ex-chef d’Etat (2000-2010) ne figure pas sur les listes électorales révisées cette année ; il ne peut donc ni voter ni être candidat. Le Conseil constitutionnel ivoirien a rejeté sa candidature à la présidentielle déposée par ses partisans. Lui-même ne s’est pas exprimé sur le sujet.
Selon les autorités ivoiriennes, cette décision fait suite à la condamnation de M. Gbagbo par la justice ivoirienne à vingt ans de prison, dans l’affaire dite du « braquage de la BCEAO », la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest, lors de la crise post-électorale de 2010-2011.
Saisie par M. Gbagbo début septembre, la CADHP, qui siège à Arusha en Tanzanie, ordonne également à l’Etat ivoirien de « suspendre la mention de la condamnation pénale du casier judiciaire ». L’avocat de Laurent Gbagbo, Claude Maintenon, s’est dit auprès de l’Agence France-Presse (AFP) « satisfait » de ce jugement, tout en notant que « l’application dépend du bon vouloir de l’Etat ».
Acquitté en première instance de crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale de La Haye, M. Gbagbo, 75 ans, attend en Belgique un éventuel procès en appel. Il ne peut pas rentrer en Côte d’Ivoire, les autorités ivoiriennes refusant, selon ses avocats, de lui délivrer un passeport. Le porte-parole du gouvernement ivoirien n’était pas joignable dans l’immédiat.
Mi-septembre, le Conseil constitutionnel ivoirien a refusé 40 des 44 candidatures à la présidentielle d’octobre, dont celle de Laurent Gbagbo et celle de l’ex-chef rebelle et ex-premier ministre Guillaume Soro. Elle a en revanche validé la candidature à un troisième mandat controversé du président sortant, Alassane Ouattara.
Côte d’Ivoire : Le passeport refusé à Laurent Gbagbo ; son avocate monte au créneau
Il y a dix jours, la CADHP a demandé à la Côte d’Ivoire de permettre la candidature de M. Soro, refusée par la Cour constitutionnelle ivoirienne après sa condamnation à vingt ans de prison pour « recel de détournement de deniers publics ». Il est aussi accusé de « tentative d’insurrection ». « Soro, comme Gbagbo, a été écarté car son casier judiciaire n’est pas vierge. Tous deux le savaient parfaitement : leurs candidatures relèvent de la provocation », a déclaré M. Ouattara dans un entretien publié jeudi par l’hebdomadaire français Paris Match.
Avec L’AFP