Procès Booba et Kaaris: un an de prison avec sursis requis contre les deux rappeurs

Facebook
Twitter
WhatsApp

Le parquet a requis jeudi 6 septembre au soir un an de prison avec sursis contre les rappeurs Booba et Kaaris pour leur rixe à l’aéroport d’Orly, et réclamé des peines allant jusqu’à huit mois d’emprisonnement ferme pour les membres de leurs clans respectifs.

Booba, à g; Kaaris à d.

prochées » dans la bagarre, a-t-il dénoncé devant le tribunal correctionnel de Créteil.

Le procureur a réclamé la relaxe d’un membre de l’équipe accompagnant Booba, qui s’est tenu à l’écart de la cohue. Pour les huit autres membres des deux clans, il a requis entre six mois de prison avec sursis et huit mois ferme, en fonction de la gravité des violences et des antécédents de chacun. Le jugement sera rendu le 9 octobre.

Responsabilité partagée

Les principaux responsables de la bagarre restent les deux rappeurs, a-t-il argué. Booba « porte le premier coup de pied », a noté le procureur, mais c’est Kaaris « qui se lève et va au contact ». Ensuite, « chacun des accompagnants ne peut pas faire autrement qu’intervenir ».

Si chacun devait embarquer dans le même avion pour Barcelone, l’enquête ne permet pas de démontrer un guet-apens de la part d’un des deux camps, selon le parquet. Loin du coup marketing, « cette rencontre est fortuite », a estimé le procureur.

« Sous le regard des passagers et des réseaux sociaux, cette rencontre ne pouvait que se conclure par une confrontation physique », a regretté le magistrat. Booba et Kaaris « se sont créé des personnages forts, puissants violents, excessifs et déterminés », a-t-il décrit.

Chemise à carreaux

L’audience-marathon se déroulait dans une salle comble. Dehors, derrière un important cordon de police, des dizaines de fans affichaient « team Booba » ou « team Kaaris ». Passé quelques regards appuyés, Booba, Elie Yaffa de son vrai nom, et Gnakouri Okou, alias Kaaris, sont restés calmes.

Volontiers goguenard en chemise à carreaux, l’autoproclamé « duc de Boulogne » s’est permis des messes basses avec la dessinatrice de presse et a parfois rabroué sèchement les avocats de la partie adverse. Son rival de Sevran, chemise blanche immaculée, a joué « l’apaisement » et présenté d’emblée ses « excuses ».

Après un faux-départ lié à l’absence d’un interprète, le tribunal devait juger la bagarre d’Orly. Il a assisté à celle des avocats, qui se sont écharpés à plusieurs reprises lors de l’examen des différentes vidéos de la rixe, chacun criant pour imposer son interprétation des images.

« Lève toi salope »

La scène du 1er août a fait le tour des réseaux sociaux: à sept contre quatre le clan Booba affronte celui de Kaaris. Les bouteilles de parfum de la boutique duty free servent d’armes ou de projectiles. Bilan: des blessés légers dans chaque camp, plusieurs vols retardés et plus de 50.000 euros de casse.

« N’y avait-il pas moyen que cela se termine autrement? », a soupiré la juge.

« J’aurais bien aimé », a répliqué Booba. « Je me suis défendu, tout simplement. »

S’il a donné le premier coup de pied, c’est parce qu’il se sentait « encerclé » et « menacé » par Kaaris et son groupe, qu’il a « essayé d’éviter ». Il tente ensuite « un coup d’intimidation ». « C’est vraiment pas ma faute, j’avais pas le choix madame », s’est justifié Kaaris. « J’ai agi par légitime défense du début jusqu’à la fin », a juré le rappeur de Sevran. Selon lui, Booba lui aurait lancé: « lève-toi, salope ! ».

« Je me lève, c’est une erreur. Mais je me lève parce que prendre des coups assis, c’est plus grave que prendre des coups debout », a-t-il avancé.

Booba, Elie Yaffa de son vrai nom, et Kaaris, Gnakouri Okou à l’état-civil, entretiennent depuis des années une rivalité à coups de « clashs » sur Internet. Dans ce contexte, « baisser les yeux, détourner le regard, ignorer l’autre, c’est déjà perdre la face », a résumé le procureur. Il a fustigé deux hommes qui « ont perdu toute lucidité », mus par la peur de « devenir la risée de leur entourage, mais aussi la risée d’internet ».

« Je souhaite simplement que cette audience les renvoie tous à leurs responsabilités », a poursuivi le magistrat, en rappelant que les deux rappeurs étaient également « chefs d’entreprise » et « pères de familles ».

« Le retour à la réalité est cruel », a-t-il conclu, « il illustre que leurs avatars sont un peu plus courageux qu’eux ».

Les deux rappeurs devront encore attendre avant de connaître le verdict.

Avec Huffingtonpost

Continuez la discussion en temps réél !
Rejoignez notre chaîne WhatsApp