Le success bombing concerne ces personnes qui monopolisent la plupart des conversations ou sautent sur la moindre phrase pour surpasser ce que l’on dit avec leur propre succès. Un comportement narcissique qui a un impact négatif sur les amitiés.
Nous avons tous cet·te ami·e dans nos vies, qui monopolise constamment la discussion avec des histoires sans fin sur son succès (et si vous ne l’avez pas, il y a de fortes chances que ce soit vous).
Qu’est-ce que le success bombing ?
« Le success bombing est le terme inventé pour le besoin que quelqu’un a de montrer son succès tout le temps », explique l’écrivain et militant pour la santé mentale Neev Spencer à Stylist, arguant que le phénomène fait des ravages sur les amitiés personnelles.
Il s’agit concrètement d’une conversation éhontée durant laquelle la personne parle de la myriade de tâches qu’elle a accompli dans la journée, du nombre de séances de sport qu’elle a fait dans la semaine ou du montant exact de son salaire après une augmentation.
Si l’écoute et l’empathie sont en effet deux principes importants dans les relations humaines, lorsque l’équilibre n’est pas respecté, on tombe dans le success bombing… ou dans le trauma dumping, qui consiste, à contrario, à déballer ses problèmes. « On a tous dans notre vie quelqu’un qui nous téléphone pour nous raconter ses malheurs ou ses réussites, mais qui ne nous écoute pas du tout, ou pas beaucoup », confirme France Brécard, psychopraticienne et autrice de Se libérer des relations toxiques aux éditions Eyrolles.
Pourquoi certaines personnes ne parlent que de leurs réussites ?
Les exemples les plus évidents se produisent lorsqu’on partage une bonne nouvelle et que l’autre s’empresse de surenchérir avec l’une de ses réussites, afin de sortir vainqueur de n’importe quelle conversation. Bien que cela puisse être fait de manière inconsciente, ce comportement engendre un état d’esprit assez malsain. « Cela interroge aussi notre estime de nous-même. Dans ces amitiés, il y a parfois l’une des personnes qui semble avoir une forte d’estime d’elle-même et l’autre pas assez. On peut se sentir écrasé·e par quelqu’un qui montre une forte estime de soi », observe France Brécard.
Si la première des analyses est de crier à l’égocentrisme, ces individus qui parlent sans cesse d’eux-mêmes ne le sont pas forcément. « Ces gens qui en disent beaucoup ne sont pas forcément si sûrs d’eux-mêmes. Ça peut cacher une insécurité », tempère la psychopraticienne.
Le success bombing peut venir d’une peur de l’échec ou d’un sentiment d’illégitimité s’ils ne sont pas les meilleurs. Cela découle d’un besoin de s’intégrer et d’être aimé·e et accepté·e par tous ceux qui les entourent. Les réseaux sociaux peuvent aussi accentuer ce besoin de validation sociale.
Que faire en cas de success bombing ?
Que faire si cela nous atteint ? Car il est rare, disons-le, que la personne prenne d’elle-même conscience du problème. Selon France Brécard, le plus simple reste de trouver le courage et l’aisance d’alerter en douceur. Pas facile. « Souvent on n’ose pas le dire, car on a peur d’être rejeté·e, exclu·e, que l’amitié en prenne un coup », concède la spécialiste.
On peut essayer également de changer de sujet et de ne pas laisser cet·te ami·e s’accaparer les projecteurs. « Si la personne ne change pas, on peut se demander pourquoi on est ami·e avec une personne qui ne nous laisse pas de place. Est-ce qu’elle me donne quelque chose en retour ? Une amitié c’est un échange », insiste France Brécard.
Si cette personne ne prend jamais de nos nouvelles et ne pose aucune question à notre sujet, il peut être bon de s’interroger sur la nature de notre amitié. Une relation d’amitié doit être équilibrée, basée sur la réciprocité et permettre à chacun·e de s’épanouir.