Alors que le duel entre Marine Le Pen et Éric Zemmour bat son plein pour le leadership du «camp national» à presque deux mois de l’élection présidentielle, la candidate du RN utilise un argument qui pèse encore auprès d’une grande partie de l’électorat: le sparadrap de l’ancien président d’honneur du FN Jean-Marie Le Pen. Et ce, pour mieux se démarquer du leader de Reconquête et le marquer au fer rouge.
Dans un entretien qu’elle accorde à Causeur , Marine Le Pen explique que «Zemmour rend service» au RN. «Aujourd’hui, les Français peuvent enfin comparer nos projets et réaliser que le mien n’est ni outrancier ni excessif, mais tout simplement raisonnable», analyse-t-elle. Car si la députée du Pas-de-Calais rend hommage à son père – «un visionnaire doué d’un immense courage, mais avec le goût de la provocation qui a fait perdre des années à ses idées» – c’est pour mieux éreinter Éric Zemmour.
«C’est (son) problème: il est tellement orgueilleux qu’au lieu de regarder les erreurs du FN de Le Pen, il les répète sans en rater une. Il est incapable de reconnaître la moindre erreur, même les plus odieuses, comme ses propos sur les enfants assassinés par Mohammed Merah», pointe l’impétrante du RN. Et d’ajouter que «Zemmour reproduit précisément les erreurs de Jean-Marie Le Pen qui faisait parfois des provocations pour le plaisir de provoquer, pas pour faire avancer une idée».
«Éric Zemmour reste un commentateur qui joue au candidat», ironise Le Pen
Selon elle, «Éric Zemmour reste un commentateur qui joue au candidat, par exemple, quand il avoue benoîtement chez Cyril Hanouna que Valérie Pécresse doit lui donner les parrainages, parce que sinon, elle ne sera pas au second tour.» Dans le cadre d’un second tour où son concurrent serait qualifié, elle pointe le fait qu’il représenterait «la caricature idéale pour mobiliser la gauche dans un front républicain: oligarchique sur le plan économique et inutilement brutal sur le plan de l’immigration».
Si Marine Le Pen reconnaît des points de convergence avec Éric Zemmour sur la volonté d’avoir «une France qui reste la France», elle considère, avec assurance, que ce sont «les électeurs qui désisteront Éric Zemmour par le vote utile.» Avant de se demander si ce dernier appellera à voter pour elle en cas de qualification au second tour…avec un plus grand réservoir de voix que lors de la précédente élection présidentielle. Dans le dernier sondage Harris Interactive pour Challenges, à 67 jours du premier tour, le candidat de Reconquête grimpe à 14% d’intentions de vote quand Marine Le Pen occupe la deuxième place à 17%.
Avec Le Figaro