L’annonce du verdict, attendue ce vendredi 2025 en RDC dans le procès pour trahison de l’ex-président Joseph Kabila, a été repoussée, la justice militaire acceptant de rouvrir les débats après un recours de dernière minute de la partie civile réclamant une requalification pour espionnage.
L’ancien chef d’Etat (2001 à 2019) est jugé par contumace devant la Haute cour militaire située dans la capitale Kinshasa, plus haute juridiction militaire du pays, depuis fin juillet. M. Kabila, 54 ans, est accusé de trahison, crimes de guerre et complicité avec le groupe armé antigouvernemental M23.
Entre janvier et février, le M23 soutenu par le Rwanda et son armée a mené des offensives d’ampleur dans l’est du pays, s’emparant de vastes pans de territoires le long de la frontière rwandaise face à une armée congolaise dépassée.

Peu après ces revers militaires ayant fragilisé Kinshasa, Joseph Kabila, qui avait quitté le sol congolais en 2023 selon son entourage, a fait une apparition surprise à Goma, capitale de la province du Nord-Kivu devenue le fief du M23. Dans une rare allocution, il s’était ouvertement déclaré opposant au régime actuel en déclarant que « la dictature doit prendre fin » en RDC, tout en se disant prêt à « jouer sa partition ».
Ce retour inattendu après des années de silence avait inquiété Kinshasa dans un contexte d’instabilité avec l’intensification du conflit dans l’est. Sur injonction du gouvernement, l’immunité parlementaire de M. Kabila en tant que sénateur à vie a été levée fin mai, permettant la tenue d’un procès.
Selon l’entourage de Joseph Kabila à l’AFP, ce dernier ne se trouve pas actuellement sur le sol congolais. Même en cas de condamnation, une arrestation de l’ex-président par les autorités congolaises semble à ce stade peu probable.
Fin août, lors des réquisitoires, le parquet militaire avait requis la peine de mort.
La RDC s’est constituée partie civile dans cette affaire et, à l’ouverture de l’audience vendredi, a réclamé que le chef d’accusation de trahison soit requalifié en espionnage.
Joseph Kabila est « un étranger », a expliqué l’avocat de la partie civile Me Jean Marie Kabengela qui, lors du procès, avait accusé l’ancien président de travailler « au profit d’une puissance étrangère ».
Joseph Kabila parle anglais et swahili (langue de l’Est africain) mais ne maitrise pas le lingala, parlé à Kinshasa, ni le français, langue officielle en RDC. Cette lacune linguistique, sa naissance dans l’est du pays et une enfance passée en Tanzanie l’ont déjà par le passé fait percevoir en RDC comme « un homme de l’Est », un « étranger ».
La prochaine audience est prévue le 19 septembre 2025.
© Agence France-Presse