En 1965, Teté-Michel Kpomassie a quitté sa terre natale africaine pour une nouvelle vie au Groenland, troquant les plages ensoleillées pour les fjords glacés et la nourriture épicée pour le phoque bouilli. Aujourd’hui, à 80 ans, il envisage de se retirer dans sa “maison spirituelle”.
Des décennies ont peut-être passé depuis le jour où Kpomassie, adolescent, a posé ses yeux sur cette image dans son Togo natal, mais cet homme de 80 ans se souvient de ce moment précis comme s’il s’était produit quelques minutes auparavant.
Comment pourrait-il en être autrement ? Ce qu’il a trouvé à l’intérieur l’a, depuis ce jour, entièrement consumé, façonnant chaque chapitre de sa propre histoire.
À 16 ans, il s’est enfui de chez lui pour se lancer dans une épopée transcontinentale qui l’a mené au Groenland, le pays le plus septentrional du monde.
Il a été le premier Africain à y poser le pied. Cette aventure a donné lieu à un carnet de voyage, à des visites de retour, à d’innombrables invitations à des conférences et, plus récemment, à un divorce plutôt acrimonieux.
Aujourd’hui, sa propre veste en peau de phoque occupe une place de choix sur la porte de sa maison.
Un aimant m’attirait, j’ai fait mes valises et je suis parti en secret.
Ce qu’une étude universitaire sur les Inuits faisait sur les étagères d’une petite librairie chrétienne missionnaire dans le Lomé des années 1950 reste un mystère.
Kpomassie est tombé dessus par hasard alors qu’il se remettait d’une altercation avec un serpent au sommet d’un arbre.
La seule explication à laquelle il peut penser, après des années de réflexion, est que cette découverte était son destin – une conséquence indéniable d’un sort prédéterminé.
“J’ai pris le livre, sans comprendre les mots qui se trouvaient devant moi”, dit Kpomassie, les yeux brillants lorsqu’il raconte ce matin-là. “Mais l’homme sur la couverture me souriait droit dans les yeux. Nous avons eu une connexion, un échange.” Intrigué, Kpomassie a acheté le livre, s’est assis sur la plage et l’a dévoré de bout en bout. Une fois terminé, il l’a lu et relu.
“Dès que je l’ai terminé, dit-il, je n’ai cessé de penser au Groenland, mon pays. Cela résonnait en moi. Je ne le comprends pas. Mais un aimant me tirait, alors j’ai fait mes valises et je suis parti, en secret.”