La République démocratique du Congo a à la tête de son parlement une femme. Une première dans l’histoire de ce pays sous Félix Tshisekedi, actuel président qui fait ce samedi 4 mai 2019, ses 100 jours au pouvoir.
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Le journal Jeune Afrique dans sa parution de la semaine a posé ses projecteurs sur Jeanine Mabunda Mudiavi Lioko, l’une des personnalités les plus influentes du pays par rapport à son poste.
Femme d’affaires et députée proche de Joseph Kabila, Jeanine Mabunda Mudiayi Lioko, 55 ans, a été élue présidente de l’Assemblée nationale congolaise. Mentors, conflit avec Fidèle Babala, actionnaire de Barrick… dix choses à savoir sur celle qui dirige désormais l’Assemblée.
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- Un seul « n »
Née à Kinshasa le 10 avril 1964, elle n’a pas été baptisée Jeannine, selon l’orthographe la plus courante, mais bien Jeanine, avec un seul « n ».
- Grandes écoles
Elle s’est formée en Belgique, à l’Université catholique de Louvain d’abord, où elle obtient une licence en droit en 1987, puis à l’Institut catholique des hautes études commerciales (Ichec). Elle y croise les opposants Jean-Pierre Bemba et Olivier Kamitatu, ou encore le financier Michel Losembe.
- Mentors
Cadre de la Citibank Zaïre, elle rencontre le directeur général Jean-Claude Masangu. Devenu gouverneur de la Banque centrale du Congo, il la fait venir dans son cabinet en 1997. Elle y est chargée des relations avec la Banque mondiale et le FMI, et se rapproche de feu Augustin Katumba Mwanke, bras droit de Joseph Kabila. C’est à lui qu’elle doit sa nomination à la tête du Fonds pour la promotion de l’industrie en 2002.
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- Serialprivatiseuse
Nommée ministre du Portefeuille, en 2007, elle met en œuvre le « désengagement » de l’état du secteur public : cession d’actifs publics, privatisations ou encore mises en concessions.
- Le conflit avec Babala
Elle est originaire de l’ex-province de l’Équateur. Dans ce fief de Bemba, où elle a été élue députée, elle est l’un des rares ancrages de Joseph Kabila. En 2010, Fidèle Babala, bras droit de Bemba, la malmène à l’Assemblée nationale en l’accusant d’avoir cédé des actifs de l’État dans des circonstances douteuses.
- Actionnaire de Barrick
Ministre, elle a supervisé la vente à Randgold de titres miniers détenus par l’État. Quelques années plus tard, en 2013, elle entre au conseil d’administration de la société. En septembre 2018, elle détenait encore 8 635 actions de Barrick Gold (qui a absorbé Randgold), pour une valeur d’environ 100 000 euros. Barrick fait partie des sociétés hostiles au nouveau code minier congolais.
- Anti-Mukwege
En 2014, alors que la notoriété de Denis Mukwege va croissant (cette année-là, « l’homme qui répare les femmes » reçoit le prix Sakharov), Kabila la nomme conseillère spéciale en matière de lutte contre les violences sexuelles. Interrogée par Jeune Afrique en 2015, cette femme hostile à « l’ONGisation » du sujet tient à rappeler « qu’il y a plusieurs acteurs […] contre les violences sexuelles » en RD Congo.
- Perchoir
L’ancien président congolais l’a lui-même désignée, au sein du Front commun pour le Congo (FCC), pour occuper le perchoir. Il peut se le permettre : sa coalition est ultramajoritaire au Parlement issu des élections du 30 décembre 2018.
- Un mari proche de « Fatshi»
Son époux, Odon Mudiayi, a travaillé au ministère de la Défense avant de devenir président du conseil d’administration de la Société congolaise de pêche (Socopec). À une époque, il a beaucoup côtoyé à Bruxelles Félix Tshisekedi, devenu depuis président. Leurs deux familles sont lubas du Kasaï. Quant au père d’Odon Mudiayi, il a fait partie des officiers arrêtés en 1975 par Mobutu pour un prétendu complot.
- Pas la première
Avant Jeanine Mabunda, l’Assemblée nationale congolaise a déjà été brièvement présidée par une femme : en 2003, Philomène Omatuku avait dirigé par intérim l’Assemblée nationale constituante et législative.