Comme annoncé depuis cette fin de semaine, le président Donald Trump a désigné ce soir la juge conservatrice Amy Coney Barrett à la Cour suprême des Etats-Unis.
La magistrate de 48 ans, mère de 7 enfants, connue pour ses convictions religieuses traditionalistes remplace ainsi Ruth Bader Ginsburg décédée la semaine dernière des suites d’un cancer. Cette désignation qui va être entérinée par le Sénat, en majorité républicain, va renforcer la majorité conservatrice au sein du temple du Droit américain. Ce sera le 3e des 9 membres de la Cour Suprême des Etats-Unis que désigne Trump au cours de son mandat
Qui est Amy Coney Barrett
Le choix d’Amy Coney Barrett, catholique pratiquante de 48 ans, mère de sept enfants dont deux adoptés originaires d’Haïti et un petit dernier atteint d’une trisomie, opposée par conviction personnelle à l’avortement, pourrait galvaniser l’électorat religieux conservateur sur lequel Donald Trump s’est largement appuyé pour se faire élire il y a quatre ans.
Louée pour ses argumentaires ciselés, elle n’a qu’une expérience limitée des tribunaux : elle ne siège comme juge fédérale que depuis 2017, après avoir été précisément nommée par le président américain.
Après une enfance à la Nouvelle-Orléans, dans le sud conservateur des Etats-Unis, elle a suivi des études brillantes à la faculté de droit Notre-Dame, une institution confessionnelle réputée de l’Indiana, où elle a ensuite été professeure pendant quinze ans. En début de carrière, Amy Coney Barrett a travaillé pour le juge conservateur de la Cour suprême Antonin Scalia, dont elle a épousé une vision “originaliste” du droit, qui impose de lire la Constitution comme elle a été pensée lors de son écriture.
Le dogme religieux vit bruyamment en vous
Son processus de confirmation au Sénat, obligatoire en vertu de la Constitution américaine, avait déjà été houleux. “Le dogme religieux vit bruyamment en vous”, lui avait reproché la sénatrice démocrate Dianne Feinstein. La formule s’était retournée contre son auteure, taxée d’intolérance, et avait paradoxalement augmenté l’aura de la juge dans les milieux religieux. Le groupe ultra conservateur Judicial Crisis Network avait même fait produire des tasses à l’effigie de la magistrate surplombée de cette citation.
Sans se départir de son calme, Amy Coney Barrett avait assuré faire la distinction entre sa foi et “ses responsabilités de juge”. Mais ses détracteurs n’en sont pas convaincus et citent ses nombreux articles de doctrine juridique écrits depuis Notre Dame, et ses décisions plus récentes en tant que juge qui, selon eux, témoignent de son orientation idéologique.
A la cour d’appel fédérale de Chicago, elle a notamment pris des décisions favorables aux armes à feu et défavorables aux migrants, aux femmes désirant avorter et à la loi sur l’assurance santé Obamacare, que les républicains veulent démanteler.
Royaume de Dieu
Un de ses discours, prononcé devant des étudiants de Notre-Dame, lui est fréquemment reproché : se présentant comme une “juriste d’un style différent”, elle avait estimé qu’une “carrière légale” était “un moyen au service d’une cause” et que cette dernière était “de construire le royaume de Dieu”.
Si elle entrait à la Cour suprême, “la juge Barrett, qui s’est même opposée à l’accès à la contraception, serait un fléau pour les droits des femmes à la santé reproductive”, estime Daniel Goldberg, le directeur de l’Alliance for Justice, un lobby légal progressiste.
“Elle rejoindrait les autres juges nommés par Trump pour faire du mal à notre pays pour des décennies, bien après son départ de la Maison Blanche”, prédit-il. A l’inverse, les milieux conservateurs louent une femme “brillante”, “impressionnante”. Preuve de sa popularité, sur Internet, ses fans l’ont même représentée en tenue de Superman.