Les plaidoiries des avocats du Général Gilbert Diendéré se sont poursuivies ce 2 août 2019, dans le cadre du procès du coup d’Etat de septembre 2015. Toute la journée, c’est Me Jean Yaovi Degli qui avait le crachoir pour tenter de convaincre le tribunal de l’innocence de son client, écrit lefaso.net
Me Jean Yaovi Degli a prévenu dès le début de sa plaidoirie. Il sera long. Long parce que l’enquête menée par le parquet a été faite à dessein. Pour enfoncer son client. D’ailleurs, selon lui, le ministère public s’est même engagé pour qu’il n’y ait même pas dans d’enquête, dans le seul but de mettre tout sur le dos de son client.
Long ensuite, parce que le parquet a requis la perpétuité pour son client, alors que pour les complices, il est requis 15 mois avec sursis. « Allez-vous utilisé la clé de la perpétuité que vous a confié le parquet ? » lancera-t-il à l’endroit du président du tribunal à qui il fait savoir qu’après Dieu dans la salle d’audience, lui seul a droit de cité.
A l’endroit des victimes du coup d’Etat, Me Dégli fait savoir que leur droit le plus absolu dans ce procès était de savoir qui a tué leurs proches, qui les a blessés ou qui leur a causé du tort. « Vos droits ont été bafoués. Qui a appuyé sur la gâchette, qui a donné l’ordre », ce sont autant de questions qui, de l’avis du conseil, auraient pu soulager les victimes, mais qui sont restées en suspens. En la matière, estime Me Dégli, c’est le ministère public qui a bâclé le travail, puisqu’il n’a pas réussi à établir la véracité des faits, établir clairement de quel fusil est parti la balle qui a semé la mort.
En tout cas, note l’avocat, ce n’est pas son client Gilbert Diendéré qui a causé ces morts. Il s’insurge contre « une certaine théorie des conséquences prévisibles » qui veut que ce serait les auteurs de l’attentat à la sûreté de l’Etat qui seraient les meurtriers. Ce n’est pas l’attentat à la sûreté de l’Etat qui s’est promené dans la rue pour tuer les gens, a ajouté l’avocat togolais.
Foi de Me Dégli, dans la justice militaire, il y avait la possibilité de tracer les balles, de savoir qui était détenteur de l’arme qui tué sur tel ou tel manifestant. Mais le parquet s’est engagé pour qu’une enquête ne soit engagée parce que cela aurait eu le mérite de dédouaner le Gal Gilbert Diendéré. Pourtant, a-t-il poursuivi, en matière pénale, la culpabilité est individuelle et le Gal Diendéré n’a jamais tenu de fusil pendant les événements de septembre 2015.
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Le procès du pouvoir Compaoré par Diendéré ?
Me Dégli fait le constat que c’est la haine du régime Compaoré et la volonté de détruire le Général Diendéré qui est identifié à travers ce régime qui ont donné lieu à ce procès. Pourtant, il apprend au tribunal que c’est son client qui a conseillé Balise Compaoré en octobre 2014 de se retirer sans verser le sang des Burkinabè. Ce serait encore lui qui a installé le capitaine Thomas Sankara, ce héros dont toute l’Afrique est fière.
« Pour être complète, la justice doit être éducative », a précisé l’avocat qui n’a pas manqué de fustiger l’ancien premier ministre Yacouba Zida qu’il tient pour responsable des malheurs de son client. La plaidoirie Me Jean Yaovi Degli se poursuit le 6 août 2019.