Le jeune Slovène, de l’équipe UAE Emirates, Tadej Pocagar, 21 ans, s’est assuré la victoire finale du Tour de France lors du contre-la-montre décisif de la Planche-des-Belles-Filles ce samedi. Il a par la même occasion détricoté son compatriote Primoz Roglic en passant devant celui-ci avec 1 min 53 secondes.
Même si cette année est sa 2e saison en professionnel, le Slovène a un palmarès déjà conséquent. Sur son tableau de chasse figurent plusieurs titres. Le dimanche 20 septembre, lors de la 21e et dernière étape, il est presque certain d’allonger ce palmarès en devenant le plus jeune gagnant du Tour de France après la 2e Guerre mondiale.
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Qui est le phénomène Tadej Pocagar ?
Né le 21 septembre 1998 dans la petite ville du nord-ouest de la Slovénie, Komenda, Tadej Pogacar est un coureur cycliste slovène membre de la team UAE Emirates. Très tôt dès 2016, il se fait remarquer en montrant les premières étendues de son talent. Il remporte le championnat de Slovénie du contre-la-montre junior, est médaillé de bronze du championnat d’Europe sur route junior, puis remporte surtout le Giro della Lunigiana à l’aube de ses 19 bougies.
Cette course par étapes de 4 jours voit certains des meilleurs grimpeurs de la catégorie junior s’affronter. Elle a notamment vu gagner des grands champions comme Gilberto Simoni en 1989 ou encore Vincenzo Nibali en 2002.
Dès 2017 et pendant 2 ans, Tadej Pogacar court pour deux équipes continentales slovènes, Rog-Ljubljana et Ljubljana Gusto Xaurum. Mais c’est avec cette dernière lors de la saison 2018 que le prodige va attirer le feu des projecteurs.
Il remporte le Tour de l’Avenir 2018 (considéré comme le Tour de France des juniors) pour sept petites secondes. Cette course confirme le fait qu’il puisse être un futur cador du peloton. Quintana, Lopez, Bernal, beaucoup de poids lourd du peloton World Tour ont remporté cette épreuve junior et par la suite prouvé leur grand talent chez les pros.
En 2019, alors âgé de 20 ans, Pogacar signe l’équipe World Tour UAE Emirates. Constituée de très bons sprinters comme Fernando Gaviria ou le norvégien Alexander Kristoff, l’équipe du Moyen-Orient ne semble pas avoir de grands leaders capables de lutter pour un podium de grand tour (Fabio Aru et Dan Martin étant moins performant que par le passé). Cela offre une carte à jouer au jeune Pogacar qui ne sera pas cantonné à jouer les équipiers de luxe.
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Dès le mois de février, il remporte une étape et le classement général du Tour de l’Algarve (course de l’UCI Europe Tour 2019) devançant pour 31 secondes le récent deuxième de la dernière Vuelta, l’espagnol Enric Mas. Rien que ça. Mais c’est en mai que Pogacar prend une autre dimension, non pas au Giro, mais au Tour de Californie, une autre course World Tour. Il remporte cette course devant Sergio Higuita et Kasper Asgreen et devient le plus jeune coureur à remporter une course par étapes World Tour.
Passage dans une autre dimension
En août, Pogacar s’aligne sur sa première course de 3 semaines, la Vuelta. Il débarque sur les routes espagnoles sans trop de pression en étant aligné dans une équipe jouant la carte des (quelques) sprints avec le colombien Gaviria et une place convenable au niveau du général avec le sarde Fabio Aru, qui 4 ans après son succès sur le Vuelta 2015, espère retrouver ses jambes d’antan après sa 14e place au Tour de France.
Dès la première étape de montagne, il finit septième à 51 secondes (avec son coéquipier Fabio Aru) du vainqueur du jour Alejandro Valverde dans une arrivée très difficile avec 4km à 12%. Deux jours plus tard lors de la 9e étape de cette Vuelta, Pogacar montre déjà sa classe en l’emportant en solitaire devant Quintana (23’’) et Primoz Roglic (48’’) dans une arrivée à plus de 2000 mètres d’altitudes et un enchaînement de 5 cols. Alors à (seulement) 1 minute et 42 secondes du nouveau maillot rouge Nairo Quintana, le jeune slovène se met à rêver d’un podium à Madrid, d’autant que l’un des favoris de cette édition, Miguel Angel Lopez, a montré quelques signes de faiblesse en terminant à plus d’une minute.
Le contre-la-montre de la 10e étape 100% française entre Jurançon et Pau le rapproche un peu plus de cet objectif qui parait de moins en moins utopique. Après cette étape qui a vu Quintana dire adieu à son rêve de Vuelta (on le sait, le chrono n’est pas vraiment la spécialité du colombien) et Roglic reprendre son trône, Pogacar ne pointe plus qu’à 54 secondes du 3e Lopez. Trois jours plus tard, il remporte la 13e étape (encore sur une arrivée extrêmement difficile dans un col hors catégorie) et fait coup double en piquant la tunique du meilleur jeune à Lopez ainsi que sa troisième place sur le podium. Ce deuxième succès est celui de la confirmation pour Tadej et le place comme attraction de cette fin de grand tour, dans une Vuelta 2019 où Primoz Roglic fut assez largement au-dessus du lot. Il finira sa Vuelta par une autre victoire lors de la dernière étape de montagne (sa troisième sur ce tour) et montera sur la troisième marche du podium d’un grand tour surdominé par son compatriote Roglic. Il continue de battre des records de précocités en devenant le plus jeune à terminer sur le podium d’un grand tour depuis l’italien Gianbattista Baronchelli lors du Giro 1974.
Déjà grimpeur hors norme, le natif de Komenda possède une marge de progression énorme et est déjà en train de vouloir s’améliorer en contre-la-montre, qualité nécessaire pour avoir un avantage concurrentiel sur ses adversaires. Cette saison l’encre définitivement dans une génération de virtuose de la pédale emmenée aussi par Egan Bernal (vainqueur du Tour de France à 22 ans) et Remco Evenepoel (vainqueur de la Clasica San Sebastian à 19 ans).
2020, l’année de la confirmation
Pogacar commence alors la saison 2020 avec un tout autre statut, passant de rookie à très grand espoir. A 21 ans, le slovène a choisi de s’aligner sur la Grande Boucle. Et il vient de montrer qu’on peut compter sur lui avec cette nouvelle victoire qui lui tend les bras.