Carlos Ghosn, l’ex-PDG de Renault et Nissan qui a été arrêté pour malversations financières n’est plus à la tête de la grosse structure. Depuis son départ, Renault-Nissan a du mal à sortir la tête de l’eau.
En effet, Nissan refuse catégoriquement le nouvel accord présenté par Renault qui donnerait pourtant plus de pouvoir au Japon.
Avec Renault-Nissan, on est loin du véhicule autonome mais il y a de l’électricité dans l’air. En effet, Carlos Ghosn évincé, les sujets qui fâchent restent les mêmes. La question est toujours de savoir qui commande qui. Depuis quelques semaines, Renault a mandaté de son côté la banque d’affaires SMBC Nikko pour réfléchir à créer une société holding qui chapeauterait Renault et Nissan. Elle serait contrôlée à égalité entre les deux sociétés.
Ainsi, on sortirait de l’alliance qui existe actuellement et qui a un défaut, celui de donner beaucoup de pouvoir capitalistique aux Français alors que Nissan vend, aujourd’hui, deux fois plus de véhicules dans le monde que sa cousine.
La nouvelle entité serait cotée à Paris et à Tokyo. L’État français n’aurait plus que 7,5 % du capital contre le double actuellement à peu près. Les fameux votes doubles de l’État, qu’Emmanuel Macron avait obtenus à Bercy à l’issue d’un bras de fer avec Carlos Ghosn et qui donnent un poids considérable à la France, disparaîtraient.
Un accord assez équilibré que les Japonais refusent
Pourtant, les dirigeants japonais ne veulent même pas en parler. D’après le journal Les Échos, ils ont annulé toutes les réunions avec les responsables de Renaultet leurs banquiers pour parler de ce projet. Ce qui signifie que les plaies sont toujours à vif, que la confiance entre les partenaires de l’alliance n’est toujours pas revenue, malgré la chute de Carlos Ghosn et malgré les talents de diplomate de Jean-Dominique Senard, le nouveau président.
Il y a sans doute eu une petite maladresse très française, en travaillant sur l’avenir du groupe Renault-Nissan sans y associer vraiment les Japonais. Ce holding oublierait l’autre Japonais de l’histoire, Mitsubishi, ce qui est là aussi assez maladroit.
D’une façon générale, les Japonais refusent de rester sous l’autorité des Français et veulent rééquilibrer les forces. Ils restent opposés aussi à une idée de fusion, qui est contraire à la vision du business dans ce pays qui est fier de son industrie et de ses grands conglomérats.
Tout va se jouer sur le plan économique
Mais tout va se jouer sur le plan économique car à la mi-décembre 2018, le constructeur japonais avait dû rappeler 150.000 véhicules. En 2017, c’était plus d’un million de voitures qui étaient retournées au garage. Il y a quelques semaines, Nissan a aussi annoncé une réduction de ses prévisions de résultat de 22 % sur l’exercice en cours. En clair, Nissan reste fragile sans Renault.