Les femmes croient trouver le bonheur en se joignant aux expatriés jusqu’à ce qu’elles se retrouvent seules, abandonnées et contraintes à subvenir aux besoins de leurs enfants métis dont les géniteurs (expatrié) sont introuvables.
C’est un phénomène ancien qui perdure encore en 2019. Les expatriés font des enfants avec des Congolaises, puis quittent la RDC sans les reconnaître ni même subvenir à leurs besoins. Ces expatriés sont souvent des ressortissants de plusieurs pays, notamment européens.
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Jeanne Bilomba est concernée par la situation. Membre de l’association des métis du Congo (Asmeco), elle n’a pas encore 30 ans lorsqu’elle rencontre le père de son fils, un employé d’une société minière qui vivait entre la Belgique et la RDC. Aujourd’hui, elle nourrit des regrets : « Il n’en voulait pas. Il me disait “ou je te quitte ou on reste ensemble, mais on ne parle pas d’enfant” ».
Leur aventure amoureuse a duré plusieurs années jusqu’à ce que Jeanne tombe enceinte. Mais le père de son fils ne reconnaît pas l’enfant. « Je n’ai aucun papier. Il me disait qu’il ne viendrait plus au Congo », poursuit la jeune femme. Plus tard, elle découvre que celui qu’elle considère comme son mari a une femme en Belgique. Ses séjours en RDC deviennent plus rares, tout comme son soutien financer jusqu’à ce qu’il ne décède en Belgique, en 2016.
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« Je ne sais pas quoi faire avec cet enfant, je n’ai pas d’argent. J’ai eu un accident, je ne sais plus marcher, je ne sais plus me débrouiller, je n’ai même pas les moyens d’acheter du lait. Et j’ai toujours l’estomac qui me fait mal ! », déplore Jeanne Bilomba. Difficile pour elle d’engager un combat administratif et judiciaire pour établir la paternité de son fils, Julien, âgé de 12 ans. Il ne lui reste qu’une photo imprimée du Blanc et la photocopie d’un passeport.
Julien souhaite devenir un pilote d’avion, mais il est difficile pour lui de s’en sortir, car sa mère craint de ne plus pouvoir payer ses études l’an prochain. Il raconte d’un visage triste les préjudices qu’il subi parmi ses paires : « Je me sens un peu bizarre, ce n’est pas tout à fait normal. Les autres à l’école me disent que ce n’est pas des gens comme nous, ça me fait des soucis », raconte le jeune garçon qui semble porter le poids du traumatisme de cet abandon.
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La Belgique n’est pas la seule concernée, mais l’association Asmeco concentre ses efforts sur l’ancienne puissance coloniale. Elle a déposé un mémo début juillet à l’ambassade belge à Kinshasa. Pour l’association, « l’injustice » que subissent les métis abandonnés de la RDC a assez duré.
Le mémo déposé à l’ambassade belge en juillet a été transmis pour examen à Bruxelles, où les autorités assurent que ce sujet « sensible » est pris au sérieux. Les autorités congolaises, elles, rappellent que la loi en RDC punit l’abandon d’enfant, considéré comme un « délit », à condition que le lien de parenté soit établi.
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Jusqu’ici, nul ne sait avec certitude, le nombre des enfants métis abandonnés par faute de recensement. Toutefois, l’Asmeco, qui compte 300 membres, reconnaît que le phénomène devient monnaie courante. L’association alerte régulièrement les autorités compétentes sur le drame que vivent ces mères et ces enfants afin qu’elles leur viennent en aide.